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Alors qu'Arganthaëlle triait ses aromates et composait des bouquets pour les sortilèges, on frappa à la porte. Étrange. Serge ne devait venir qu'en fin d'après-midi.

Elle entrouvrit. Aymeric.

— Salut Thaëlle ! Tu me laisses entrer ? Ça caille dehors.

Quand son frère venait dans la maison de leur enfance, Arganthaëlle avait toujours cette impression de retourner en arrière. Quand leurs parents étaient encore là et qu’ils étaient encore complices. Malheureusement, les visites de ce dernier se faisaient rares. Isabel devait considérer leur vieille maison campagnarde comme un taudis. Elle s’était horrifiée la seule fois où elle était venue quand elle avait appris que les toilettes étaient dans le jardin.

— Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-il en étudiant les bouquets.

— Y a des druides qui sont plus capables de se baisser par terre pour ramasser leurs herbes, ou qui sont trop fainéants. Du coup, je leur vends.

Elle tut qu'elle en gardait pour elle-même et s'essayait aux sortilèges, ne sachant comment il réagirait.

Il secoua la tête en s'esclaffant.

— N'importe quoi ! Enfin, ça me conforte dans mon idée.

— Ton idée ?

Il s'assit sur une chaise.

— Celle de quitter l'Ordre.

— De quitter l'ordre ? Par les korrigans, t'es malade !

— Je suis parfaitement sérieux Thaëlle. Je suis jamais d'accord avec eux.

— Mais tu fais partie du Premier Cercle !

Comment pouvait-il faire ça ? Il passa une main dans ses cheveux bruns.

— Tu peux pas comprendre !

— Ça c'est sûr ! Tu as la chance d'avoir intégré le Premier Cercle de l'Ordre et tu veux tout quitter. Si t'es en désaccord, change les choses !

Une illumination la traversa.

— C'est Isabel qui veut que tu arrêtes ?

Penaud, il hocha la tête.

— Tu comprends, on va bientôt se marier. On prévoit d'avoir des enfants. Elle supporte pas nos coutumes celtes de paysans.

Arganthaëlle serra les poings et asséna :

— Tu vas renier tout ce que tu es pour elle ?

Aymeric se leva d'un bond :

— Je te permets pas ! Tu comprends pas... T'as jamais été amoureuse.

Un rire froid s'échappa des lèvres d'Arganthaëlle. Elle était loin la complicité de leur enfance.

— Détrompe-toi ! Je suis amoureuse.

Les yeux d'Aymeric la dévisagèrent avec surprise.

— Toi ? Amoureuse ?

— Parfaitement. Il s'appelle Serge. C'est très sérieux entre nous.

— Serge ? L'apprenti qui a été exclu de l'Ordre ?

Elle hocha la tête.

— Parfaitement.

— Tu peux pas fréquenter ce type…

— Et pourquoi donc ?

— Tu penses vraiment que tu lui plais ? Il a une idée derrière la tête, j’en suis sûr.

Arganthaëlle serra les poings et défia Aymeric du regard. Il ne baissa pas la tête, semblant sûr de lui.

— Sors de chez moi ! hurla-t-elle en l'attrapant par le bras. Je veux plus jamais te voir !

La porte à peine refermée, elle explosa en sanglots, le cœur en miettes. Pour une fois que tout lui souriait, son frère venait tout gâcher.

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