Chapitre XII. Le sang des innocents

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Enfant du voyage

Ton lit c’est la mer

Ton toit les nuages…

Elle connaît cet endroit, c’est le fond. Elle connaît aussi cette chanson et sa gorge se serre douloureusement. Mais surtout elle connaît cette voix et envahies d’un espoir fou ses jambes se mettent à courir.

Été comme hiver

Ta maison c’est l’océan

Tes amies sont les étoiles…

Le rythme de son cœur s’aligne sur celui des mots alors qu’elle rentre dans ce soubassement si familier.

Tu n’as qu’une fleur au cœur

Et c’est la rose des vents

Ton amour est un bateau

Qui te berce dans ses voiles…

Dans un coin de la cave éclairé par les flammes fragiles d’un brasero est accroupie une jeune fille à peine plus âgée qu’elle. C’est pour le nourrisson qu’elle entoure tendrement de ses bras frêles qu’elle chante.

…Mais n’oublie pas pour autant

Que l’on t’attend…

Namuelle s’approche de l’adolescente et s’agenouille auprès d’elle. La voix rassurante continue de chantonner. Les flammes semblent se nourrir de la mélodie et faire reculer l’obscurité lugubre.

Enfant du voyage

Ton cœur s’est offert

Aux vents aux nuages

Là-bas sur la mer …

-Maman ?

L’adolescente s’interrompt et sourit à Namuelle.

-Que veux-tu ma puce.

-Je crois que je me suis perdue.

-Bien sûr que non, puisque tu es ici.

-Oui mais ce n’est pas là que je voulais aller.

-Et où veux-tu aller ?

-Là-haut.

-Je ne vais pas pouvoir t’accompagner.

-Pourquoi ? Pourquoi est-ce que je dois tout faire toute seule ?

La tristesse se peint sur le visage de la jeune mère.

-Pardonne-moi mon petit ange, je ne pouvais pas savoir que je ne vivrais pas pour te voir grandir.

-Alors je vais aller avec toi !

-Ne dis pas de bêtise, quelqu’un veille sur toi, si tu meurs, une partie de lui-même va mourir avec toi. Tu ne veux pas lui faire de mal n’est-ce pas ?

-De qui parles-tu ?

-Il faut que tu t’en ailles maintenant, tu ne peux rester ici plus longtemps.

-Mais j’ai tellement de choses à te demander.

-Si seulement je pouvais être là, maintenant regarde, il vient te chercher, suis-le.

La silhouette d’une ombre se tient à côté d’elle et lui saisit la main tandis que l’adolescente se remet à chanter, pour le nourrisson, pour sa petite fille. De très loin, une voix sortant de l’ombre qui se meut près d’elle appelle son prénom. Peu à peu, le rêve se dissipe et les traits de l’ombre se raffermissent pour prendre ceux du capitaine Houarn.

-Salut matelot, te voilà donc de retour dans le monde des vivants ?

Elle cligne des yeux entre deux mondes, elle croit entendre la comptine chanter par sa mère qui s’éteint.

-T’as piqué une sacrée somme.

-Combien de temps ?

-Un petit peu plus d’une semaine, les médecins t’ont plongée dans le coma pour permettre à ton bras de guérir. Les nanobots avaient besoin que tu te tiennes tranquille pour pouvoir remettre ton coude en états.

Elle essaie de se redresser, le capitaine la retient.

- Vas-y doucement. Tu as le droit de te réveiller, mais pas celui de bouger.

-Comment va Ruty ?

-On va d’abord s’occuper de toi si tu veux bien. Comment te sens-tu.

-Je ne me sens pas en fait, j’ai l’impression d’être toute engourdie.

-C’est normal le doc à en quelque sorte mis ton système nerveux en veilleuse pour que tu ne sentes pas la douleur. Tu devrais pouvoir quitter le lit d’ici une semaine, mais pas d’activité physique, il va te falloir encore un bon mois avant d’être capable de te servir de ton bras normalement.

-Je suis donc en congé maladie ?

-Ne crois pas que tu vas rester à ne rien faire, il me semble que Brem t’a préparée de quoi rattraper ton retard dans tes cours. Des math je crois, il paraît que tu adores.

-Oui mais et le vaisseau ? On a réparé ?

-Tu te réveilles à temps, on se remet en route d’ici un couple d’heures. Gen et Mat ont fini de retaper le stabilisateur. D’ailleurs il faut que je te demande si tu te rappelles ce qui s’est passé avant l’explosion.

-On était dans le nid.

-Mais avant que tu ne rejoignes le nid ?

