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Arganthaëlle suivait Serge dans la grande clairière qui allait accueillir la fête de Beltane. Le cœur chagriné, elle ne cessait de penser aux paroles blessantes de son frère. Elle n'avait pas osé en parler à son compagnon. Des jeunes gens s'étaient installés autour du mât de mai, grand mât en bois installé au centre par les druides. Les musiciens entamèrent une mélodie rythmée. Arganthaëlle tira Serge par la main avec enthousiasme. Son frère ne ruinerait pas sa soirée. Cette tradition était réservée à des couples ; elle avait toujours souhaité y participer. Ils attrapèrent chacun un ruban, Arganthaëlle un rouge, Serge un jaune, et se placèrent dans la ronde. D'un seul élan, tous les danseurs se mirent à piétiner le sol en cadence avec le tambour et la cornemuse. Et tourne, et vire. Les hommes et les femmes ne cessaient de se croiser, passant leurs rubans l'un au-dessous de l'autre à chaque fois. Rapidement, ceux de Serge et Arganthaëlle s'emmêlèrent au lieu de former la tresse attendue. Riant à gorge déployée devant le désastre, ils laissèrent leur place à deux autres danseurs qui trépignaient d'impatience et s'indignaient du résultat. Main dans la main, ils errèrent parmi la foule joyeuse.

Les deux amoureux observèrent les druides qui étaient occupés à bénir le bétail près du grand feu de joie magiquement créé. Autrefois, c'était une mission importante, surtout pour les paysans. De nos jours cela n'était que pure tradition. Quelques animaux seulement étaient amenés et bénis par des sortilèges protecteurs. Du coin de l'œil, Arganthaëlle aperçut Aymeric parmi les druides. Il était venu. Lui qui voulait quitter l'Ordre. A ses yeux, l'agacement la saisit. Elle serra plus fort la main de Serge. Aymeric n'avait aucun droit de juger ainsi leur relation, il ne le connaissait pas ! Il ferait mieux de s'occuper de son Isabel...

Après le bétail, les participants s'étaient amusés à sauter par-dessus le feu de Beltane. C'était censé porter chance, ou plutôt apporter la fertilité. Arganthaëlle et Serge s'amusèrent à enjamber ensemble les flammes. La soirée continua ainsi de longues heures entre chants, musiques, danses et rires. Alors que la nuit se faisait de plus en plus noire, les invités s'échappaient peu à peu. Serge saisit la main d'Arganthaëlle :

— J'ai une surprise pour toi.

— Vraiment ? C'est quoi ?

Il secoua la tête.

— Ce ne serait plus une surprise. Rien qui se donne, précisa-t-il, il faut que je t'emmène.

Il lui attrapa la main et l'entraina à sa suite en riant. Après quelques minutes de course, Serge s'arrêta. Il posa ses lèvres sur celles d'Arganthaëlle, les mordillant. Le baiser s'approfondit et généra une vague de chaleur dans le bas-ventre d'Arganthaëlle. Lorsque Serge s'écarta, elle ne put retenir un gémissement.

Uruz Uruz Uruz, murmura-t-il.

Aussitôt une dizaine de bougies s'enflamma et éclaira une petite clairière. Au centre, une couverture blanche qui semblait douce était installée, une rose rouge posée dessus.

Arganthaëlle regarda Serge les sourcils dressés.

— J'ai pensé qu'on pourrait prolonger la soirée en observant les étoiles.

Observer les étoiles ? Arganthaëlle se retint de rire. Clairement, les étoiles ne semblaient pas la priorité de Serge au vu du regard brûlant qu'il posait sur elle. Était-elle prête à passer ce cap dans leur relation ? Au vu de la moiteur entre ses cuisses, son corps en mourrait d'envie. Mais c'était un gros bouleversement dans leur couple. En même temps, elle n'avait jamais eu envie d'attendre le mariage pour découvrir les plaisirs de la chair.

— Avec plaisir, proposa-t-elle.

Serge saisit la rose et lui offrit.

— Pour la plus belle et la plus puissante des vates, déclara-t-il.

Arganthaëlle s'empourpra. Jamais, on ne lui avait fait de compliments sur sa beauté. Cependant, elle appréciait qu'il admire aussi ses pouvoirs.

Allongée, Arganthaëlle faisait mine d'étudier le ciel étoilé tandis que Serge la dévorait des yeux, ses mains caressant la peau de ses bras, de sa gorge. Emplie de frissons, elle tourna sa tête vers lui. Aussitôt, comme aimantées, leur lèvres fusionnèrent. Chaque mordillement emplissait son ventre de plus de chaleur. Pivotant tout son corps, elle se rapprocha encore et entremêla ses jambes à celles de Serge. Il butina son visage de petits baisers. Une de ses mains glissa sur la peau hérissée de sa cuisse puis s'arrêta.

— Continue, ordonna Arganthaëlle la voix rauque.

— Tu es sûre ? vérifia Serge.

— Certaine.

Ce fut les dernières paroles qu'elle prononça cette nuit-là. Le reste ne fut que gémissements de plaisir.

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