Chapitre 14 : La tristesse de Lynne

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Gabriel, un homme au physique imposant et à la détermination inébranlable, avait été autrefois un mercenaire intrépide. Sa carrure robuste cachait une âme profondément tendre, en particulier pour ses précieuses filles, Lynne et Lorelei. Depuis le tragique décès d'Hilda, il était devenu le pilier de la famille, offrant un soutien infaillible à ses enfants.

Les jours qui suivirent l'accident furent plongés dans une pénombre épaisse et chargée de tristesse. Gabriel et Lorelei étaient assis dans le salon, perdus dans leurs pensées. Les lueurs tamisées des bougies créaient une atmosphère solennelle, soulignant la gravité de leur deuil. Lorelei, la voix douce et fatiguée, finit par rompre le silence oppressant.

"Papa, je sais que ces derniers jours ont été difficiles pour nous tous, mais... je tiens à ce que tu saches que je vais bien. Enfin, autant que possible dans ces circonstances."

Gabriel tourna son regard bienveillant vers sa fille, ses yeux reflétant une profonde affection. "Je suis fier de toi, Lorelei. Tu es forte et résiliente, tout comme Hilda l'était. Elle serait heureuse de te voir continuer à te battre pour tes rêves, même dans cette épreuve."

Les larmes s'accumulaient dans les yeux de Lorelei, mais elle lutta pour les retenir. "C'est difficile, papa. Chaque fois que je suis dans le laboratoire, je me demande ce qu'Hilda aurait pensé de mes découvertes. Elle aurait été tellement fascinée… et fière. Mais maintenant... elle ne pourra plus jamais le savoir."

Gabriel posa doucement sa main sur l'épaule de Lorelei, son toucher réconfortant. "Hilda était une personne incroyable, Lorelei. Nous allons tous la regretter. Mais je sais qu'elle aurait voulu que tu continues à réaliser tes rêves et à explorer la science avec passion. C'est ainsi que tu lui rendras hommage."

Lorelei hocha lentement la tête, sentant un peu de réconfort dans les paroles de son père. "Merci, papa. Et que comptes-tu faire maintenant ? Pour Lynne, je veux dire. Elle… a vraiment du mal à accepter ce qui s'est passé."

Gabriel soupira, les lignes de souci creusant son visage. "Je m'inquiète beaucoup pour Lynne. Elle était très proche d'Hilda, peut-être plus qu'elle ne l'a jamais avoué. C'est un fardeau lourd à porter, de ne pas avoir eu l'occasion de dire au revoir à quelqu'un qu'on aime profondément. Je vais essayer de lui parler, d'être là pour elle, mais je crains que cela ne prenne du temps. Beaucoup de temps."

Lorelei acquiesça, comprenant les préoccupations de son père. "Nous devons tous être là pour elle, papa. Elle a besoin de savoir qu'elle n'est pas seule dans cette douleur."

Gabriel posa un regard fier et aimant sur sa fille. "Tu as raison, Lorelei. Nous sommes une famille, et nous traverserons cela ensemble. Merci d'être aussi forte et compatissante, ma chérie. Ta mère serait fière de toi."

Les deux se levèrent pour s'étreindre, trouvant du réconfort dans la présence l'un de l'autre. La famille Vierall était déterminée à faire face à cette épreuve ensemble, à soutenir Lynne dans sa douleur et à honorer la mémoire d'Hilda en vivant leurs vies du mieux possible.

Cependant, Lynne était plongée dans une douleur profonde et sombre. Elle se retirait de tout, se perdant dans la mélancolie qui s'était installée dans sa chambre. Assise sur son lit, les yeux rougis par des larmes incessantes, Lynne tenait une photo d'elle et Hilda, souriantes et insouciantes, prise lors d'une de leurs nombreuses sorties à la plage. Le cliché, encadré de coquillages et de souvenirs, était un rappel douloureux de ce qui avait été et de ce qui avait été perdu. La culpabilité pesait sur la jeune femme comme une chape de plomb.

"Hilda... pourquoi... pourquoi as-tu fait ça ?" murmura-t-elle, la voix brisée par la douleur. Elle aurait donné n'importe quoi pour avoir l'occasion de dire à Hilda à quel point elle l'aimait, combien elle était importante pour elle. Les mots restaient prisonniers dans sa gorge, et elle était hantée par le regret.

