Chapitre 8 : la mélodie de l’amitié

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Lynne et Hilda passaient beaucoup de temps ensemble, répétant inlassablement leurs chansons pour le concert de fin d'année du Lycée Notre-Dame. Leur complicité musicale se développait au fil des jours, les harmonies de leurs voix et de leurs instruments fusionnant d'une manière véritablement magique. Cependant, au fil du temps, Lynne ressentit quelque chose d'insaisissable qui la troublait.

Un après-midi d'été étouffant, alors qu'elles s'entraînaient dans la chambre de Lynne, les premiers signes de ces sentiments émergèrent. Hilda était assise à côté d'elle, tenant sa guitare avec une grâce naturelle, ses doigts glissant sur les cordes comme des danseurs étoiles. La mélodie qu'elles interprétaient était douce et émouvante, et leurs voix se mêlaient en une harmonie parfaite.

Lynne ne put s'empêcher de fixer Hilda, ses yeux verts plongeant profondément dans les yeux sombres de son amie. Une chaleur inhabituelle s'empara de sa poitrine, et un sentiment de béatitude s'insinua en elle. Chaque note qu'elles jouaient semblait résonner au plus profond de son être, faisant vibrer son cœur d'une manière qu'elle n'avait jamais connue auparavant.

Quand leur chanson prit fin, Lynne réalisa qu'elle était suspendue à chaque note, captivée par la présence d'Hilda à ses côtés. Elle déglutit difficilement et détourna les yeux, espérant que son amie ne remarquerait pas la rougeur qui montait lentement à ses joues.

Les jours suivants, Lynne fut plongée dans une profonde confusion. Elle se posait des questions auxquelles elle n'avait jamais eu à répondre auparavant. Pourquoi ressentait-elle ces sentiments pour Hilda ? Était-il normal d'éprouver une telle attraction pour une amie ? Elle se tourna vers sa petite sœur Lorelei, sachant que sa sagesse dépassait souvent son jeune âge.

Lorelei était assise à son bureau, concentrée sur l'un de ses projets de robotique, lorsque Lynne entra timidement dans la chambre. Elle s'assit sur le lit de sa sœur et soupira. "Lorelei, penses-tu qu'il soit possible d'aimer quelqu'un d'une manière... différente ?"

Lorelei leva un sourcil, son regard bleu perçant se posant sur Lynne. "Différente comment ?"

Lynne hésita un instant, cherchant les mots. "Disons que... j'éprouve des sentiments étranges envers Hilda. Des sentiments que je ne parviens pas à comprendre."

Lorelei posa son tournevis et se tourna complètement vers sa sœur. "Tu veux dire que tu ressens plus qu'une simple amitié pour elle ?"

Lynne hocha la tête, un frisson parcourant son échine. "Oui, c'est ça. Mais c'est compliqué, tu sais ? Nous sommes de meilleures amies, et je ne veux pas que cela change."

Lorelei lui adressa un sourire compréhensif. "Lynne, les sentiments sont complexes, mais ce qui compte, c'est comment tu choisis de les gérer. Si Hilda est vraiment ton amie, elle comprendra que tu ne peux pas contrôler tes émotions. L'essentiel est de rester honnête envers toi-même et envers elle."

Les paroles de Lorelei apaisèrent un peu l'esprit tourmenté de Lynne, mais elle savait qu'elle avait encore des luttes à mener. Elle décida de parler de ses sentiments à Louis, espérant qu'il pourrait lui apporter un autre point de vue.

Louis était assis sur une chaise en bois dans le jardin, une cigarette entre les doigts, plongé dans la lecture d'un livre de philosophie. Il avait toujours été fasciné par les idées et les concepts qui défiaient la logique et la rationalité.

Sa petite sœur, s'approcha doucement, hésitant à interrompre la quiétude de l'instant. Elle observa son frère un moment, son regard vert réfléchissant la lumière du soleil, puis elle prit son courage à deux mains et s'assit à ses côtés. Une brise légère faisait doucement onduler leurs cheveux.

Louis sentit la présence de Lynne à ses côtés mais ne laissa rien paraître, continuant de lire son livre. Il était conscient que sa sœur avait quelque chose d'important à lui dire, et il attendit patiemment qu'elle trouve les mots.

Finalement, Lynne brisa le silence, sa voix douce empreinte d'incertitude. "Louis, as-tu déjà ressenti quelque chose d'étrange pour quelqu'un, même si tu n'aurais pas dû ?"

Louis plissa les yeux, ses lèvres se refermant sur la cigarette. Il éteignit lentement la cigarette dans un cendrier à côté de lui, puis posa son livre sur ses genoux. Son regard se posa sur Lynne, et il la fixa avec une attention empreinte de compréhension.

"De quoi parles-tu, Lynne ?" demanda-t-il doucement, encourageant sa sœur à s'ouvrir.

Lynne se mordit la lèvre inférieure, cherchant les mots pour exprimer ce qu'elle ressentait. Elle savait que Louis était le meilleur interlocuteur pour aborder un sujet aussi délicat. "Eh bien, tu sais, des sentiments... pour quelqu'un qui n'est pas censé être autre chose qu'un ami."

Louis inclina légèrement la tête, un sourire tendre se dessinant sur son visage. Il comprenait peu à peu ce que sa sœur tentait de lui dire, et il ne la jugea pas. Au contraire, il était prêt à l'écouter et à lui apporter son soutien fraternel.

"Lynne," commença-t-il, "les sentiments sont complexes et souvent incontrôlables. Parfois, ils surgissent sans prévenir, et il n'y a pas grand-chose que l'on puisse faire pour les maîtriser. Si tu éprouves quelque chose pour Hilda, il n'y a rien de mal à cela. Ce qui compte, c'est comment tu choisis d'agir avec ces sentiments."

Louis savait que les sentiments pouvaient être une source de confusion et d'incertitude, mais il avait lui-même traversé une expérience similaire. Il était tombé amoureux de Rinka, et leur histoire d’amour était compliquée avec la distance qui les séparait. Il comprenait les luttes intérieures de Lynne et voulait lui offrir son soutien fraternel.

Lynne hocha lentement la tête, reconnaissante pour les paroles réconfortantes de son frère. Elle savait que cela ne résoudrait pas toutes ses questions, mais au moins, elle se sentait comprise et acceptée. Mais Lynne savait qu'elle devait encore aborder le sujet avec son père, Gabriel. Elle le trouva dans le petit jardin devant la maison en train de tailler les rosiers, Chien jouant à ses pieds.

Lorsque Lynne lui exprima ses préoccupations, Gabriel posa son sécateur de côté et se tourna vers elle avec une douceur paternelle. "Lynne, il n'y a rien de mal à ressentir de l'affection pour quelqu'un, même si la situation est compliquée. L'amour et l'amitié sont des choses belles, et il est important de les chérir."

Les mots de Gabriel rassurèrent Lynne, mais elle savait qu'elle devrait également aborder le sujet avec Hilda à un moment donné. Cependant, elle craignait de briser l'équilibre fragile de leur amitié.

Pendant ce temps, Chien, toujours présent dans les moments de doute et de confusion, se rapprocha de la jeune femme et lui demanda quelques câlins. Il était le témoin silencieux de ses luttes et de ses préoccupations, apportant un réconfort inestimable de sa manière maladroite et aimante.

Lynne était déterminée à gérer ses sentiments avec soin et à préserver l'amitié précieuse qu'elle avait avec Hilda. Elle savait que leur musique les avait rapprochées d'une manière spéciale, et elle espérait que leur amitié résisterait à l'épreuve du temps et des sentiments.

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