-Brem me faisait bosser mes maths ensuite j’ai couru jusqu’au nid.

-Tu n’as rien vu en passant devant la chambre des Stabilisateurs ?

-Non, je n’ai pas fait attention.

-Tu ne t’es pas arrêté en route ?

-Ah non, je ne voulais pas rater la sortie de saut.

-Et ensuite ?

-Comme je vous le dis, je suis arrivée dans le nid, il y avait déjà Dow, Fran, Agus et Mirdin.

-Mirdin ? T’es sur ?

-Ah oui, il ne cause pas beaucoup on pourrait presque oublier qu’il est là quelquefois. Mais je suis sûr qu’il était avec nous dans le nid.

-D’accord il faudra qu’on en reparle plus tard. Pour le moment repose-toi.

-Et Ruty ? Demande-t-elle pour la seconde fois.

Il marque une pause qu’il conclut d’un soupir.

-Je suis désolé Namuelle, Ruty ne fait plus partie du voyage.

Namuelle met un temps à comprendre. Houarn peut observer le visage de la jeune fille s’écrouler avant de s’enfouir dans l’oreiller pour y cacher ses sanglots.

D’un geste lent il effleure tendrement les cheveux soyeux de l’enfant du revers des doigts. Puis tout doucement à la manière d’un baume que l’on applique sur une chair meurtrie, il laisse son cœur guider ses mots.

-Je pourrais te raconter un tas de fadaises et de superstitions sur l’esprit de Ruty partit rejoindre un bout ciel plus calme que le nôtre. Mais cela ne change rien au fait qu’il n’est plus là alors qu’il devrait y être et que cela fait un mal de chien. Dans quelques jours tu vas sortir de cette chambre et retrouver les autres. Au début tu vas t’attendre à le voir franchir toutes les portes avec son air de benêt, puis petit à petit il ne viendra plus, son visage va même devenir flou et d’ici quelque temps tu ne pourras même plus te rappeler à quoi il ressemblait, c’est là que cela fait le plus mal. Car tu vas vouloir raconter son histoire, le jour où il t’a sauvée la vie, et tu ne pourras même plus voir son sourire. Pourtant nous allons continuer nos vies grâce à lui et c’est ce que nous partageons tous aujourd’hui, nous avons tous été sauvés par un gamin pas trop doué de ses mains et parfois un peu couillon, mais qui avait tellement de générosité en lui qu’il nous a tous donnée. Alors laisse couler tes larmes, ma puce, il mérite qu’on le pleure. Il va nous manquer.

Il reste longtemps à côté de la jeune fille, jusqu’à ce que les larmes se transforment en sommeil.

Quelque part, le souvenir profondément enfoui d’un homme qu’il avait cru mort depuis longtemps, l’invite à se pencher sur l’enfant pour déposer sur son front un baisé.

En sortant de l’infirmerie il croise Dow et Fran venus aux nouvelles.

-Comment va-t-elle ?

-Je luis est dit pour Ruty. Elle encaisse.

-Et son bras ?

-Elle en retrouvera l’usage rapidement. Puisque vous êtes là j’aimerais vous demander quelque chose.

-Oui ?

-Vous avez rapporté que vous n’étiez que tous les quatre dans le nid, c’est exact ?

-Non dans le nid il y avait aussi Mirdin, répond Dow, mais seulement nous quatre dans la chambre des stabs. Pourquoi ?

Un mauvais frisson lui traverse l’échine. Comment ont-ils pu laisser échapper ce détail ?

Il plante là les deux mousses et fonce en direction du mess ou il surprend Brem penché sur ses fourneaux.

-Où est Mirdin ? demande-t-il abrupte.

-Y doit être en salle d’exercice. qu’est ce qui se passe ?

-Confirme-moi qu’il était dans le nid avant l’explosion.

-Non il était en astreinte à la sécurité incendie.

-Alors on a un problème, Namuelle puis Fran et Dow viennent de me jurer qu’il était avec eux dans le nid.

-Namuelle est réveillée ? Mais attends les gosses nous ont dit qu’ils n’étaient que tous les quatre dans le nid.

-Non ils nous ont dit n’être que tous les quatre dans la chambre des stabilisateurs. On était tellement occupé à essayer de comprendre ce qui s’est passé dans ce fichu compartiment que les mauvaises questions ont été posées.

Se nettoyant les mains de son torchon, Brem s’approche de l’écran sur lequel il suit en permanence ses cadets. Il active sont comlink pour appeler le garçon. Pas de réponse. Il appelle encore.

