Cette première nuit, cette première découverte ensemble, c’était à nous. Nous avons donc eu accès à cette tombe, nous y sommes descendus ensemble comme un couple. On aurait pu rester dans l’histoire si cette tombe n’avait pas été pillée dans l’Antiquité. Nous avons été déçu sur le moment mais très vite. J’ai vu ta déception, que tu cachais derrière un beau sourire. Cependant, tu as vu le bon côté des choses et ton entrain a contaminé tout le monde : mes collègues et moi-même. Tout d’abord, nous nous sommes concentrés sur les hiéroglyphes, qui énuméraient le passage de la vie terrestre à la vie éternelle, « les formules pour sortir le jour », j’entendrais toujours ta voix quand tu les lisais :

Celui qui aura appris ce livre sur Terre ou qui l’aura fait écrire dans sa sépulture, il sortira tous les jours qu’il voudra, et il rentrera dans sa tombe, sans obstacle, il lui sera donné du pain, de la bière, de la viande provenant de l’autel de Ré, il recevra un terrain dans les champs de roseaux où il lui sera donné de l’orge et du blé et il sera florissant comme il était sur Terre…

Tous t’écoutaient attentivement puis tu es venue me rejoindre pour lire la formule pour sortir au jour, peut-être croyait on faire renaître une nouvelle fois, cette femme :

« O âme très vénérable, je suis venu te voir, te pénétrer dans le monde des morts, voir mon père, écarter les ténèbres, car je suis ton bien-aimé, je suis venu voir mon père Osiris. J’ai tranché le cœur de Seth qui avait fait du mal à mon père Osiris, alors ouvrez-moi toutes les routes du ciel et de la terre puisque je suis le fils chéri de son père. Je venu anobli, béatifié, Préparé. O vous tous les dieux, tous les bienheureux, laissez-moi passer car je suis le Dieu Thot. »

Ce moment, je ne l’oublierai jamais. Ce fut le plus beau jour de ma vie. Je t’ai alors vu en plein travail : tu les as observé, reproduis et le soir, nous les étudions ensemble. J’aimais travailler avec toi, tellement.

Le problème était que tout le monde aimait aussi. Et ton collègue : ce Damien, ce rouquin te collait de trop près. Il ne comprenait pas que tu étais à moi, rien qu’à moi. Mais à ce moment, j’arrivais à relativiser et tu me rassurais, nous étions un couple. Alors, je cachais ma jalousie, je savais que tu ne l’aimais pas comme tu m’aimais moi !

Nos nuits étaient magiques, sensuelles. J’admirais ton corps, j’adorais tant le caresser, le sentir, le goûter et quand je ferme les yeux aujourd’hui, je le vois encore.

Chaque nuit passée dans tes bras me dévorait l’âme : très vite, tu es devenue mon tout, ma drogue. J’avais un besoin physique de toi…

Aujourd’hui entre ces quatre murs, je suis en manque. Je n’ai plus rien de toi, ils m’ont tout enlevé ces chacals, mis à part mes souvenirs. Tous mes « gri-gri » ont disparu. Je ne peux plus humer ton odeur, je ne peux que l’imaginer.

J’aimerai tellement venir te rejoindre, comme avant, à deux, rien que deux. Ils m’en empêchent, mon cœur. Ils font tout pour nous séparer encore une fois.

Je voudrais être au paradis, avec toi mais j’ai gagné l’enfer.

Alors, je ferme les yeux et je te vois : ton sourire, tes éclats de rire, tes yeux coquins, ton doux visage et ton tatouage que j’aimais toucher de mes doigts.

MON AMOUR

Je t’aimais là bas en Egypte, sur ces chantiers, mais quand tu es partie, tout s’est écroulé…

A Paris, plus rien n’était comme avant.

Tu n’étais plus à moi comme là bas.

C’était de leur faute mais tu n’as pas voulu m’écouter.

Mon amour est intact malgré tout, même si j’ai fauté dans d’autres bras…