Chapitre 12 : De nouveau seuls sur les routes

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 Nous nous éveillâmes quelques heures après le lever du soleil. La légèreté de la veille avait laissé place à une certaine morosité en prévision de notre séparation prochaine. Avec ce qu'elle m'avait confié en chemin, quelque chose me disait qu'il allait être particulièrement douloureux pour Triss de voir partir Geralt. Moi-même j'avais un pincement au cœur en me disant que je n'aurais peut-être jamais plus la chance de la côtoyer. J'avais vraiment apprécié tout ce que nous avions partagé et ce qu'elle m'avait fait découvrir. Je la considérais comme une amie. J'avais trouvé auprès d'elle un espace de confiance et de partage. Elle s'était avérée une confidente avisée et bienveillante. Je lui savais gré de ce qu'elle m'avait enseigné sur son art. Quelque part elle m'apparaissait un peu comme la soeur que je n'avais jamais eu.

 Nous avions pris un copieux petit déjeuner en compagnie de la bande de nains. Eux aussi allaient me manquer, leur nature joviale, leur spontanéité sans façon. Ils avaient été prévenants avec moi, déviant largement de leur route pour me permettre d'avancer vers mon objectif. Je les remerciai chaleureusement pour tout cela et Gurdil parla au nom du groupe la voix un peu nouée :

– Tout l'honneur a été pour nous Gaëlliane, Geralt, Triss. Puissiez-vous atteindre vos buts respectifs et goûter à la joie et la paix.

Geralt prit le temps de serrer chaque main et de serrer plus que de raison Gurdil dans ses bras. Ce dernier essuya une larme puis carra les épaules en lançant le signal de départ de son groupe.

– Puissent nos chemins se recroiser, Sorceleur. Tu pourras toujours compter sur notre amitié si le besoin se fait sentir.

– Et vous sur la mienne.

 Nous les regardâmes repartir vers Manhakam. Restaient les adieux avec Triss qui se devait de revenir à Wizima au plus tôt. Elle avait déjà trop longtemps délaissé sa mission auprès de Foltest. Geralt se montra assez tendre mais distant. Je pris Triss dans mes bras, la remerciant une fois de plus pour son aide et ses soins. Elle peinait à cacher sa peine. Je crus même que, contrairement à la réputation des magiciennes, elle allait pleurer. Je lui murmurai à l'oreille des voeux de bonheur et d'oubli de cet amour impossible ainsi que celui d'avoir la chance de la revoir, de lui présenter ma famille.

 Je fus surprise et touchée quand elle sortit de sa poche un magnifique pendentif sur une solide chaîne en argent. Il s'agissait d'une superbe labradorite sombre avec de splendides reflets bleus, verts et dorés. La pierre avait été soigneusement travaillée pour lui donner la forme d'un trèfle à quatre feuilles dont les contours avaient été rehaussés d'argent.

– C'est une amulette qui m'a été confiée il y a de nombreuses années. Je me suis toujours demandé à qui elle était destinée. Maintenant je sais. Elle te protégera, ajouta-t-elle en me la passant au cou.

 La pierre se nicha confortablement juste au-dessus de la naissance de mes seins, m'apportant instantanément une vague de bien-être. Elle semblait irradier une douce chaleur bienfaisante. Je remercai Triss avec émotion, la serrant dans mes bras une dernière fois avant qu'elle ne parte. J'eus une grande vague de tristesse en la voyant s'éloigner. Je laissai échapper un gros soupir. Il était temps pour nous de reprendre la route.

 La joyeuse agitation des derniers jours avait laissé place au silence. Il allait me falloir un peu de temps pour m'y réhabituer. C'est Orage qui me redonna un peu d'entrain : elle avait henni joyeusement quand j'avais été la chercher et je la voyais piaffer d'impatience. Elle avait été contrainte de suivre le chariot pendant des jours et semblait visiblement pressée de s'élancer, de goûter la vitesse. Ablette était apparemment sur la même longueur d'onde. Toutes nos affaires étaient prêtes, je sentais mon arc dans mon dos, l'énergie d'Orage sous ma selle, j'avais retrouvé ma santé physique et psychique, j'étais prête à repartir.

 Un regard complice avec Geralt et nous laissâmes nos montures prendre le galop. En équilibre sur mes étriers, faisant corps avec elle, je sentis Orage tendre l'encolure, allongeant son galop de telle façon qu'elle me donnait l'impression de voler. Ablette suivait à une allure à peine moins rapide. Un cri de joie s'échappa de mes lèvres, je me sentais libre, grisée par la vitesse et le vent sur mon visage enfoui dans la crinière de ma jument. Le cri de Geralt fit écho au mien. Il faisait beau et doux, tout verdoyait et fleurissait autour de nous, des oiseaux s'envolaient à notre passage, nous accompagnant un moment en piaillant. Nous profitions pleinement de l'instant présent.

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