Partie neuf ~ Sentiment nouveau

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Aujourd'hui était un jour un peu spécial pour Suzy et sa maman. Pour la première fois depuis deux semaines, la petite fille allait se séparer d'Anna pour la journée. Elle avait conscience que tôt ou tard, toutes deux devraient reprendre les vieilles habitudes, mais la fillette aurait tout de même voulu rester auprès de sa mère.

Afin de leur éviter d'y aller en taxi, Taylor avait proposé de les accompagner jusqu'à l'école. Comme il n'était pas en service, le policier jugeait être une bonne idée d'y aller avec elles. L'homme se leva peu après Anna et fut étonné de la trouver dans la salle de bain en train de se maquiller. La jeune femme tourna la tête un instant pour lui décocher un sourire qu'il lui rendit automatiquement.

Passant derrière elle, il s'arrêta devant l'évier pour s'en asperger le visage d'eau. Anna, qui s'était décalée sur le côté, contempla le jeune homme et son buste musclé. Elle en oublia d'ailleurs son maquillage, tellement elle semblait en admiration devant lui. Les poils de son avant-bras se hérissèrent lorsque le bras du policier vint le frôler, alors qu'il relevait le visage pour attraper l'essuie-bain. Les yeux d'Anna se posèrent sur le miroir où elle acheva ce qu'elle faisait cinq minutes avant que l'homme ne viennent troubler ses pensées.

– Vous devriez vous maquiller plus souvent, dit Taylor, le regard rivé sur le reflet féminin.

– Vous avez raison et c'est ce que je compte faire. Je veux me débarrasser de l'image que j'avais quand je vivais avec Franck, répondit-elle d'un ton sûr.

Le policier resta silencieux un moment avant d'avouer d'une voix franche.

– Je vous trouve changée, Anna. Vous êtes plus forte, plus confiante qu'il y a quelques temps.

La jeune femme stoppa son geste et fixa Taylor à travers le miroir. Elle se retourna vers lui pour lui répliquer de façon enjôleuse.

– Peut-être parce que j'ai toutes les raisons de l'être.

L'école se situait dans un quartier tranquille, loin du brouhaha quotidien de la ville. Suzy se précipita hors du véhicule afin de rejoindre ses amies qu'elle n'avait plus vues depuis longtemps. Le policier songea immédiatement à prévenir l'institutrice de la fillette, ainsi que la directrice de l'école, de la situation. En aucun cas, le père de Suzy n'était autorisé à franchir la zone limite de l'établissement. Seule la mère avait le droit de venir rechercher sa fille.

Une fois l'information transmise, Taylor et Anna quittèrent l'école non sans un léger stress pour la jeune femme. Cette dernière se souciait surtout de la présence de Franck sur les lieux. Elle n'osait imaginer les intentions qu'il aurait s'il apprenait le retour de Suzy à l'école. Franck en profiterait sûrement pour récupérer l'enfant et l'éloigner de sa maman, comme elle l'avait fait avec lui. Le policier remarqua l'inquiétude d'Anna et ne manqua pas de la rassurer sur la sécurité de sa petite fille.

De retour chez l'agent Calder, celui-ci abandonna son profil de flic pour se consacrer au rangement de la maison. Aidé par Anna, Taylor se transforma en un véritable homme de ménage, provoquant une certaine surprise chez sa partenaire. De temps en temps, la jeune femme riait de le voir dépoussiérer avec vivacité, il frottait jusqu'à ce qu'il ne reste plus la moindre saleté. Anna n'arrivait pas à croire qu'un homme pouvait être maniaque à ce point. Peut-être était-ce l'absence d'une femme qui l'avait rendu ainsi, ce qui expliquerait son acharnement à toujours vouloir que tout soit propre et bien rangé.

Taylor mit également de l'ordre dans d'anciennes photos qu'il gardait dans une boite en carton. Parmi la panoplie d'images, se trouvait l'ex-femme du policier à l'époque où ils étaient heureux. Anna pouvait maintenant mettre un visage sur l'idiote qui lui avait brisé le coeur. Elle proposa à l'agent de brûler toutes les photos sans exception. Après tout, son ex ne méritait pas qu'il garde ces douloureux souvenirs. Taylor éclata de rire face à la remarque de la jeune femme en approuvant l'idée.

