Interlude

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Je vous présente mon doppeldänger, mon sosie, mon double, ma jumelle, ma chevelure brune, ma chevelure naturellement noir corbeau.

Laissez-vous le temps de respirer longtemps, longtemps, l’odeur de ses cheveux.

* Y plonger tout votre visage, comme un homme altéré dans l’eau de source, et les agiter avec votre main comme un mouchoir odorant pour les secou … Oui bon, j’ai compris. Tout cela pour dire qu’elle a des cheveux shampouinés qui sentent très bon.

J’ai entendu votre soupir donc pour la peine, veuillez tirez une révérence pour celle que vous voyez apparaître dans tous mes récits.

( Tout le monde tire une révérence. Oui, vous avez bien lu)

Faisant office de narrateur, je vais tenter tout de même de porter un œil critique sur ce personnage si énigmatique. Je précise que je risque de disparaître en tant que narrateur au cours du récit parce que l’autre débile a toujours eu du mal à parler d’elle à la troisième personne.

Plus grossièrement, si vous ne l’aviez pas encore compris, on va s’amuser (je vais m’amuser) en tant qu’écrivaine à faire de l’autocritique.

Pour commencer, cette jeune femme que vous imaginez derrière son ordinateur en train de tapoter sur le telephone avec ses amis n’est ni trop grande ni trop petite. Cent soixante et un centimètres exactement, et elle y tient à ce petit centimètre. .

« Ah vous faites un mètre soixante, dit le médecin.

— Non, monsieur. Je fais un mètre soixante et UN. »

Précisons que quand elle marche vers son avenir elle agit comme si elle faisait cinq mètres de haut. Elle enjambe les difficultés comme un géant et esquive les problèmes relationnels avec les bottes de sept lieux volés au chat botté pendant qu’il buvait son bol de lait.

C’est un petit bout de femme quand il s’agit des études. On dit d’elle que c’est une encyclopédie sans être une montgolfière, car elle n’aime jamais brasser de l’air. On dit aussi que c’est un caméléon, du coup, on l’identifie à chaque caméléon brodé sur une chemise, un jean et autres pacotilles sur Instagram. Ne vous en faites pas, je vous entends derrière votre écran interrogeant :

« Pourquoi ce surnom ? »

Ce surnom provient du fait que les gens ont toujours eu un mal fou à la mettre dans une case.

Dès qu’ils essaient de la mettre dans une équipe, hop, elle rejoint l’autre équipe. Hop là, tu penses qu'elle est extravertie ? Attends de connaître ses moments d’isolements sociaux. Halte-là, toi et ta hallebarde qui prône qu'elle est une introvertie ? Hop comme par magie, elle te dégaine la carte soirée déjantée et tu ne la vois plus pendant des jours entiers.

Cette fille a aussi grandi en banlieue parisienne d’où le surnom affectueux de caméléon. En effet, qui penserait qu’une fille qui parle vulgairement en entrant dans la voiture de ses amis par la fenêtre...

(pousse-toi de là le narrateur. )

Oui, j’escalade la voiture par la fenêtre. Il y a un problème ?

Non la portière, c’est trop facile.

Oui mais non. Oui, ce n’est pas classe peut-être, mais laisse-moi vivre ma vie d’héroïne.

Sinon je suis une étudiante modèle et qui plus est en double licence.

Je vous entends dire :

« En double licence ? Quel courage, bravo ! Avec les transports pour arriver en plein Paris ? Ah bon, elle n’a pas le permis ? ! Quelle bravoure elle a cette fille, quand même ! Oh dis donc, dis donc ! »

Saperlipopette, comme disait mon grand-père, je m’auto-complimente et me donne automatiquement la gerbe.

Passons.

Son don à elle c’est qu’elle s’adapte à toutes les situations, sans jamais flancher. Tantôt elle vous explique un article du code pénal et de l’histoire de l’art tantôt vous la verrez danser sur du Wejdene et du Aya Nakamura.

Généralement, vous ne comprenez pas et c’est normal. Elle est comme cela. Elle aime danser, seule ou accompagnée. Quand je dis seule, c’est seule. Elle danse dans la rue, tard le soir, elle a déjà fait de la danse donc elle s’amuse à reproduire des pas bourrés (oui, oui, c’est bel et bien des pas de danse et non pas une personne sous substance. )

Pas du tout dépendante aux autres, mais tout de même grandement trahie par les hommes. Elle est cette femme entière dans des relations qui s’avèrent purement charnelles.

Généralement, elle n’est pas au courant de la tournure que cela va prendre.

Elle se dit :

« Oh ! Tiens une relation amoureuse ! »

Eh non, malheureuse, il s’avère que ce n’est qu’une relation qui ne durera que l’espace d’une nuit.

« Oh, mais quel ignoble féministe ! »

Puis-je vous rassurer à ce sujet en vous narrant le début de l’intrigue ?

Lever de rideau.

Une salle immense apparaît sous les yeux des spectateurs.

