Prologue 

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Prologue

Mai 2021

  « À toutes les unités, on a une TS au niveau du quartier de la Guillotière sud. Selon les témoins, le jeune a sauté depuis le pont. Le gamin a entre onze et quinze ans. On part en reconnaissance pour essayer de retrouver sa trace. On a appelé les urgences, elles sont en route. Pas de traces de l’adolescent pour le moment, si vous avez des renseignements, mobilisez-vous ».

  Je tremble, ferme les yeux assez vivement pour tenter de faire le point sur l'image lorsque mes paupières se rouvrent. La place du Pont est envahie par les policiers du secteur, ainsi que par une myriade de passants curieux qui se pressent autour d'eux, avides d'informations. Ma main se porte d'elle-même à mes lèvres tremblantes, que je cache d'un geste fébrile.

Il fait presque nuit, le soleil est en train de disparaître au loin. Il n'y a personne autour de moi, seulement les quelques voisins que je connais de vue, mais que je n'ai pas envie de connaître en cet instant.

Sur mon portable, ne s'affichent pas d'appels en absence de Samuel ou de Damian. Il n'y a pas non plus de messages de Miguel et Daniel. Juste un écran vide affichant l'heure : vingt heures douze. Le dernier souvenir que j'ai de chacun des adolescents me tord l'estomac car, chacun pourraient renvoyer à cette fatalité, immuable, que représente un saut depuis le pont.

Mon téléphone, toujours serré au creux de ma main, se met à vibrer. Mes yeux balayent l'écran, je prie pour y lire le prénom de l'un des quatre jeunes qui hantent mes pensées.

Mais non.

— Allô ?

— Dis-moi que les garçons sont avec toi ?

— Pourquoi ? Ils devraient ? Qu'est-ce qui se passe ?

Mon souffle s'accélère, je me sens défaillir. C'est stupide, il ne s'agit peut-être pas du tout de l'un de nos frères, mais...

Il y a ce doute, et ces mots :

"Tu penses pas que ce serait plus simple si... juste, tout s'arrêtait ?"

"Pourquoi on pourrait juste pas, pour une fois, avoir la main sur ce qui nous arrive, décider de souffrir ou pas ? "

"Soyons honnêtes, même en fuyant, la merde nous poursuit"

"Des fois, je me demande pourquoi on pleure les morts : ils ont de la chance d'être débarassés de cette vie au final. Ceux qu'il faudrait pleurer, ce sont plutôt les vivants, ceux qui restent, et qui subissent"

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