– Je n'ai pas encore eu l'occasion de vous remercier pour tout ce que vous faites, lâcha Anna. Ce que vous avez fait pour ma fille et moi était très aimable. Vous n'étiez pas obligé, je veux dire, vous êtes policier et c'est votre rôle de protéger les gens, mais vous n'étiez pas obligé de nous héberger. Et pourtant, vous l'avez fait.

Anna marqua une pause, toisant les beaux yeux bleus de l'homme qui la regardait en silence.

– Vous êtes là pour moi, reprit-elle doucement. Vous me soutenez dans mes démarches et m'accompagnez quand vous le pouvez et pour ça, je ne vous remercierais jamais assez.

Taylor fixait le visage de la jeune femme. Il en scrutait chaque parcelle. Ses iris clairs, puis ses pommettes joliment dessinées, de même que son petit nez. Et enfin, sa bouche, sa bouche si désirable, si sensuelle à laquelle l'homme avait difficile à résister.

– Si j'agis de cette façon, ce n'est pas seulement parce que je suis flic, répondit l'agent. Vous êtes une personne très courageuse, Anna. Vous êtes drôle, belle et intelligente. C'est vrai que ma première pensée a été de vous héberger car vous méritiez une protection, mais à présent, je ne vous protège plus parce que vous le méritez, je vous protège parce que je vous apprécie, je vous apprécie même beaucoup.

Anna ne répliqua pas, trop abasourdie par ces propos. Elle se contenta de dévisager l'homme qui, vraisemblablement, éprouvait des sentiments à son égard. De son côté, Taylor n'en pouvait plus, il mourrait d'envie de l'embrasser, de goûter au délice de sa bouche. Lentement, le policier approcha son visage d'Anna qui restait figée. Il posa alors délicatement ses lèvres sur les siennes. Des lèvres douces comme de la soie, se prêtant au jeu de la séduction de manière hésitante.

Hélas pour lui, le baiser fut de courte durée. Anna s'éloigna, baissant la tête vers le vide. Aussitôt le policier se sentit coupable de l'avoir prise au dépourvu. C'était encore trop tôt, il le savait et pourtant, Taylor ne pouvait s'empêcher de se dire que cette jeune femme ressentait la même chose pour lui.

– Pardon, je suis désolé, s'excusa-t-il.

– Non, c'est moi qui suis désolée, chuchota Anna. Tu n'as rien à te reprocher, tu es quelqu'un de gentil, sensible et attachant, mais je crois que je ne suis pas encore prête pour une nouvelle relation.

L'homme acquiesça avec regret. Ce dernier saurait attendre si tel était le choix d'Anna. Il connaissait son vécu et par conséquent, pouvait parfaitement comprendre qu'elle se méfiait des hommes. Taylor décida de rassembler l'intégralité des photos qu'il rangea dans la boite en carton. Ce dernier la brûlerait plus tard, rien ne pressait. Levant le nez vers le cadrant de l'horloge, celle-ci lui indiquait quinze heures, heure de la sortie d'école de Suzy.

Une file de voitures s'étaient déjà stationnées le long de la route. Le policier s'intercala entre deux véhicules qui avaient laissé une distance raisonnable pour lui se garer. Anna se posta devant la grille, à l'entrée de la cour de récréation. Voyant sa fille jouer plus loin en compagnie d'autres enfants, la jeune maman lui fit de grands signes pour lui signaler sa présence. Suzy courut vers sa mère qui la prit dans ses bras.

Dès qu'ils furent rentrés, Anna s'occupa des devoirs de la fillette comme à chaque fois. Dessinant les parts de tarte, celles-ci s'avéraient très efficaces quand il s'agissait de calculs. Suzy comprenait facilement grâce aux méthodes fournies par sa maman, ce qui lui permit de réaliser rapidement ses exercices.