Les souvenirs de l'accident tournaient en boucle dans son esprit. Elle revoyait la voiture foncer sur elle, prête à la percuter, et Hilda, héroïque et déterminée, la poussant hors de la trajectoire du véhicule. Elle se revoyait tomber au sol, impuissante, tandis que la vie d'Hilda s'éteignait sous ses yeux. Si seulement elle avait eu le temps de lui dire... Si seulement elle avait pu la retenir... Si seulement…

"Pourquoi toi, Hilda ? Pourquoi pas moi ?" sanglota-t-elle, serrant la photo contre sa poitrine comme si cela pouvait la ramener à la vie. Elle se sentait égoïste et impuissante, regrettant de ne pas avoir pu sauver la personne qu'elle aimait. Elle aurait tout donné pour revenir en arrière, pour échanger sa place avec celle d'Hilda.

Lynne passa des heures à repasser chaque détail de leur amitié, chaque moment précieux qu'elles avaient partagé. Elle se remémorait les rires, les secrets partagés, les rêves évoqués. Mais tout cela était désormais teinté de tristesse, de l'absence d'Hilda qui planait sur tout. Elle se demandait comment elle pourrait vivre sans sa meilleure amie, celle qui avait occupé une place si importante dans son cœur.

Ses pensées sombres la tourmentaient, et elle se retrouvait à parler à voix haute, à murmurer des mots à l'adresse d'Hilda, comme si elle pouvait l'entendre quelque part. "Tu me manques tellement, Hilda. Tu étais la lumière de ma vie, la seule à me comprendre vraiment. J'aurais dû te dire combien je t'aimais, combien tu comptais pour moi. Et maintenant... tu es partie, et il est trop tard. Je ne peux plus rien faire. Je ne peux plus rien te dire."

Les regrets, les "si seulement" et les "pourquoi" tournaient en boucle, mais aucune réponse ne venait apaiser la douleur de Lynne. Elle se sentait perdue, brisée par la perte de son amie, et elle ne savait pas comment continuer sans elle.

Gabriel était profondément préoccupé par l'état de sa fille aînée, mais il savait que la douleur devait suivre son cours. Il lui laissa l'espace dont elle avait besoin pour pleurer, tout en étant là pour elle quand elle aurait besoin de parler.

Quelques jours plus tard, un soir, il entra doucement dans la chambre de Lynne, la trouvant assise près de la fenêtre, les yeux fixés sur le ciel étoilé. Il s'approcha d'elle, s'asseyant à ses côtés sans un mot. Il savait que les mots ne pouvaient pas effacer la douleur, mais il voulait lui montrer qu'il était là pour elle.

Le silence persista pendant un moment, puis Lynne rompit enfin le calme. "Papa, pourquoi Hilda ? Pourquoi elle, et pas moi ?"

Gabriel ne savait pas comment répondre à cette question déchirante. Il passa un bras protecteur autour des épaules de sa fille, laissant ses larmes couler librement. "Lynne, ma chérie, la vie est parfois cruelle et injuste. Nous ne pouvons pas toujours comprendre pourquoi de telles choses se produisent. Tout ce que nous pouvons faire, c'est nous soutenir mutuellement et honorer la mémoire d'Hilda en vivant nos vies du mieux possible."

Lynne renifla, se blottissant contre son père. "Mais je l'aimais, papa. Je l'aimais vraiment. Je l’aimais tellement… Et je n'ai jamais eu l'occasion de lui dire."

Gabriel resserra son étreinte, ses yeux se remplissant de larmes qu'il refusait de verser devant sa fille. "Je sais, ma chérie. Hilda savait à quel point tu l'aimais. Elle était ta meilleure amie, et elle t'aimait tout autant. Même si tu n'as pas pu lui dire, elle le savait au fond de son cœur."

Lynne laissa échapper un sanglot étouffé, sa douleur incommensurable. Gabriel lui caressa les cheveux doucement, lui offrant le réconfort silencieux dont elle avait besoin. Il savait que la guérison prendrait du temps, mais il était prêt à être là pour sa fille aussi longtemps qu'il le faudrait.

Chien, le fidèle compagnon de la famille, était également une source de réconfort pour tous. Il passait son temps à veiller sur les deux jeunes femmes, les suivant partout où elles allaient, comme s'il comprenait leur chagrin. Ses yeux attentifs et son affection inconditionnelle étaient une bouffée d'air frais dans ces jours sombres.

La famille Vierall traversait une épreuve difficile, mais ils le faisaient ensemble, unis dans leur amour pour Hilda et leur détermination à surmonter cette tragédie. Gabriel, en tant que père, était le roc sur lequel ils pouvaient s'appuyer, offrant son soutien infaillible et son amour indéfectible à ses filles dans leur moment de besoin.

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