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Assise dans l'herbe à côté du potager, Arganthaëllle écoutait Serge avec attention.

— Donc, tu vois, si tu inscris une rune à l'envers, elle prend le sens contraire. Tu multiplies ainsi la quantité de sortilèges que tu peux créer. Répète-moi le nom des six premières runes et leurs signification.

Appliquée, elle récita :

Fehu, la richesse, le bétail. Uruz la force. Thurisaz, Ansuz, Raido, le voyage. Kaunan, le feu.

— Parfait ! Donc par exemple, si tu voudrais donner plus d'énergie à ton coq, tu utiliserais quelle rune ?

D'un geste, il désigna l'animal qui se pavanait au milieu de la cour.

— J'utiliserai Fehu pour lui et Uruz pour la force ?

— Oui, dans quel ordre ?

Arganthaëlle mordilla sa lèvre. L'ordre avait une importance ? Quand elle avait vu son frère tracer des symboles puis psalmodier, la magie des druides lui avait paru bien simple alors qu'elle n'était que réflexion et anticipation. Loin de sa magie instinctive de guérisseuse.

Uruz d'abord ? tenta-t-elle.

— Je t'embête, ricana Serge. L'ordre n'a aucune importance. Tout comme pour la signification, c'est ce à quoi tu vas penser en prononçant les mots qui va réaliser ton sort. L'ordre des mots doit juste te sembler logique dans ton esprit.

Elle le tapa gentiment sur le bras.

— C'est pas gentil de se moquer ainsi !

— Comment puis-je rattraper ma vile attitude ? chuchota Serge en s'approchant d'elle.

— Comme ceci ! lança-t-elle en apposant ses lèvres sur les siennes pour un profond baiser.

Une douce chaleur se propagea dans son bas ventre. Jamais elle ne se lasserait de ces sensations ! Depuis l'équinoxe, ils ne cessaient de se voir, souvent pour que Serge dévoile les secrets des druides à Arganthaëlle, mais aussi pour discuter et pour batifoler. Leurs baisers se faisaient de plus en plus profonds, leurs caresses de plus en plus osée. Arganthaëlle attendait avec impatience et appréhension le prochain cap que passerait leur relation.

— Suis-je pardonné ? susurra Serge en rompant leur baiser.

— Je pense que tu peux faire mieux.

Il s'exécuta docilement, sa bouche attachant la sienne, une main posée entremêlée dans ses cheveux et l'autre caressant la peau de sa cuisse sous sa robe. La peau d'Arganthaëlle se hérissa. Quand ils s’écartèrent finalement, elle faillit trébucher sur le coq qui s’était avancé dans son dos.

Elle se rattrapa à Serge et ricana.

—Décidément ce coq a peut-être pas besoin de plus d’énergie ! Je peux tenter le sortilège inverse en traçant la rune à l’envers ?

Serge étira ses lèvres dans un sourire et acquiesça.

— C’est en pratiquant que tu t’entraineras vraiment. Apprendre les runes et leur signification, c’est bien joli, mais il faut ressentir la magie à l’œuvre.

Il sortit d’une sacoche de cuir un carnet et un crayon de bois et les tendit à Arganthaëlle. Appliquée, elle se concentra et traça la forme de la rune telle qu’elle la voyait.

Satisfaite de son résultat, elle le montra à Serge qui opina de la tête.

— Il te faut un catalyseur aussi.

Arganthaëlle se dirigea dans sa maison. Elle étudia les herbes séchées qui pendaient aux poutres et réfléchit. Le thym et la sauge lui semblaient convenir. Energisants, ils soutiendraient sa magie. Elle s’en saisit et les montra à son compagnon qui l’avait suivi.

— Parfait. Prononce le nom de la rune maintenant. Tout en appelant ta magie et en pensant à l’effet que tu veux qu’il ait.

Uruz, cria Arganthaëlle.

Son noyau magique vibra au creux de son ventre, bien différente de celle qu’elle avait ressenti lors des baisers de Serge. Elle visualisa un coq bien plus calme, arrêtant de gambader partout. Le bouquet d’herbes s’enflamma dans sa main. Elle le lâcha et l’observa se consumer. Tout du long, sa magie s’activait. Quand il ne resta plus que des cendres, elle releva la tête et vit le coq tituber avant de s’écrouler. Elle ouvrit la bouche de stupeur. Elle avait réussi. Elle pouvait faire la même chose que les druides. L’animal ne se relevait pas. Inquiète, elle s’avança vers lui. Serge la rejoignit.

— Tu crois qu’il va bien ? demanda-t-elle.

— Je pense qu’il s’est simplement endormi. Il faut aussi apprendre à doser la magie. En hurlant ainsi ta rune, ta magie a cru qu’il fallait une grosse dose de pouvoir.

Arganthaëlle rougit. Il lui restait encore beaucoup à apprendre sur les runes. Elle se releva et sourit à son amoureux.

— Merci de prendre le temps de m’apprendre. C’est tellement important pour moi.

Encore une fois, elle décida de traduire sa reconnaissance avec des baisers démonstratifs.

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