Voilà mon moi

de Image de profil de Kami NûKami Nû

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Bon.

Mon chéri.

Derrière ce tas de peau adipeux, d'os et d'organes en activité se trouvent un passif, un être sensible et conscient.

Je t'aime, et parce que je décide de t'aimer je décide aussi de me raconter.

Ce corps là que tu vois, là, ces yeux que tu traverses de ce regard que j'aime tant, ont par moments soufferts. Ont tracés les sillons de celle que je suis désormais.

Nous sommes la somme de nos expériences.

Alors commençons. Pas désirée petite, pas aimée ni soutenue. J'ai du mal à appréhender alors l'idée qu'on puisse s'attacher à quelque chose, aussi mignonne soit-elle, rejettée d'un nid.

Les oisillons en meurt aussitôt qu'ils en tombent.

Je t'aime et je suis morte.

Je meurs de savoir qu'on puisse m'abandonner encore, l'amour me ramène à la vie et je m'effondre quand tu pars. Mes blessures se ravivent aussitôt.

Le moindre signe de distance de ta part peut alors être interprêté comme un désintérêt profond, un rejet archaïque, un rappel d'absence de dignité d'être aimée, ou du moins validée.

Quand tu me dis que je suis belle, je suis prise de torpeur à l'idée de ne plus l'être un jour à tes yeux. De n'être qu'un éphémère... Effet mère, éphémère.

J'ai constamment peur que tu m'effaces, d'être remplacée. J'ai grandi avec cette idée là, que je n'étais qu'un problème, voire un inconvénient auprès de mes premiers liens d'attachements.

Alors, je panique.

Je peux avoir un niveau d'exigence tel avec moi-même que l'idée de te rencontrer sans être ni maquillée, ni apprétée risque de me plonger dans une véritable angoisse.

Je peux aussi arriver au stade où peser mes mots glisse doucement vers une forme de mutisme, pour ne pas risquer de te déplaire.

L'image, et l'image encore... Ou la validation de son propre être parmi les vivants.

Mon adolescence n'a pas été épargnée.

Mon corps s'est transformé, et j'ai naïvement interprété le désir des hommes.

Je me sentais être et exister.

Le lycée me lessivais, première cuite, premiers pétards. Je me fais raccompagner un jour par l'ami d'une amie. Il s'arrête une rue derrière celle de mes parents.

Un type lui ouvre la porte.

Je ne déposerai plainte que neuf ans plus tard, pour viol en réunion. Ce mot me paraissait tellement fort et innoportun; parce que je n'avais pas été attaquée dans une ruelle sombre.

Elle fut classée sans suite.

Alors j'ai honte, et cet habit je le porte depuis mes quinze ans. L'intimité m'a été depuis difficile.

Mais j'y crois et j'essaie, je me retourne, et seize ans déjà ont passé.

Je me sens comme handicapée sexuelle, incapable d'appréhender cette interraction clé avec sérénité. Pendant longtemps, incapable d'égoïsme pourtant nécessaire à cet acte de "plaisir".

Pour terminer ce tableau avec davantage de légerté, sache que je suis friande de bière, tant qu'elle reste légère.

Je me pose alors chez moi et exhorte toutes mes idées et les traces de ce passé lourd en dehors, une bière à la main, du son dans les oreilles.

Et je suis bien.

Sache aussi que je te hais. Je te hais car tu me rappelles à quel point je suis vulnérable, à quel point tu es capable de me déchirer le coeur. Et ce, avec le poignard que je te tends.

J'aime aussi, me lancer dans de nouveaux projets, nouvelles passions sans en atteindre l'horizon. Des projets un peu fous et ambitieux.

Je suis fatigante parfois, enfin...

La vie n'est-elle pas faite pour être vécue ?

Si.

Alors vivons.

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Miroirs internesChapitre2 messages | 5 ans

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