L’archéologie, l’égyptologie, ma passion mais aussi la tienne. C’est là-bas, dans notre pays que nous nous sommes rencontrés pour la première fois sur ce chantier franco anglais où une magnifique tombe allait être découverte.

La XIXème dynastie, celle des Ramsès : le plus célèbre : Ramsès II, le pharaon bâtisseur. Il y a encore tant à découvrir. Tu étais tellement passionnée et j’aimais cela. C’est une de tes qualités qui m’a fait fondre. Pourtant, rien ne nous prédestinait, tu étais issue d’une famille modeste, normale comme tu aimais à le dire et moi, le parisien issu de la haute bourgeoisie appartenant à la jeunesse dorée. Mais tu étais si différente des autres : souriante, adorable, jamais en colère et cette passion qui t’animait. Tu le faisais partager à tout le monde et tous t’appréciaient. Pour moi, après l’amitié, le sentiment d’amoureux s’est immiscé en moi et j’en suis devenu timide.

Je te verrai toujours dans ma tête, la première fois que tu es arrivée avec la mission archéologique du CNRS. Vous étiez considérés comme les pointures, les surqualifiés. J’avoue, je n’aimais pas ton collègue : Damien, trop sûr de lui. Mais toi, toute douce, toute gentille, tu as désamorcé la bombe en nous réunissant sous la tente et en nous expliquant ce que l’Egypte et La France attendaient de nous. Tu es arrivée, souriante et jolie avec ton sèche sur la tête. Il était rose, tu vois, je m’en souviens. Tu t’es assisse, face à moi et tes yeux couleur caramel, avec l’éclat du soleil, m’ont salué. Puis tu t’es adressée aux autres :

__ Bonjour, tout le monde. Je suis Azalaïs et nous allons travailler ensemble pendant une durée de six semaines.

C’est Malik qui est intervenu froidement :

__ Travailler ensemble ? Vous entendez quoi par ça, car nous, nous avons l’impression d’être mis sur la touche….

Damien allait intervenir mais tu l’as observé et il s’est tu pour te laisser parler.

__ Soyons clair, personne n’est mis sur la touche. Damien et moi-même sommes venus ici en renfort. Vous faîtes un excellent travail mais…

__ Ah voilà le mais, lâcha t-il hilare.

Mais tu ne t’es pas démontée, tu as continué toujours avec ton joli sourire :

__ Des mais, il y en a toujours. Le chantier n’avance pas aussi vite que le souhaite les officiels. La saison chaude arrive dans moins de deux mois et il nous faut maintenant des choses concrètes pour les mécènes. Ce sont eux et eux seuls qui ont le pouvoir de faire durer ce chantier. Tout le monde le sait, non ?

Là, tu lui as cloué le bec. Nous nous sommes observés et tu as continué.

__ Alors, essayons de travailler ensemble. Nous ne sommes pas là pour nous faire la guerre. Le but est de trouver cette tombe. Et il nous reste deux mois.

Juliette, notre collègue et amie nous dit alors discrètement

__ Laissons leur une chance.

Malik reprend tout aussi sceptique :

__ Je ne leur fais pas confiance. Ce sont des personnes qui se croient supérieures. Regarde le lui, il nous déteste, ça se voit…

__Je suis d’accord avec Juju, donnons leur une chance.

Il hausse les épaules, blasé mais se résout à faire comme nous.

Tu es restée à nous observer un court instant, puis tu as sorti des plans, des cartes. Et tu t’es lanceé dans des explications. C’était clair et censé. Il fallait creuser ailleurs pour vraiment quadriller la zone.

__ Etes- vous d’accord avec cela, ou pas ?

Juliette et moi-même acquiescions. Nous avons attendu un instant Malik et ton projet fut validé. Chacun de nous avions un lieu précis pour creuser. Et toi, toute grande égyptologue que tu étais, tu es partie creuser avec nous. Tu étais à côté de moi. Au début, j’étais intimidé comme un gosse. Tu ordonnais aux ouvriers de creuser là où tu le voulais, mais avec gentillesse et gratitude. Tu ne manquais de respect à personne.

Peu à peu, j’ai tenté de te parler et tu as été réceptive. Nous avons même terminé par fusionner nos chantiers. Nous avons appris alors à nous connaître.

Azalaïs, égyptologue diplômée de l’école normale supérieure de Lyon, université de Montpellier, thèse passée à l’école du Louvre… bref tu es une tête et avec tous ces diplômes, on sait que tu es une passionnée, encore plus que moi.

Tu es née en Corse d’une mère Niçoise et d’un père Corse. Tu as grandi à Calvi, et lorsque tu parles de ton île, on sent que tu l’aimes cette terre, comme tu apprécies celle d’Egypte.

Brunette, pas très grande, menue et joyeuse voici les traits que je retiendrais de toi à jamais.

Tu as réussi grâce à tout cela à faire plier mon ami Malik et Juliette est devenue ton amie. Et moi ?

De collégue, je suis devenu un de tes amis puis, il y a eu ce soir là…

Et je ne l’ai jamais oublié…