-Eh Pat ? C’est Brem. Dis-moi, est-ce qu’un de mes mousses, Mirdin, est bien dans ta salle de gym ?

Un instant et l’expression de Brem change nerveusement.

-Ok Merci.

Le capitaine est déjà en train d’appeler la sécurité.

-…Surtout soyez discret. Vérifiez à nouveaux les systèmes vitaux en examinant chaque millimètre de câble. Fouiller tous les sas et passez-moi une fois de plus au peigne fin les réservoirs de carburant. Renforcez les rondes à travers tout le navire, doublez les surveillances aux points névralgiques et trouvez-moi ce gamin !

Il contacte ensuite la passerelle.

-Faye dites-moi si Mirdin est avec vous ? Non, dans ce cas verrouillez la passerelle et mettez la procédure de départ en pause. Vous comprenez ? Isolez la passerelle du reste du navire. Pour votre information, Mirdin pourrait être notre candidat.

À nouveau, le bosco n’obtient aucune réponse en voulant se connecter au comlink du garçon.

-À quand remonte la dernière fois que tu l’as vu ?

-Y’a pas une heure, ici.

-On doit quitter ce système dans moins d’une heure. Réfléchit-il, Si Mirdin est bien notre suspecte, quel devrait être son prochain mouvement ?

-Difficile à dire. Mais ce que je ne comprends pas c’est pourquoi il n’a pas bougé depuis une semaine.

-Son plan A ayant foiré, il lui a fallu du temps pour se trouver un plan B. Avec le niveau de sécurité au maximum cela lui a compliqué la tâche. Nous devrions fouiller sa cabine.

Alors que ses camarades ne se sont pas privés de personnaliser leurs espaces personnels, la cabine de Mirdin ne semble pas avoir été occupée. Chaque chose était à sa place. Trop à sa place peut-être. Les mousses, Brem le sait bien, ont leurs petites cachettes qui permettent de subtiliser à la vue des inspections hebdomadaires quelques dérisoires secrets, photographies, lettres, parfois un jouet ou quelques bijoux sans autres valeurs que sentimentales. Ces petites planques le bosco les connaît par cœur mais à moins qu’une absolue nécessitée ne l’impose, il ne se permet jamais d’en violer leurs contenus intimes. Il ne lui faut donc pas longtemps pour repérer le double fond d’un tiroir habilement bricolé et dissimulé. La cache libère un livret imprimé et une série de cartes mémoire

-Ce matériel ne fait pas partie du cursus. S’exclame le Bosco, Il s’agit du manuel de maintenance d’un système d’arme. Il y a même un tampon top secret.

Houarn feuillette l’ouvrage.

- C’est celui d’une des navettes avec toute sa panoplie. Mais il y a des informations supplémentaires, en autre sur les moyens de contourner les codes de lancement. C’est une doc du constructeur, Brem, personne n’a accès à ça en dehors des militaires.

- qu’est-ce qu’il veut faire avec une navette, en piquer une ? À ce que je sache il ne sait pas piloter.

Une feuille volante se libère du manuel et Houarn la rattrape avant qu’elle ne touche le sol. Il y reconnaît immédiatement les croquis tracés sur le papier et, en même temps que ses doutes sur l’implication du cadet s’évanouissent, comprend soudain les plans du garçon.

-Il va faire sauter le cœur du générateur de saut !

-Comment ? Le générateur est en chauffe, Le premier qui approche sera grillé sur le champ par les micro-ondes !

-Tu n’y es pas, il va utiliser la puissance de feu d’on dispose la navette, il peut tirer depuis l’intérieur du navire à travers toute la superstructure. Même blindé le générateur d’anti-M ne résistera pas à une salve de missiles où à une charge pulsée. J’appelle la sécurité …

La porte s’ouvre soudain derrière eux, Mirdin se tient un instant surpris dans l’encadrement mais dès qu’il voit le carnet dans les mains de Brem il prend ses jambes à son cou. Les deux officiers se lancent à sa poursuite. Ils traversent bientôt le jardin en direction du mess dans lequel le mousse vient de s’engouffrer en bousculant Agus.

- Sécurité ! Hurle le capitaine dans son Comlink. Le suspect se trouve dans le réfectoire bâbord. Une équipe sur place immédiatement !

De derrière le comptoir Mirdin extirpe une valise cachée sous le plancher technique. Il l’ouvre précipitamment. Les deux hommes qui arrivent au même moment reconnaissent l’explosif.

