La soirée était une toile de velours étoilée qui enveloppait le petit quartier résidentiel où Lorelei et Lynne vivaient. La douce brise d'été s'infiltrait à travers les fenêtres ouvertes de la chambre de Lynne, caressant les rideaux légers qui dansaient au rythme de la nuit. La lumière argentée de la lune inondait la pièce, baignant chaque coin d'une lueur argentée, créant une atmosphère apaisante et mystique.

La chambre de Lynne était un havre de paix dans cette nuit sereine. Les murs, d'un bleu pâle, semblaient capter la clarté lunaire, donnant à la pièce une sensation d'océan calme. Des étagères en bois sombre s'élevaient jusqu'au plafond, chargées de livres aux reliures diverses, d'herbes aromatiques en pots, et de plantes d'intérieur luxuriantes. Un bureau en chêne massif, usé par les années d'études acharnées, trônait au centre de la pièce, une myriade de manuels scolaires, de cahiers et de fournitures de toutes sortes occupant son espace. Le lit, enveloppé de coussins en coton doux et de couvertures aux motifs paisibles, invitait à la détente après une longue journée de labeur intellectuel.

Le bureau de Lynne était un chaos organisé, une représentation physique de son esprit toujours en ébullition. Les livres s'empilaient en colonnes tordues, des notes griffonnées à la hâte parsemaient la surface, et un ordinateur portable s'étalait ouvert, exposant un écran affichant des pages de recherches en cours. Lynne était une élève assidue, mais parfois, le fardeau de ses études semblait l'accabler, comme en témoignaient les expressions de frustration qui s'affichaient parfois sur son visage.

Lorelei observa sa sœur, son regard empreint d'une pointe d'inquiétude. Les sourcils de Lynne étaient légèrement froncés alors qu'elle luttait avec un problème mathématique particulièrement retors. Lorelei connaissait bien cette expression, elle savait à quel point Lynne pouvait avoir du mal avec les problèmes de maths, mais elle se mettait parfois une pression inutile.

Elle hésita un instant, se demandant si c'était le bon moment pour aborder le sujet qui la préoccupait depuis quelques temps. Toutefois, elle savait que plus elle attendrait, plus cela deviendrait difficile. Elle réalisa également que sa sœur avait besoin de temps pour décompresser après une longue séance de travail.

Lorsque Lynne enfin posa son crayon, la fatigue et la frustration se lisant dans son regard, elle tourna son attention vers sa petite sœur. "Lorelei," l'appela-t-elle, "j'ai vraiment besoin de faire une pause et j’en ai plus qu’assez de tous ces chiffres, qu'y a-t-il ?"

Lorelei s'approcha, s'asseyant doucement à côté de Lynne. "Lynne, il y a quelque chose dont j'aimerais te parler, quelque chose qui me tient à cœur."

La jeune fille referma son cahier de mathématiques et se tourna vers Lorelei, soucieuse. "Bien sûr, Lorelei, je t'écoute. Qu'est-ce qui te préoccupe ?"

Lorelei inspira profondément, cherchant les mots justes pour exprimer ses pensées. "Tu te souviens que j'ai participé au concours de sciences à Marleville, n'est-ce pas ?"

Lynne acquiesça avec un sourire. "Oui, bien sûr, tu as été incroyable, Lorelei. Tu as gagné le premier prix !"

Un timide sourire se dessina sur les lèvres de Lorelei alors qu'elle était reconnaissante pour le soutien de sa sœur. "Oui, c'était une expérience incroyable. Mais ce n'est pas tout, j'ai reçu une lettre de l'école Aurora."

Les yeux de Lynne s'élargirent d'excitation. "L'école Aurora ? C'est une école super prestigieuse en sciences, n'est-ce pas ?"

Lorelei hocha la tête, son regard brillant d'enthousiasme. "Oui, c'est ça. Ils m'ont offert une bourse pour poursuivre mes études là-bas. C'est une opportunité incroyable, Lynne."

Lynne était sincèrement heureuse pour sa sœur, mais son visage s'assombrit légèrement. "C'est génial, Lorelei, vraiment. Mais… que veux-tu dire exactement en m'en parlant ?"

Lorelei savait qu'elle devait être honnête avec sa sœur. "Eh bien, Lynne, je voulais avoir ton avis sur la question. Je me demande si je devrais accepter l'offre d'Aurora et poursuivre mes études là-bas après le lycée, ou si je devrais rester près de la famille."

Lynne réfléchit un moment, son regard plongé dans le sien. "Lorelei, tu es incroyablement talentueuse, et tu mérites cette opportunité. Je suis fière de toi, vraiment. Mais…" Elle baissa les yeux, luttant pour trouver les mots. "Avec maman qui est souvent en mission et Louis qui envisage de suivre ses traces dans la marine, je sens que je vais parfois me sentir un peu seule ici avec papa. J'apprécie tellement d'avoir t’avoir à mes côtés."

Les mots de Lynne touchèrent le cœur de Lorelei, qui ressentait la même inquiétude pour sa sœur et sa famille. Elle posa doucement sa main sur l'épaule de Lynne. "Je comprends, Lynne. Je veux être là pour toi et pour la famille aussi. Mais en même temps, je veux poursuivre ma passion pour la science et atteindre mon plein potentiel."

Les deux sœurs se regardèrent, partagées entre l'amour qu'elles avaient l'une pour l'autre et leurs aspirations personnelles. C'est à ce moment-là que Chien, leur fidèle compagnon à quatre pattes, fit son entrée dans la pièce, reniflant curieusement autour d'elles, comme s'il sentait la tension.

Lorelei caressa la tête de Chien, souriant doucement. "Chien, tu as toujours le don de venir faire quelques câlins quand ça ne va pas, n'est-ce pas ?"

Lynne sourit également, caressant le chien. "Écoute, Lorelei, je veux que tu fasses ce qui te rendra heureuse. Peu importe ce que tu décides, je te soutiendrai toujours."

Les larmes aux yeux, Lorelei serra sa sœur dans ses bras. "Merci, Lynne. C'est bon de savoir que j'ai ta bénédiction, peu importe ce que je choisis."

La discussion entre les deux sœurs avait été difficile, mais elle renforça leur lien et leur compréhension mutuelle. Elles savaient toutes les deux que quel que soit le choix que Lorelei ferait, elles resteraient unies en tant que famille. Chien, toujours là pour apporter une touche d'humour et d'affection, resta avec elles, veillant sur leur bonheur. La nuit douce et étoilée continuait de veiller sur elles, comme un témoin silencieux de leur amour fraternel.