Chapitre 16 : Guérison par la musique

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Les jours qui suivirent le décès d'Hilda furent d'une douleur incommensurable pour Lynne. Chaque matin, quand elle ouvrait les yeux, la réalité de la perte de son amie lui semblait plus lourde que les draps de son lit, comme une enclume pesant sur sa poitrine. Le réveil sonnait, mais le sourire d'Hilda, qui illuminait autrefois chaque journée, restait hors de portée. Elle ressentait comme si une partie d'elle-même avait été arrachée, laissant un vide béant dans son cœur. Les nuits étaient les plus cruelles, lorsque l'absence d'Hilda était la plus douloureuse, et les souvenirs de leurs moments passés ensemble la hantaient. Le miroir reflétait le visage marqué par la tristesse de Lynne, les cernes sous ses yeux verts témoignant des nuits sans sommeil.

Elle passait des heures dans sa chambre, assise à côté de son piano à queue noir comme l'ébène. Les touches blanches semblaient éclatantes sous la lumière tamisée, une échappatoire dans l'univers sonore. La musique était devenue son refuge, un lieu où elle pouvait laisser libre cours à l'ouragan émotionnel qui tourbillonnait en elle. Chaque note qu'elle jouait devenait une larme versée, chaque accord une prière silencieuse pour qu'Hilda trouve la paix de l'autre côté. Les mélodies s'élevaient dans la pièce, douces et mélancoliques, comme si son piano était un confident qui comprenait le chagrin qui la submergeait. Les touches répondaient à sa touche experte, créant une symphonie de tristesse et d'espoir.

Sa musique était devenue sa meilleure amie, une confidente silencieuse qui la comprenait mieux que quiconque. Les chansons qu'elle composait étaient une catharsis, une manière de mettre des mots sur l'indescriptible douleur qui l'habitait. Les paroles coulaient de sa plume comme des émotions brutes, des confessions de son amour pour Hilda, de ses regrets et de ses espoirs brisés. Elle écrivait des strophes qui racontaient l'histoire de leur amitié, une histoire parsemée de moments de bonheur, d'harmonie et de complicité. Ces vers étaient le pont entre le monde des vivants et le souvenir d'Hilda.

Sa famille était présente à chaque étape de son processus de deuil. Gabriel, son père aimant, lui offrait une épaule solide sur laquelle pleurer, tout en la laissant exprimer sa douleur à sa manière. Il comprenait que la musique était le langage de son cœur brisé. Louis, son frère, partageait avec elle ses propres expériences de perte et de douleur, l'aidant à se sentir moins seule dans son chagrin. Lorelei, la sœur aînée, apportait des livres sur la psychologie du deuil, discutait des étapes du processus, et offrait des méthodes de gestion de la douleur basées sur des faits et des preuves. Chien, fidèle à son habitude, était toujours là pour offrir son affection inconditionnelle. Il se blottissait contre Lynne quand elle avait besoin de réconfort, ses yeux doux et son aboiement apaisant semblaient dire : "Je suis là, tout ira bien."

Un après-midi ensoleillé, alors que Lynne était assise sur le porche de sa maison, elle entendit des pas s'approcher. C'était Sasha, le grand frère d'Hilda, qui venait lui rendre visite. Ils s'étaient déjà croisés à l'hôpital, mais cette fois, ils avaient l'occasion de discuter en privé.

Sasha s'assit à côté de Lynne, son ombre s'étirant sur le bois chaud du porche. Il lui adressa un sourire doux, apaisant comme une brise légère. "Salut, Lynne. Comment vas-tu ?"

Lynne le regarda avec reconnaissance, ses yeux verts emplis de tristesse, semblables à deux océans agités. "Salut, Sasha. Je... je vais aussi bien que possible, compte tenu des circonstances."

Sasha hocha la tête, comprenant parfaitement. Il était vêtu d'une chemise en lin beige, le soleil faisait briller ses cheveux bruns. "Je comprends. Ces dernières semaines ont été difficiles pour nous tous. Hilda… Elle nous manque tellement."

Lynne acquiesça, une larme solitaire coulant sur sa joue, telle une perle cristalline dévalant une rose fanée. "Elle me manque plus que tout. Elle était ma meilleure amie, Sasha, et... je l'aimais."

Sasha posa une main réconfortante sur l'épaule de Lynne, sa paume chaude comme un rayon de soleil. "Je sais, Lynne. Je l'aimais aussi. Elle était ma petite sœur, et je donnerais n'importe quoi pour la ramener."

Ils partagèrent un moment de silence, se remémorant les souvenirs heureux qu'ils avaient partagés avec Hilda. Lynne sourit tristement. "Hilda était une personne incroyable, n'est-ce pas ? Elle était tellement talentueuse et pleine de vie."

Sasha acquiesça, un petit rire nostalgique lui échappant, un rire qui résonnait comme une mélodie lointaine. "Oui, elle était unique en son genre. Elle avait un don pour la musique, tout comme toi. Elle était ta plus grande fan, tu sais."

