7-Les insectes

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- Coucou ! salua Greman. Alors qu’est-ce qu’on a ?

- Toujours en retard… soupira Ferdinand. Tu ne peux pas venir aux endroits qu’on te demande aux moments où on te le demande

Il sorti une petite montre de sa poche

- Tu vas encore nous sortir ton histoire d’horloge atomique ? désespéra sa collègue

- non. Je viens de me rendre compte que ma montre est cassée, je n’avais pas fait attention !

- Combiens de trucs sont cassés chez toi ? entre ta voiture et ta montre, je me demande bien comment est ta maison.

- oh. Je sais tenir mes affaires ne t’en fait pas.

- Tu sais, si c’est Loille qui t’emmerde à ce point, tu peux changer d’unité, tu ne devrais pas avoir de mal à bouger vu que tu es celib et tout.

- je suis très bien où je suis ne t’en fait pas. Du coup, qu’avons-nous là ?

Il se pencha sur le bord de la berge, le corps d’un homme d’âge mur se tenait caché dans les herbes, une coupure profonde sur un coté du cou. Ses pieds tiraient dans la direction du courant

- On sait qui c’est ?

- Pierre Grisard. Il avait ses papiers sur lui. Le coup fatal est à la carotide.

- Ferdinand, tu aurais un mètre à disposition quelque part ?

- Quoi ? qu’est-ce que tu veux que je foute avec un mètre ?

Greman regarda sa collègue comme si elle était idiote

- pour mesurer bien sûr ! et si tu as un compas se sera encore mieux

- ni l’un ni l’autre. Mais explique toujours.

- Ahhh. Je veux mesurer notre gaillard, la hauteur du coup et l’angle du coup, et à partir de ces infos avoir une idée de la taille du coupable. Notre homme ici est plutôt grand, ça nous aidera grandement à savoir.

- tu sais qu’on a des médecins légistes ? ils peuvent nous les donner ces infos tu sais, pour peu qu’on leur rapporte le corps.

- Hum. L’inspecteur sortit une feuille de papier et commençait à mesurer l’homme avec. Il reprit. Sait-on quel métier il faisait ?

Dépitée Ferdinand le prit par l’épaule

- Ecoute vieux. Depuis que Loille est là t’es plus normal. Et ça vient de s’aggraver avec cette histoire de club de riche qui se fait décimer. Qu’est-ce qui t’arrive ?

- Tu penses qu’il faisait un métier physique ?

- Quoi ?

- Non, pas grand-chose, je voulais juste parier avec toi, mais bon.

- Tu es vraiment le pire, va voir un psy.

- Je pense surtout qu’on est un vieux couple maintenant ! ricanait-il.et comme dans tous couples où l’amour retombe, on commence à voir les défauts de l’autre. J’ai toujours été comme ça. Et de ton coté, déjà quand tu avais fait ton stage avec moi tu avais déjà cette tendance à ne pas prendre toi-même les indices qui te venaient sous la main.

- Tu veux jouer la compétition contre moi, c’est ça ?

- Et pourquoi pas ? dit-il une petite étincelle dans les yeux.

L’inspectrice fit le tour du corps, posa quelques questions aux scientifiques proche, les témoignages des policiers présents, regarda autour de la rive, sous le regard moqueur de Greman, qui avait déjà une idée fixe des évènements. Elle prit alors son temps et revint vers son collègue.

- le temps a été particulièrement mauvais ces derniers temps. Le lit de la rivière avait grandement monté, le meurtre s’est fait au couteau, donc le sang a dû être lavé par l’eau.

- C’est tout ? lança-t-il déçu.

- nous manquons cruellement d’informations, l’équipe scientifique pense que…

- Je m’en fout de l’équipe scientifique. Toi. C’est tout ce que tu vois ici ?

- Ouais.

- je dois être un piètre instructeur alors… s’en alla-t-il

- Oh grand professeur… implora-t-elle d’une voix lasse. Eclairez nous de vous lumières, vous qui êtes si intelligent !

- non, non. J’aime juste les puzzles, et celui-là ne m’a pas l’air si compliqué, voilà tout.

Il revint, s’assit à côté du macchabé, et se tourna vers Ferdinand.

- en effet, l’arme du crime est certainement un couteau, ou au moins un outil tranchant du genre. Pour ce qui est du lieu du crime, une idée ?

