Chapitre 13 : Une tragédie

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Ce matin-là, la salle de musique du Lycée Notre Dame était une véritable oasis de créativité. Lynne, Lorelei et Hilda, leurs instruments à cordes à la main, étaient prêtes à répéter pour le concert de fin d'année. Les rayons du soleil matinal traversaient la fenêtre ouverte, inondant la pièce de leur lumière dorée, créant une atmosphère chaleureuse qui réchauffait l'âme. La salle, parée de murs en bois poli, résonnait des sons d'instruments prêts à jouer leur symphonie.

Lynne, les doigts glissant avec grâce sur les touches du piano à queue en acajou, rayonnait d'excitation. Ses yeux pétillaient d'enthousiasme alors qu'elle fixait Hilda et Lorelei avec une énergie contagieuse. "Les filles, je sens que nous allons tout déchirer lors de ce concert. Cette chanson que nous avons écrite ensemble est une véritable œuvre d'art, une mélodie qui va toucher tous les cœurs qui l’entendront."

Hilda, assise en tailleur, accordait sa guitare avec une concentration admirable. Les notes douces résonnaient dans la pièce, formant un fond sonore apaisant. "Absolument, Lynne. J'ai tellement hâte que tout le monde puisse l'entendre. Avec cette chanson, c'est notre âme qui se dévoile."

Lorelei, les yeux brillant d'émotion, assise à une table avec son ordinateur portable, supervisait le rythme et les harmonies, ajustant les paramètres pour que la musique soit parfaite pour le jour J. "Je suis vraiment heureuse d'être ici avec vous. Vous êtes bien plus que des amies, vous êtes ma famille. C'est un honneur de participer à ce concert avec vous deux."

Les filles commencèrent à jouer, leurs instruments se mariant harmonieusement comme des danseurs accomplis. La mélodie qu'elles avaient créée était douce et envoûtante, chaque note emplie de passion et d'émotion. Elles étaient totalement absorbées par la musique, leurs doigts dansant sur les cordes et les touches, oubliant tout le reste, se laissant emporter par la magie de leur création.

Cependant, la vie avait d'autres plans pour elles... Alors qu'elles sortaient de la salle de musique plus tard dans la journée, la tragédie les frappa de plein fouet. Un chauffard, ignorant complètement le feu rouge à la sortie de l'école, se précipita vers les jeunes femmes à toute vitesse. La voiture fonça droit sur Lynne, qui était la plus proche de la route. Hilda, d'un réflexe héroïque, poussa Lynne hors de la trajectoire de la voiture, un acte de bravoure qui se déroula en une fraction de seconde, mais qui allait marquer leur destin à jamais.

Le choc fut terrifiant, un coup de tonnerre dans un ciel serein. Hilda fut heurtée de plein fouet, son corps tournoyant dans les airs avant de retomber sur le sol, inerte comme une poupée de chiffon. Lynne, à quelques centimètres de là, était indemne grâce à l'acte courageux de sa meilleure amie. Lorelei, qui avait été à côté de Lynne, tomba à genoux en état de choc en voyant ce qui venait de se passer, ses yeux écarquillés par l'horreur de la scène qui venait de se dérouler.

Les élèves et les enseignants accoururent rapidement, leurs voix inquiètes emplissant l'air de cris et d'appels à l'aide. Le bruit des sirènes des ambulances se mêlait au tumulte, déchirant l'atmosphère paisible de l'école. Les jeunes femmes étaient plongées dans un cauchemar éveillé, un instant où le temps semblait s'être figé, où la réalité avait basculé dans l'irréversible.

Lynne était agenouillée aux côtés d'Hilda, les larmes coulant sur son visage comme des cascades de chagrin. Elle n'avait pas eu le temps d'avouer ses sentiments à Hilda, de lui dire combien elle comptait pour elle. Elle n'en aurait plus jamais l'occasion à présent. Lorelei, qui essayait en vain de reprendre ses esprits, était incapable de bouger, ses mains tremblantes et son esprit assailli par le choc.

Les secours arrivèrent rapidement, portant secours aux jeunes filles. Les ambulanciers travaillèrent avec une efficacité silencieuse, leurs visages graves témoignant du sérieux de la situation. Les trois amies furent transportées à l'hôpital Saint-Joseph dans une atmosphère de tension palpable.

Lorsque l'appel téléphonique avait retenti, Gabriel et Louis avaient été saisis par une panique indescriptible. Leurs cœurs avaient cessé de battre pendant un instant, leurs pensées tourbillonnaient dans un chaos d'angoisse. Ils savaient seulement que quelque chose de terrible s'était produit, et leur instinct de protection en tant que père et frère avait été immédiatement en alerte.

Ils avaient conduit à toute vitesse jusqu'à l'hôpital Saint-Joseph, à Rosnay, les pensées sombres envahissant leur esprit. Les couloirs de l'hôpital semblaient interminables, éclairés par des néons blafards. Les visages inquiets des infirmières et des médecins qu'ils croisaient ne faisaient qu'aggraver leur angoisse. Ils se hâtaient de rejoindre la salle où les filles étaient prises en charge, espérant que tout irait bien, priant pour que le pire n'ait pas eu lieu.

Lorsqu'ils entrèrent dans la chambre d'hôpital où se trouvaient Lynne et Lorelei, leur soulagement fut immédiat. Les filles étaient là, vivantes, bien que profondément choquées.

Lynne était marquée par quelques hématomes et pansements qui témoignaient du récent incident. Les deux jeunes filles accueillirent leur père et leur frère avec un mélange de sourires rassurants et de préoccupations dans leurs yeux. Gabriel et Louis se précipitèrent près de leur lit, les étreignant avec force, des larmes dans les yeux, un mélange de soulagement et de gratitude dans leur regard.

