(Arrivée de Pierre et Christine, s'installant dans le salon.)

PIERRE : OK, tu peux répéter ce qu’il a dit, s’il te plaît ?

CHRISTINE : De commencer à se servir et de l’attendre.

PIERRE, s'exécutant aussitôt : Oooh, mais ça, c’est pas un problème…

CHRISTINE : Sinon tu ne trouves pas que Ben est devenu un peu bizarre ?

PIERRE : Et comment; il ne répond presque plus à mes appels, on se voit à peine et quand on arrive à se parler, c’est quasiment pour me raconter des salades… (Christine étouffe un rire.) Quoi ?

CHRISTINE : Parce que c’est maintenant que tu t'en rends compte ?

PIERRE : Oui, et tu sais, c'est quoi le pire ?

CHRISTINE : Quoi ?

PIERRE : D'être obligé de les manger…

CHRISTINE, consternée : Et c'est censé être drôle ?

PIERRE : Heu, oui.

CHRISTINE, sarcastique : Ha… ha… ha…

PIERRE : Oh, fous-moi la paix !

CHRISTINE : Oooh Pierre ! C’est comme si c'était pas la 1ère fois qu’il te raconte ce genre de bêtises...

PIERRE : Ah oui ? (Pensif.) Oh, purée ! Mais je me suis fait avoir sur toute la ligne alors..!

CHRISTINE : Et c'est seulement maintenant que tu vois ça ? Putain, je savais que t’es pas une flèche mais alors là, c’est, c’est affligeant… Eh, ne me regarde pas avec ton air de chien battu, je te dis la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

PIERRE : Enfin, passons… À part ça, tu n’as rien remarqué de bizarre sur lui ?

CHRISTINE : D’après ce que j’ai pu entendre, il est passé chez son médécin et puis c'est tout. Il ne s'est rien dit d'autre.

PIERRE : D'accord mais tu penses qu’il couve quelque chose de grave, du coup ?

CHRISTINE : Si c’était le cas, il nous l’aurait déjà dit, tu crois pas ?

PIERRE : C'est pas faux. J'avoue être un peu confus, là.

CHRISTINE : Tu n'est pas le seul, mon petit Pierre… Autrement, pourquoi il ferait cet apéro improvisé à ton avis ?

PIERRE : Pour annoncer la nouvelle, tu crois ?

CHRISTINE : Sans doute. Alors, pour le moment, essayons de nous détendre.

PIERRE : Ouais, y’a le feu nulle part... pour l'instant.

CHRISTINE : Et tu penses qu'il y aurait le feu ?

PIERRE, peu convaincu : Bof... on sera bientôt fixé, alors...

CHRISTINE : Mouais.

(Tous deux se taisent et attendent leur hôte.)