Partie huit ~ Témoignage de Suzy

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Le soleil brillait de toute sa splendeur quand Anna se rendit au commissariat dans la matinée. Magalie les accueillit elle et sa fille, d'un sourire chaleureux. Rapidement, l'assistante sociale annonça à la jeune femme qu'elle avait reçu son dossier médical. Anna feuilleta ce dernier tout en détaillant le contenu. Elle découvrit les informations qu'elle avait fournies au médecin, les photos accompagnées des descriptions ainsi que la prescription des soins et les résultats de la gynécologue. Il y était aussi précisé les coups portés sur un enfant. Magalie Thompson proposa à la jeune femme d'analyser le dossier à son aise hors de son bureau, pendant qu'elle s'entretenait avec Suzy. Anna accepta, laissant sa fille seule avec l'assistante.

Assise sur une chaise, la fillette regardait Magalie qui s'installait en face d'elle.

– Dis-moi Suzy, cela fait longtemps que ton papa est méchant avec ta maman ? demanda-t-elle d'une voix douce.

– Depuis que je suis tout bébé, répondit-elle en baissant le regard.

Comme avec Anna, l'assistante prit note des propos de la petite fille.

– Est-ce que tu l'as déjà vu frapper ta maman ?

– Parfois, dit Suzy en hochant la tête. Quand j'entends maman crier, je vais me cacher dans ma chambre et parfois, je laisse la porte un petit peu ouverte et je regarde, mais papa est pas content quand je fais ça.

Magalie la dévisagea un instant avant de reprendre.

– Il n'est pas content ? Et qu'est-ce qu'il fait quand il n'est pas content ?

– Il se fâche très fort, et moi j'ai très peur, alors je fais un gros câlin à mon nounours et j'ai plus peur.

L'assistante sociale pencha alors sa tête vers Suzy.

– Suzy, ton papa t'a-t-il déjà frappé ? questionna-t-elle.

Le visage de la fillette se décomposa, elle baissa les yeux qui s'emplirent de larmes, pour fixer ses mains.

– Je veux ma maman ! se plaignit-elle.

– Je sais que c'est dur, répliqua Magalie en posant une main rassurante sur son genou. Et tu es très courageuse, mais tu dois me dire ce que ton papa t'a fait, ensuite je te laisse retourner près de ta maman.

L'enfant releva la tête vers la jeune femme en soupirant.

– Il m'a secoué beaucoup, expliqua Suzy. Après, il m'a donné des claques en criant très fort et moi je criais aussi et je pleurais, mais il a continué. Il était pas gentil.

– Très bien, merci Suzy, fit l'assistante alors que son carnet de note se fermait sous son sourire toujours présent.

Autorisée à revenir dans la pièce, Anna écouta attentivement Magalie lui expliquer la suite des événements. Le dossier médical qu'elle tenait encore entre les mains, serait envoyé au juge afin qu'il examine les preuves qui y ont été apportées. Les notes prises lors des entretiens apparaitraient eux aussi dans le dossier. Grâce à ces informations, il y avait de fortes chances pour que le tribunal engage des poursuites à l'encontre de son mari.

Profitant de l'échange avec l'assistante sociale, Anna lui confia qu'elle voudrait porter plainte. Magalie se réjouit d'une telle décision et affirma, qu'une fois en la possession du juge, cette plainte accélérait la procédure. La jeune femme n'avait qu'à la soumettre à Sylvie qui elle, se chargerait de la transférer au tribunal.

– Et pour ma fille, sera-t-elle encore convoquée ? interrogea la jeune maman. Cela fait deux semaines qu'elle ne va plus à l'école et je ne veux pas qu'elle manque davantage.

– Normalement, non. J'ai eu son témoignage et il suffit largement, répondit l'assistante.

Une fois que Magalie eu terminé, Anna se rendit auprès de Sylvie pour déposer plainte. Cette dernière pianotait sur son clavier pendant que la jeune femme répétait pour la énième fois sa situation. La petite dame encodait tout ce qu'elle disait, lui jetant des coups d'oeil de temps à autre. La plainte rédigée, Sylvie lui indiqua que celle-ci serait envoyée au juge rapidement. Anna lui adressa un sourire en la remerciant gentiment.