- Arrière ! Cri le gamin dont le visage d’habitude passif est défiguré par une vague de rage hystérique. Kawrantin et Brem font quelques pas à rebours mais ne quittent pas le mess. De l’autre côté de la salle, un commando en tenue de combat fait irruption et se positionne de part et d’autre du réfectoire prêt à intervenir. Houarn les éloigne d’un signe de main. Ce n’est qu’un enfant.

- Arrière ! Hurle de nouveau le mousse, ou je vous fais tous sauter, tous autant que vous êtes, assassins.

-On se calme mon garçon, avant que tu ne nous envois faire un tour à l’extérieur, tu pourrais au moins nous expliquer. Tente le capitaine.

-Comme si vous l’ignorez, hommes dénaturés ! Je sais qui vous êtes ! Vous vous cachez parmi nous, comme un égal alors que vous n’êtes qu’une monstruosité.

Ka joue le jeu du garçon.

-Je me cache ? De qui est-ce que je me cache ?

-Oh vous voulez jouer à ça ? Mais je connais votre secret, Magister !

Voilà un mot que Kawrantin Houarn avait espéré ne plus jamais entendre.

-J’ignore d’où tu tiens tes informations. Les Magisters sont morts depuis longtemps. Bien avant nous.

-Non, non, n’essayez pas de me tromper Capitaine, Il m’a tout dit.

-De qui parles-tu ?

C’est avec un rictus narquois, certain de son effet qu’il lâche un nom.

-Andymo Berpher !

Les mots font mouche et une bouffée de rage lui sort de la gorge

-Alors qu’attends-tu pour tout faire sauter ? Si tu préfères le croire lui plutôt que moi ? Qui d’après toi à créer les Magisters ?

-Les magisters sont coupables !

-Oui ils le sont ! Et ils ont payé ! Hurle Houarn. Épargne mon équipage, c’est entre nous deux petit.

-Reculez !

Brem fait semblant de sortir à reculons du mess quand Agus apparaît furtivement derrière le comptoir. Le bosco n’a aucun mal à reconnaître son vieux fusil Baikal à double canons sciés que le mousse tient au bout de son bras tendu.

-Et fils de chien ! Interpelle Agus.

Mirdin surpris fait face à son ex-camarade, mais il n’a sans doute pas le temps de comprendre.

-C’est deux-là c’est pour Ruty.

Les deux antiques cartouches de chevrotine détonnent simultanément tandis que le recul fait s’envoler le bras du mousse vers le haut. Mirdin dont la tête est désormais éparpillée sur le mur s’écroule lourdement.

Houarn se précipite sur la bombe et constate avec soulagement qu’elle n’est pas armée et surtout que Mirdin ne la contrôlait pas à l’aide d’un interrupteur homme mort. Il saisit le fusil des mains d’Agus prostré et qui ne comprend pas encore qu’il vient de prendre une vie. Il fait signe à un commando d’approcher.

- Emmenez-le à l’infirmerie.

Brem s’agenouille à côte du corps dont le sang se répand en marre sur le sol. Il explose.

- Trop de gâchis Ka ! Deux de mes enfants sont morts pour des fautes commises il y a des siècles !

- Et on connaît désormais le coupable.

- Le coupable ? On fait demi-tour et on massacre cet enfoiré !

- Est-ce donc aussi simple ?

Comme une équipe d’infirmier approche, le capitaine l’enjoint de se taire d’un signe de la main et d’attendre que les hommes en blanc aient emmené le corps du mousse. Dès qu’ils se sont éloignés, Houarn reprend la conversation.

- Dans quatre jours nous aurons retrouvé Yann sur Refuge, J’espère qu’il en sait plus que nous à l’heure qu’il est. Mais si le Légire est réellement impliqué, je ne veux pas connaître ses raisons. J’en ai fini avec lui. Une fois remise en état, l’Hermine part dans la direction opposée.

- Cette campagne est bel et bien terminée Ka. Mais on ne va pas pouvoir continuer notre voyage avec la moitié de l’équipage qui ignore tout de notre passé.

Houarn approuve d’un hochement de tête soucieux.

-A commencer par Faye Lin, ajoute-t-il tout bas.

-Surtout à commencer par elle, mais dès que nous serons en sécurité auprès de Yann et du reste de la flotte. Il y a trop de tension a bord en ce moment pour s’amuser à leur raconter qu’une partie d’entre nous n’est pas ce qu’elle est.

-Le plus tôt sera le mieux pourtant.

-Ne laisse pas les autres cadets voir ça. Dit Houarn en montrant le sang. Parle avec Agus. En une semaine il vient de perdre un ami et de prendre une vie – Faye ?

- Capitaine.