Tous regardent la scène avec attention.

Cette salle est vieille comme le monde et depuis sa création, les joueuses de tous les pays se bousculent pour y accéder.

À vrai dire, on rêve toutes d'y participer.

« Eh, ça te dirait qu’on aille boire un verre un de ces quatre, toi et moi ? »

— Oui, cilstuveux. »

« C’est ce que tu allais répondre mécaniquement, pas vrai Céline ? » Interroge son double.

De toute façon, ce sera toujours du pareil au même, la même rengaine, le même échec. »

Un verre de jus d’orange porté à ses lèvres, elle se lance dans un monologue.

Un monologue sans queue ni tête. Ou alors il est parfaitement limpide et elle vous bluffe.

« Celui qui n’est ni trop gentil, ni trop méchant.

Celui qui envoie des messages d’attirance le premier jour dont elle se méfie puis qui s’éloigne et qui aime d’autres filles. (Elle se met à imiter Céline) oh, mais en fait il me plaît lui !

(reprend sa voix norm.. Enfin vous avez compris, je comble mes didascalies.) Du coup elle lui envoie un message, il répond brièvement. Alors elle vomit sa fierté et relance.

Dans sa tête, quand elle n’a pas de réponse, cela résonne comme un (voix très niaiseuse et insupportable ) C’est pas grave, il faut toujours être gentille et bienveillante ! Et dans ces gestes, cela devient…

( reprends sa voix normale ), Mais quel connard sérieusement ! J’aurais pu ne pas lui envoyer de messages, tu le sais, ça ? HEIN ?! »

Fin de la représentation théâtrale.

Les rideaux se ferment.

Un silence pesant dans la salle puis des applaudissements.

Les figurants font une ronde, s’inclinent pour remercier les spectateurs.

Tout le monde est de bonne humeur.

« Ohalala mais quelle spectacle et gratuitement en plus ! »

Les lumières sont encore allumées et pendant que les spectateurs se lèvent de leur strapontins en se massant les fesses, le présentateur prend la parole.

« Tout d’abord, je souhaiterai remercier Céline car c’est le genre de fille qu’on ne rencontre qu’une fois. Elle donne de super conseils amoureux, elle a sans doute géré votre copine hystérique pour ne pas qu’elle vous casse trop souvent la gueule, elle est cette femme qui n’applique jamais ses propres conseils. Elle connaît sa valeur pourtant, elle s’aime.

Elle s’aime énormément. Non pas de narcissisme, car jamais elle ne dira qu’elle est parfaite, mais elle aime sa propre compagnie. Elle aime ses pensées qui l’envahissent qu’elles soient néfastes ou bienveillantes et par ailleurs, elle les transpose souvent à l’écrit.

Au niveau de l’écrit, ce qu’elle raconte n’est ni trop réel ni trop imaginaire.

Elle a connu divers traumatismes et elle a aidé énormément de personnes à surmonter les leurs ce qui explique que parfois ses écrits sont un mélange d’une tristesse absolue et d’un humour qui vous frappe en plein dans les dents. BLAM ! Tu le sens le cynisme, le sarcasme et la mélancolie ?

(les spectateurs rigolent dans la salle.)

Sincèrement, c’est une chouette fille de vingt-cinq ans. On lui a trop souvent dit qu’elle était belle et intelligente au point que cela l’écoeure comme une tarte au citron alors qu’elle aurait préféré que l’on mange ses textes avec ardeur comme l’on croque dans un fondant au chocolat. »

Au loin, on entend des talons claqués sur le sol. Des claquements qui résonnent comme un bruit de tambour. Un tambour qui se rapproche de plus en plus rapidement vers la scène et dévalant les escaliers, une chevelure brune passe en un éclair, arrachant le micro de la main du présentateur.

Essoufflée, elle dit :

« Cilstuveux, oui, on pourrait papoter. Pas trop tard quand même, car je dois encore rendre hommage à ma tendre aimée au détour d’une ruelle et le matin je prends un bain. L’après-midi, cela risque d’être compliqué parce que je suis encore en train de chercher un dessert remplaçant ma tarte au citron.

Peut-être aussi que je te dirais non, si j’estime avoir trop fait la princesse chevaleresque auprès du Beau au bois dormant. Peut-être qu’on sera assis toi et moi, à une table de monopoly et que je serais l’indécise. Ou peut-être encore que je t’aiderais à surmonter cette impression nauséabonde qu’il s’agit de la dernière page de ton existence. Pour l'avenir, je ne sais pas encore ce que je vais écrire.

Dans tous les cas…

Je te montrerais qu’il y a d’autres pages blanches,

Je te montrerais tout l’espoir présent en moi,

Il sera déguisé en mélancolie et en cynisme,

Car dans ma petite tête, c’est tous les jours Halloween. »

* Mes excuses sincères à Baudelaire et son poème intitulé l'Hémisphère dans une chevelure, Je manquais d'inspiration pour l'introduction.

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