Gabriel s'approcha de Lynne, posant une main chaleureuse sur son épaule. "Comment ça va, Lynne? Tu nous as vraiment inquiétés. Vous nous avez toute les deux inquiétés."

Lynne esquissa un sourire fatigué, mais ses yeux trahissaient une anxiété persistante. "Ça va, mais on ne sait toujours pas ce qui est arrivé à Hilda. C'était terrible, elle s'est faite percuter par une voiture... "

Les sourcils de Gabriel se froncèrent, partageant la préoccupation de Lynne. Cette dernière, le visage marqué par la douleur et les larmes, leur raconta tout en détails, chaque mot chargé d'émotion. Elle leur parla de l'accident, de la manière dont Hilda avait sauvé sa vie en se sacrifiant, de la culpabilité qui la rongeait. Les mots sortaient en sanglots, mais ils comprirent l'essentiel de l'histoire. Louis se tourna vers sa sœur, la remerciant du fond du cœur pour avoir protégé sa fille, un acte héroïque qui avait marqué la journée.

Louis s'approcha également, jetant un regard inquiet à ses amies. "On va rester ici avec vous, ne vous inquiétez pas. Hilda est forte, elle s'en sortira."

Les heures qui suivirent furent remplies d'attente angoissante, alors que le groupe uni par l'amitié attendait des nouvelles de Hilda. L'hôpital semblait être un lieu de contradictions, où la joie de savoir Lynne et Lorelei en sécurité coexistait avec l'angoisse de l'inconnu concernant Hilda. En dépit des sourires partagés et des paroles réconfortantes, l'ombre de l'incident planait sur eux, les liants dans une attente impatiente et solidaire.

Pendant ce temps, Sasha Laubéa et ses parents étaient également à l'hôpital, suite à un appel, et inquiets de ne pas voir Hilda. Sasha ressentait une anxiété palpable alors qu'il accompagnait ses parents à l'hôpital. La tension dans l'air était aussi lourde que le poids de l'inquiétude qui pesait sur leurs épaules. Ils venaient chercher des nouvelles de Hilda, sa jeune sœur, dont le destin était suspendu entre la vie et la mort.

Le couloir de l'hôpital semblait interminable alors qu'ils avançaient d'un pas incertain vers la salle d'attente. Sasha serrait fermement la main de sa mère, et son père portait un regard préoccupé. L'attente était pénible, ponctuée par les battements du cœur qui résonnaient dans leurs têtes.

Enfin, un médecin s'approcha d'eux, l'expression grave sur le visage. Sasha sentit son estomac se nouer à l'instant où le médecin prit la parole.

"Je suis désolé", commença-t-il d'une voix douce mais chargée d'une tristesse incommensurable, "Hilda a été tuée sur le coup. Elle a été percutée par une voiture en sauvant une autre jeune fille."

Le choc traversa le visage de Sasha, suivi d'une vague d'incrédulité. Ses parents absorbèrent la nouvelle avec une tristesse silencieuse. Les mots semblaient flotter dans l'air, impossibles à saisir complètement. Les souvenirs de Hilda, pleins de vie et d'énergie, semblaient se dissoudre dans un tourbillon d'émotions indescriptibles.

Sasha sentit un mélange de colère, de douleur et de chagrin s'installer en elle. Elle se rappela les moments heureux partagés avec sa sœur, les rires partagés, les secrets murmurés la nuit. Maintenant, tout cela semblait s'évanouir dans l'obscurité de la perte.

Lynne apparut dans le couloir, les yeux rougis par les larmes. Elle était là, témoignant silencieusement du sacrifice de Hilda pour la sauver. Incapable de retenir ses larmes, cette dernière s'approcha de Sasha, des sanglots secouant son corps. "Je suis tellement désolée, Sasha. Hilda a sauvé ma vie en me poussant hors de la trajectoire de la voiture. Elle était tellement courageuse, un véritable héros. Je ne sais pas comment te dire à quel point je suis désolée."

Sasha, les yeux rougis par les larmes, prit Lynne dans ses bras avec tendresse. "Ce n'est pas de ta faute, Lynne. Hilda a agi par instinct pour sauver une amie. Elle nous manquera à tous énormément. Elle était ma sœur, mais elle t'appréciait énormément. Ne te blâme pas pour cela. Nous traverserons cette épreuve ensemble."

La famille Vierall était inconsolable, et Lorelei était anéantie, ses yeux vitreux fixés sur le vide. Lynne, elle, était submergée par la culpabilité et la douleur, regrettant de ne pas avoir pu empêcher cet accident tragique, sa voix brisée par la tristesse.

Chien, le fidèle compagnon de la famille, un berger allemand au pelage lustré, sentit la tristesse qui régnait dans la maison. Il passa de l'un à l'autre, léchant les visages humides de larmes avec une douceur réconfortante. Ses yeux pleins de compréhension semblaient dire qu'il partageait leur peine, qu'il était là pour apporter un peu de réconfort à sa manière maladroite mais bienveillante, ses aboiements emplis de compassion.

La nuit fut longue et sombre pour la famille Vierall. Gabriel et Louis essayèrent de consoler les filles, mais la douleur était trop profonde, trop fraîche. La maison résonnait de sanglots et de souvenirs d'Hilda, une jeune fille qui avait été une amie fidèle et une source de joie pour tous ceux qui l'avaient connue. Les souvenirs de moments heureux se mélangeaient à la douleur de la perte, créant une toile complexe d'émotions, comme les harmonies et les dissonances de leur musique, une symphonie de vie et de tristesse qui les accompagnerait pour longtemps.

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