Le temps était radieux et la douceur des rayons lumineux procurait une sensation agréable. Suzy et sa maman en profitèrent pour faire un tour en ville. Déambulant dans les rues de New York, Anna et sa fille s'accordèrent une séance de shopping, dévalisant chaque magasin qu'elles croisaient. Taylor avait généreusement donné, le matin même, quelques billets à la jeune femme pour qu'elle puisse se changer les idées en compagnie de sa fille.

Les bras chargés de sacs, Anna tentait de se frayer un chemin parmi la foule de monde. Avançant avec difficulté, elle s'immobilisa brusquement. Suzy l'imita en apercevant la personne qui arrivait dans leur direction. Anna se figea instantanément quand Franck posa le regard sur elle. Ses sacs manquèrent de tomber alors que l'homme s'approchait, la fixant froidement. La petite fille se réfugia derrière sa mère, lui agrippant les vêtements.

– Et bien Suzy, tu ne dis plus bonjour à papa, lança-t-il en la voyant se cacher.

– Laisse-la tranquille ! aboya Anna tout en se mettant devant sa fille.

Franck tourna la tête vers la jeune femme, il la toisa d'un air effrayant avant de déclarer d'une voix dure.

– Tu ne sais pas l'erreur que tu as faite en m'enlevant ma fille. Tu as commis une très grosse erreur et tu vas me le payer cher !

Sous la colère, l'homme avait empoigné les bras d'Anna tandis que son visage était proche du sien. La jeune femme ne fit plus un geste, se contentant de regarder Franck d'une mine apeurée.

Soudain, un passant s'arrêta à leur hauteur. Voyant la panique sur la figure de la jeune maman, mais aussi l'enfant cachée derrière, la personne intervint auprès d'eux.

– Eh, qu'est-ce que vous faites ? Madame, ça va ? s'exclama-t-il.

Aussitôt, Franck lâcha Anna et s'éloigna précipitamment. Après plusieurs secondes, la jeune femme reprit ses esprits, puis attrapa la main de Suzy pour s'en aller. Elle ne prit même pas la peine de répondre au passant qui lui demandait si elle allait bien.

Plus tard dans la journée, les sacs se vidèrent de leurs vêtements qui se trouvaient étalés sur le lit. Debout devant le miroir, Anna détailla la robe d'été rouge clair qu'elle avait enfilée. Cette robe lui allait à ravir, son reflet lui renvoyait une silhouette élégante. Elle sourit à cette pensée et ne remarqua pas la présence de Taylor dans la pièce. Ce dernier était appuyé sur le chambranle de la porte, regardant sa jolie tenue.

– Vous êtes ravissante ! complimenta-t-il.

Anna tourna furtivement la tête vers lui. Il venait de rentrer et portait toujours son uniforme. La façon dont le policier dévisageait la jeune femme la déstabilisa quelque peu, mais elle ne put s'empêcher de sourire à nouveau.

– Merci, répondit-elle, timidement.

Suzy accourut vers Taylor pour lui montrer la robe à fleurs qu'elle avait achetée. La petite fille semblait enchantée des habits que s'étaient procurées sa maman et elle. D'ailleurs, Anna avait l'air heureuse de la voir ainsi et elle pouvait l'être. Bientôt, elles seraient libres de l'homme responsable de leur souffrance.

– Je ne suis pas habituée à recevoir des compliments, ajouta la jeune femme alors que Taylor l'aidait à ranger les vêtements. Franck ne m'en faisait jamais, pour lui, aucune tenue n'était assez bien pour moi. Sauf celle qu'il choisissait.

– Et bien, je peux vous assurer le contraire, répliqua-t-il. Cette tenue vous va très bien !

Le policier terminait d'empiler les dernières affaires dans l'armoire, quand Anna décida de lui parler de son entrevue avec Franck.

– Je l'ai vu aujourd'hui, pendant que nous faisions les magasins avec Suzy, il m'a de nouveau menacée.

– Avez-vous averti Magalie des menaces que vous recevez ? demanda le policier.

L'homme devina par son silence, qu'Anna n'avait rien dit à ce sujet. La jeune femme dut faire face aux réprimandes de Taylor qui, visiblement, n'appréciait pas qu'elle garde cela pour elle. Il lui rappela combien c'était important d'en parler et que le silence n'amènerait pas la solution. Une lueur de joie traversa le visage du policier lorsque Anna lui annonça qu'elle avait déposé plainte. Néanmoins, il était indispensable qu'elle garde précieusement les messages de Franck comme preuve contre lui.

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