- dans les alentours ? jeta-t-elle sans convictions.

- c’est vague. En parlant de vague, en effet, le lit de la rivière avait débordé ces derniers jours, et c’est totalement au désavantage du tueur que le cours d’eau n’ait pas débordé longtemps. Le corps s’est fait porter sur le rivage, et l’eau est revenue à la normale avec du temps, ce qui explique la position des jambes décalées dans le sens du courant.

- ok. Donc je n’étais pas si loin alors.

- et le lieu du crime est… quelque part en amont de la rivière. Ferdinand lui jeta un regard désapprobateur. C’est stupide dit comme ça mais c’est bien plus précis et correct que « dans les alentours ». Ce qui nous mène au tueur. Pour quelle raison le corps se retrouverait dans l’eau ?

- pour se débarrasser du corps.

- Précisément. Et pour quelle raison se débarrasserait-on d’un corps

- Pour ne pas se faire gauler, évidement.

- c’est plus simple que ça, on se débarrasse d’un corps parce qu’on a tué quelqu’un. Et pour quelle raison on tuerait quelqu’un ?

- il y a plein de raison mais je ne sais pas.

- c’est bien de l’admettre, moi non plus pour le coup.

- on est bien avancés du coup.

- Quel est le but de notre métier, si tu te souviens.

- Deviner les intentions d’un criminel afin de savoir qui il est.

- en somme oui. C’est valide, j’accepte. Du coup, je viens t’ajouter une nouvelle pierre à ta réflexion. Notre victime est environ de six, sept feuilles A4. Environ 1m80 à 2m. l’entaille, sa profondeur et l’angle, surtout l’angle en réalité, correspondraient à une personne d’environ 1m60, voir 1m70 grand max. la victime a due être prise par surprise et ne s’est pas débattue, mais ça c’est mon hypothèse, pour le coup le légiste nous donnera l’info.

- 1m60 ? c’est la moyenne des tailles de femmes n’est-ce pas ?

- il y a en réalité aussi de nombreux hommes de cette taille, mais partons sur une femme. Pour quelle raison une femme tuerait un homme.

- infidélité, vengeance, coup de sang,… le genre de cas qu’on croise de temps en temps.

- As-tu vu la plaie du couteau ?

Elle s’approcha pour constater une coupe nette, bien plus propre que de nombreux cas qu’elle avait déjà observés.

- Où veux-tu en venir Greman ?

- ce n’est pas le genre de taille que l’on fait sur un coup de chance. Le meurtrier que l’on cherche doit déjà être une personne que l’on a en viseur.

L’inspectrice ne mit pas longtemps à réagir.

- Non. Ça ne pourrait pas être elle.

- ne rejette pas la possibilité que tu as. Dit toi, et si c’était elle, pour quelle raison aurait-elle tuée cet homme ?

- si c’était elle hein ? si c’était elle… est-ce du hasard et qu’elle était dans un mauvais jour ? non. Ça ne peut pas. Ça ne colle pas.

Elle fit les cents pas.

- une cible désignée ? c’est possible on ne sait pas qui elle est, et si elle est vraiment assassin…

- Si elle n’était pas un assassin, mais bien une meurtrière dans ce cas ?

- Elle se débarrasserait de lui car il en savait trop ?

- Sur quoi te base tu ?

- L’in… L’instinct, je crois.

- dans ce cas, essaye de deviner pourquoi l’instinct te guide sur cette possibilité.

- je ne sais pas.

- dans ce cas, si je te disais qu’un employé suspect de la société Quimest avait disparu près d’un pont et qu’à ce jour les recherches n’ont jamais rien données ?

- dans ce cas, se serait quelque chose comme… des pions qu’elle utiliserait et qu’elle jetterait une fois sa cible atteinte. Pour ne pas que l’on remonte à elle.

- Oui. Je ne vois rien d’autre également. Cet homme n’était qu’un insecte qui volait autour d’elle et qui pouvait la compromettre, elle s’en est donc débarrassée.

- dans ce cas. Est-ce que ça ne voudrait pas dire qu’elle ne fait pas partie d’un groupe et qu’il s’agit juste d’une personne isolée ?

Greman ne répondit que d’un sourire satisfait.

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