Les devoirs terminés, la petite fille eu droit à un goûter bien mérité pendant que Taylor était en pleine discussion au téléphone. Ses collègues avaient besoin de son aide au poste et lui demandaient de les rejoindre. Le policier en informa la jeune femme, lui annonçant qu'il n'en aurait pas pour longtemps. Il s'éclipsa ensuite hors de chez lui.

Anna profita au maximum de ces quelques heures pour accorder du temps à sa fille. Elles jouèrent à des jeux, regardèrent la télévision et firent même une partie de cache-cache. Toutefois, Anna fut prise d'une drôle de sensation, comme si quelque chose lui manquait, comme si elle n'était pas totalement satisfaite du moment présent. Et là, l'évidence la frappa de plein fouet. Taylor lui manquait, sa présence auprès d'elle lui manquait. Les sentiments qu'il avait avoués un peu plus tôt l'avait troublée, mais savoir que sa seule réaction était de le repousser lui faisait ressentir une certaine culpabilité. La jeune femme se sentait bien avec lui, elle se sentait renaitre, et surtout, elle voyait Suzy heureuse. La jeune maman n'aurait pas pu rêver mieux de la part d'un homme.

Plus tard, dans la soirée, Anna installa l'enfant dans le grand lit avant de lui lire une histoire. La petite fille ne mit que cinq minutes avant de plonger dans les bras de Morphée. Sortant de la pièce à pas de loup, Anna aperçut une lumière reflétant de la chambre de Taylor. Elle s'avança vers celle-ci pour y découvrir le policier ôter son gilet bleu marine. Un sourire se forma sur son visage tandis qu'elle le dévisageait longuement.

– Tu es rentré ! lança Anna à l'attention du jeune homme.

– Je te l'ai dit, je n'en avais pas pour longtemps, répondit-il en lui jetant un coup d'œil distrait.

Cette dernière garda le silence un instant avant de demander d'une voix hésitante.

– Taylor, je peux rester avec toi cette nuit ?

Ces paroles le stoppa dans le rangement de ses affaires. L'intéressé se retourna, l'air surpris.

– C'est vraiment ce que tu veux ? questionna-t-il d'un ton aussi ravi qu'étonné.

La jeune femme acquiesça tout en s'approchant de lui.

– C'est ce que je veux, je veux être avec toi ! dit-elle en s'emparant des lèvres de Taylor.

Ses mains s'accrochèrent à la nuque de l'homme alors que leurs langues s'emmêlèrent au gré de leur baiser enflammé. Doucement les doigts d'Anna glissèrent sous le tee-shirt du policier pour le lui enlever. Sa mâchoire se coinça entre les mains de Taylor qui l'embrassa à nouveau tandis que leurs vêtements tombèrent un à un sur le sol.

Les draps soyeux accueillirent leurs corps collés l'un à l'autre. La peau d'Anna frissonna sous les nombreux baisers de Taylor. Dans son cou, sur sa poitrine et son ventre. Il la caressait avec tendresse sans aucune insistance. Anna, qui maintenant avait en lui une confiance absolue, n'appréhendait pas la suite. Ses jambes s'écartèrent d'elles-mêmes afin de laisser l'homme accéder à son intimité. La jeune femme fut surprise par la douceur avec laquelle il s'y prenait, comme s'il craignait de lui faire mal. Des gémissements de plaisir s'échappèrent de la gorge d'Anna qui s'agrippait au dos de Taylor. Elle sentait son coeur tambouriner dans sa poitrine. Pour la première fois, elle ressentait les plaisirs que pouvait procurer ce moment et ne voudrait jamais qu'il ne s'arrête tant elle était bien.

Les gémissements des jeunes gens se propagèrent à travers la pièce au fur et à mesure que les va et vient s'amplifiaient, puis retombèrent peu à peu dans le silence. Seuls leur respiration haletante ainsi que leur coeur battant résonnaient encore. Jusqu'à ce que chacun s'endorme d'épuisement.

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