- Nous venons de stopper Mirdin, c’était bien lui. Il avait une autre bombe en sa possession et s’apprêtait à la faire sauter quand Agus a obtenu vengeance pour Ruty.

- Mirdin mon dieu ? Mais il avait juste quinze ans !

-Relancer la procédure de saut, je vous rejoins.

Dans la timonerie l’atmosphère est loin d’être sereine et il peut le sentir dès qu’ils y entrent. Le succès des réparations exécutées par Gen et la neutralisation de la menace ne suffisent pas à faire oublier à l’équipage que deux membres étaient morts et que l’un d’eux était un traître. Ils ne comprenaient pas pourquoi tout cela arrivait.

L’attaque les a pris par surprise et n’a pas seulement endommagé le navire. Leur ego s’en trouve sévèrement meurtri. Quelqu’un avait osé les attaquer, eux, les conquérants du grand sombre qui ont vaincu milles ennemis et survécu mille batailles. Ils se sont fait cueillir comme des bleus et Ruty, un bleu justement, en avait payé le prix. C’est un sentiment que Kawrantin Houarn partage ; on l’a peut-être pris la culotte baissée, mais il ne va pas falloir lui demander de se pencher en avant.

-Safah contacte le Lancelot.

-Communication établit.

-Lancelot de Hermine, Gordi ?

-Lancelot à l’écoute.

-Juste pour te souhaiter bonne route, une fois ton tour de reconnaissance du côté d’Irmia terminée, ne traîne pas et rejoint nous aux coordonnées que je t’ai transmises.

-Elles n’ont pas beaucoup de sens.

-Fais-moi confiance. On se retrouve là-bas. Hermine terminé.

-Lancelot copie et terminé.

La frégate est prête à partir et n’attend plus que son ordre, il lui reste cependant un rituel à effectuer.

Lorsqu’il s’avance au milieu de la timonerie, l’endroit devient tristement silencieux. Ray se dresse à son tour et se place face à son supérieur les jambes écartées, les bras dans le dos, les mains passées dans sa ceinture.

- Attention sur le pont, Skipper à la manœuvre ! Lance-t-il de sa voix de Centaure qui résonne dans tout le navire relayé par les haut-parleurs.

- Capitaine Picot, Chef de bord, répondez-moi ! qu’est-ce que ce navire ?

- Skipper ! Ce navire c’est le nôtre !

- Est-ce là vraiment tout ? Chef !

- Non-Skipper ! C’est notre famille !

- Est-ce là vraiment tout ? Chef !

- Non-Skipper ! C’est notre vie !

- Est-ce là vraiment tout ? Chef !

- Non-Skipper ! C’est notre liberté !

- Et comment l’appelle-t-on ? Chef !

- Skipper ! On l’Appelle l’Hermine !

- Et quelle est sa devise ? Chef !

- Plutôt la mort que la souillure ! Skipper !

- La mort a-t-elle été choisie ? Chef !

- Oui, Une âme a choisi. Skipper !

- Quel est le nom de ce compagnon ? Chef !

- Ruty Gwall, Skipper !

- Sommes-nous ses débiteurs ? Chef !

- Oui Skipper !

- Que lui doit-on ? Chef !

- La vie ! Skipper !

- Nos vies ne sont-elles donc pas à nous ? Chef

- Non, car nous n’avons rien et n’aurons toujours rien !

- Faites sonner l’adieu au frère.

- Attention, Pour l’adieu, équipage au silence !

Gunny s’empare d’une flûte traversière et entame une longue complainte que retransmet le réseau. Les hommes et les femmes du navire blessé s’immobilisent les mains dans le dos, le regard vers le sol en signe de recueillement. Certains murmurent quelques prières, d’autre serrent les dents et les poings. Finalement les notes s’éteignent doucement, le silence lui se poursuit encore un peu.

- Commandant Lin, Sommes-nous près?

- Paré à quitter l’orbite, coordonnées de saut enregistrées.

- Exécutez.

- Dami faites nous prendre le large, vitesse de libération et coordonnées sphériques standard.

- Vitesse de libération. Temps d’arrivée au Point de sortie de saut estimé à quatre jours.

- Maintenez la vitesse – Gen comment se comportent les stabilisateurs ?

- Stabilisateur en Ligne, condition nominale. Près pour le bon hyper à votre discrétion.

- Capitaine Nous n’avons plus aucune raison de moisir ici, conditions de saut au vert.

- Procédé commandant.

- Lieutenant Preizh, faites-nous disparaître.

- Dans cinq, quatre, trois, deux, un ... bracadabra!

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