Lynne baissa la tête, touchée par ces paroles, comme si la main de Sasha lui avait caressé l'âme. "Elle me manque tellement. Je n'ai même pas eu la chance de lui dire à quel point je l'aimais."

Sasha lui serra doucement l'épaule, comme s'il lui offrait un morceau de son propre cœur pour apaiser le sien. "Lynne, je suis sûr qu'elle le savait. Hilda te connaissait mieux que quiconque, et elle savait à quel point tu comptais pour elle. Elle t'aimait aussi, d'une manière que seules les meilleures amies peuvent comprendre."

Les mots de Sasha apportèrent un certain réconfort à Lynne, comme si son cœur avait trouvé un abri sûr. Elle essuya ses larmes d'un geste rapide, une plume légère effleurant un parchemin délicat. "Merci, Sasha. C'est gentil à toi de dire ça."

Sasha lui offrit un sourire chaleureux, un sourire qui éclaira un instant la grisaille de la douleur. "Je serai toujours là pour toi, Lynne. Tout comme Hilda l'était. Si tu as besoin de parler, de jouer de la musique ou simplement de quelqu'un à qui te confier, je serai là."

Lynne le regarda avec gratitude, sentant qu'elle pouvait compter sur le soutien de Sasha, un soutien qui était comme un phare dans la nuit la plus sombre. "Merci, Sasha. Ça signifie beaucoup pour moi."

Ils continuèrent à discuter, partageant des souvenirs et des rires, trouvant un réconfort dans la présence l'un de l'autre. Alors que le soleil se couchait lentement à l'horizon, les rayons d'oranges et de roses se mélangeaient à la douleur de leur perte. Lynne ressentit un peu de paix dans son cœur meurtri, reconnaissante d'avoir quelqu'un comme Sasha à ses côtés dans cette période difficile.

Au fil du temps, Lynne découvrit que la musique avait le pouvoir de guérir. Elle s'installa dans sa chambre, devant son fidèle piano, prête à laisser sa douleur s'exprimer à travers la musique. Les rayons du soleil filtraient à travers les rideaux, créant une ambiance apaisante dans la pièce. Elle savait que c'était le moment idéal pour composer une chanson en hommage à Hilda.

Elle commença par appuyer doucement sur les touches de son piano, les touches marbrées de noir et de blanc semblant vibrer sous ses doigts délicats. La mélodie naissait lentement sous ses doigts, une mélodie douce comme une caresse de vent, mais mélancolique comme un coucher de soleil sur l'océan. Les accords étaient doux, comme une caresse apaisante, et mélancoliques, reflétant la tristesse qui pesait sur son cœur. Lynne ferma les yeux, se laissant emporter par la musique, comme si elle était en train de voguer sur une mer de notes.

Les paroles vinrent ensuite, coulant naturellement de sa plume, qui glissait sur le papier comme un pinceau sur une toile. L'encre noire dessinait les strophes de son amour pour Hilda, des strophes chargées d'émotion, comme des perles de rosée sur des pétales de rose. Elle se remémora tous les moments heureux qu'elle avait partagés avec Hilda, les rires, les chansons et les rêves qu'elles avaient construits ensemble. Les paroles exprimaient son amour pour son amie, la gratitude pour les souvenirs précieux qu'elles avaient créés. Chaque mot était un fragment de son cœur brisé, un fragment qui avait trouvé sa place dans cette symphonie de chagrin et de beauté.

Lynne chantait d'une voix douce et mélodieuse, chaque mot portant l'émotion de sa perte. Sa voix était douce comme un murmure du vent dans les arbres, mais puissante comme un torrent qui traverse une vallée. Les paroles étaient à la fois un adieu et une célébration de l'amitié qu'elles avaient partagée. La musique était un exutoire pour sa douleur, un moyen de transformer sa tristesse en quelque chose de beau.

La chanson était un hommage à Hilda, à sa vie et à l'amour qu'elles avaient partagé. Lynne sentit une légère brise entrer par la fenêtre ouverte, comme si Hilda était là, écoutant sa musique et souriant depuis l'au-delà, une brise parfumée des fleurs qu'Hilda aimait tant. Les dernières notes s'évanouirent dans l'air, laissant un silence empreint d'émotion.

Lorsque la chanson fut terminée, Lynne se sentit à la fois épuisée et apaisée, comme si elle avait parcouru un marathon émotionnel. Elle savait qu'elle continuerait à composer, à partager sa musique avec sa famille et à honorer la mémoire d'Hilda à travers chaque note qu'elle jouerait. La musique était devenue son moyen de guérir, de se souvenir et de célébrer la vie.

Peu à peu, Lynne trouva la force de continuer à avancer, comme une fleur qui trouve la lumière à travers les fentes d'un rocher. Elle comprit que l'amour qu'elle avait pour Hilda ne disparaîtrait jamais, mais qu'elle pouvait apprendre à vivre avec ce souvenir et à honorer la mémoire de son amie à travers sa musique. Elle savait que le chemin de la guérison serait long, mais elle était prête à le parcourir, portée par la musique qui avait le pouvoir de guider son cœur meurtri vers la lumière, comme un phare éclairant son chemin dans la nuit la plus sombre.

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