16ème chapitre : Révélations

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Une semaine s’est écoulée depuis que mon père m’a avoué être l’auteur de la rumeur nous concernant Dirk et moi.

Aujourd’hui, à part Faustine et Ycare, cela n’intéresse plus personne.

J’ai cessé toute relation avec Dirk, mais je sens mon fiancé toujours méfiant, me surveillant. Parfois, j’ai conscience de son lourd regard noir sur moi. Que faire ? Je mène mon quotidien aussi normalement que possible, voilà tout.

Ycare ignore que je connais tout de sa demande en mariage. S’il savait, il comprendrait que malgré tous ses efforts, je ne tomberais pas sous son charme. Il a menacé ma famille et ça, je ne pourrais jamais lui pardonner.

Mon père n’a caché à ma mère aucune des paroles du garçon. Il a également tout révélé à Junior et moi. Mon frère était très énervé, voulant se battre avec mon prétendant. Maman et moi l’en avons dissuadé. J’ai dit à mon père d’accepter les prétentions d’Ycare. Il n’a pas cherché à me faire changer d’avis, Catherine, malgré ses larmes, non plus. Elle savait qu’elle devait sacrifier le bonheur de sa fille pour préserver l’avenir de son mari, son fils, et le sien.

Aujourd’hui, je me sens seule… pas à ma place. Je ne peux me confier à personne et ça me pèse. J’aurais voulu parler à Junior, cependant il est introuvable. Je me fais du souci pour lui, j’ai la désagréable impression qu’il trame quelque chose et que ça pourrait mettre en péril le fragile équilibre de notre famille.

Assisse sur mon lit, je rêve du monde extérieur, me demandant si tout n’était pas plus simple, là-haut, là où l’Abri n’existait pas.

Les gens avaient-ils les mêmes problèmes qu’aujourd’hui ? J’imagine que oui, voire pire avec tous ces crimes, ces bombes… et pourtant, les hommes de cette époque avaient la chance de pouvoir sortir de chez eux, de connaître la caresse du vent sur leur peau, d’entendre le bruit des oiseaux.

Je divague, il faut que j’arrête.

Vanellopé entre alors dans la chambre. Son visage rouge et ses yeux inquiets m’indiquent qu’il s’est passé quelque chose.

Le souffle court, elle s’assoit à mes pieds, et pose son front chaud sur mes jambes dénudées.

- Qu’est-ce qui ne va pas Vanellopée ?

- J’ai surpris une conversation…

- Et ?

- C’était très bizarre, je regrette d’avoir entendu cet échange…

La voix de mon amie se brise, elle ne pleure pas, toutefois je comprends qu’elle a peur.

- Qu’est-ce que tu as entendu ? Qui parlait ?

- Je ne suis pas certaine, je peux me tromper.

Mais dans son regard, je lis qu’elle sait qui sont les personnes qu’elle a surprises.

- Calme-toi et dis-moi tout.

Vanellopée respire un grand coup, ferme les yeux, et d’un débit rapide me raconte tout ce qu’elle voudrait n’avoir jamais su.

- Ycare discutait avec son père. Ils étaient dans une pièce et n’ont pas dû s’apercevoir que la porte était légèrement entrouverte. J’ai voulu entrer pour les saluer, cependant quand j’ai entendu la voix dure et presque méprisante de ton fiancé, quelque chose m’a retenu. Il n’avait plus du tout ce ton doux et calme qu’il a quand il parle aux habitants de l’Abri. On aurait dit une autre personne.

Je comprends ce qu’a dû ressentir mon amie, elle ne le sait pas, mais elle vient de découvrir le vrai visage de mon futur mari. Je ne peux m’empêcher de l’interrompre, je voudrais déjà tout savoir.

- Et qu’est-ce qu’il disait ?

- C’est là que ça parait fou. Ycare disait qu’il soupçonnait quelqu’un d’avoir quitté l’Abri durant plusieurs heures, et d’y être revenu sans aucun problème et que même s’il ignorait de qui il s’agissait, il avait des preuves de cet acte.

Je suis presque déçue et d’une voix pas très charitable j’objecte.

- Tu as mal compris. Aucun d’entre nous ne peut quitter l’Abri ; au moindre pas dehors, c’est la mort. Tu le sais pourtant. On nous apprend ça dès notre plus jeune âge. L’air à l’extérieur est pollué, irradié. Si on se risquait dans l’Autre Monde, on mourrait au bout de quelques minutes dans d’atroces souffrances. Tout le monde sait ça. Qui voudrait risquer sa vie et quitter notre refuge ?

Vanellopée n’a pas l’air convaincu.

- Je t’assure qu’Ycare a bien parlé de ça et la réponse de son père tenterait à prouver que…

- Que quoi ?

- Qu’on nous ment depuis le début.

Toujours sceptique, je demande.

- Comment ça ?

- Le père d’Ycare, qui je te rappelle, est quand même la personne la plus importante ici, a dit, et je t’assure avoir bien compris, mon Dieu, si les autres Abris ont été découverts, tout est fini. Son fils a répondu d’un ton furieux, non tout est déjà fini, car la personne qui est sortie a compris qu’on pouvait vivre sur l’Autre Monde ! Cet inconnu va forcément révéler la vérité et alors tout ce pour quoi nous nous sommes battus va s’écrouler !

Mal à l’aise, je n’arrive pas à croire à tout ça. Vanellopée a pourtant l’air sincère et je ne vois pas pourquoi elle mentirait. Toute cette conversation me semble irréelle. Mon amie me jauge, se demandant sans doute si je la pense folle. D’une voix plus douce que précédemment, je la prie de continuer, ce qu’elle fait aussitôt.

- Pour empêcher que les mensonges des Hauts-Placés ne soient divulgués, Ycare et son père ont décidé de tout faire pour retrouver qui est l’habitant ayant pris le risque de quitter l’Abri.

Vanellopée s’interrompt et me fixe de ses grands yeux humides. Elle renifle, retient ses larmes et a un cri étouffé.

- Oh ! Léa, qui que ce soit, ils vont le tuer ! »

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