Partie une ~ Le coup de trop

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Campée à la fenêtre depuis vingt minutes déjà, Anna guettait l'arrivée de son mari. Cela faisait quelques temps qu'il rentrait ivre presque tous les jours et la jeune femme appréhendait toujours le retour de ce dernier. Elle tentait de comprendre son attitude, ce qui l'avait amené à se rendre chaque jour au bar pour y ingurgité des litres d'alcool. En vain. Aucune raison particulière, à sa connaissance, n'avait poussé Franck à se plonger dans la boisson. En revanche, Anna pouvait très bien expliquer l'effet dévastateur que provoquait l'alcool en lui. Son comportement violent en était qu'empiré.

Elle ne reconnaissait plus cet homme, et ça, depuis un long moment.

Face à sa mère, Suzy l'observait attentivement. Une légère entaille garnissait le front de la jeune femme, ce qu'elle remarqua. Du haut de ses six ans, la petite fille arrivait à comprendre ce que son père faisait subir à sa maman. Elle l'entendait parfois crier ou pleurer et se bouchait les oreilles pour ne pas entendre. Une fois, Suzy avait même surpris sa mère avec un oeil au beurre noir. Elle s'était alors réfugiée dans ses bras pour la consoler.

Soudain, une lumière de phares traversa les tentures suivit du bruit d'une portière. Suzy courut s'enfermer dans sa chambre tandis qu'Anna souleva le rideau d'une main tremblante. Le cliquetis d'une porte se fit entendre, laissant apparaitre un Franck aussi bourré qu'à l'habitude. Tenant à peine sur ses jambes, il tituba en direction de sa femme. Il lui souriait bêtement et avait les yeux lourds comme après une nuit blanche.

Franck mit ses mains sur les épaules d'Anna avant de s'avancer pour l'embrasser. Cette dernière le repoussa de façon hésitante en affichant une mine de dégout. L'odeur du wiskhy lui montait aux narines. La jeune femme s'éloigna pour lui échapper.

– Viens ici, salope ! crâcha Franck en l'attrapant par la taille.

Les doigts de l'homme glissèrent le long des côtes d'Anna avant de s'arrêter sous ses seins. Sa bouche rugueuse s'attarda sur son cou fragile, lui irritant la peau avec sa barbe. Anna ne bougeait plus, pendant que les mains baladeuses de son mari saisirent sa poitrine avec insistance.

– Lâche-moi ! se plaignit-elle en se débattant.

Anna réussit à se libérer de son emprise, s'éloignant davantage de l'homme. Franck se mit à crier en lui empoignant le bras.

– Qu'est-ce qui a ? Je ne peux plus te toucher !

– Pas quand tu es dans cet état, répondit-elle dans un souffle.

Sa poigne se resserra autour du bras d'Anna. Il la poussa contre le mur, lui tenant fermemant la gorge. La jeune femme ferma les yeux un instant, transperçée par le regard meurtrier de son mari.

– Je te touche quand je veux et comme je veux, tu m'as bien compris, dit-t-il entre ses dents.

La main de Franck quitta le cou de sa femme pour venir à nouveau caresser sa poitrine. Son corps pesant la compressait alors qu'il déboutonnait son chemisier. Ses doigts descendirent à hauteur de son pantalon pour le défaire. Anna le suppliait d'arrêter mais Franck n'en avait que faire et continuait de plus belle. Avant qu'il puisse enlever le bouton, sa femme le poussa et il manqua de tomber.

Anna profita de ce moment de faiblesse pour courir dans la salle à manger où elle prit son téléphone qu'elle avait laissé sur la table. Elle n'eu pas l'occasion de composer un quelconque numéro, l'homme lui saisit les cheveux et la tira en arrière. Il la jeta violemment au sol, se mettant au dessus d'elle. Franck la gifla, lui arrachant des cris de douleur.

– Qu'est-ce que tu voulais faire, appeler les flics ? aboya-t-il tandis qu'Anna mettait ses mains devant son visage pour se protéger.

Gigotant dans tous les sens, elle tenta de se dégager mais rien n'y fit. Franck lui attrapa les poignets et lui envoya une nouvelle série de coups.

– Regarde ce que tu me fais faire, soupira l'homme en voyant sa femme sangloter.

De sa chambre, Suzy pouvait entendre les hurlements de sa mère. La fillette était cachée derrière la porte entre ouverte et regardait par l'ouverture. Elle serrait son ours en peluche contre elle tout en écoutant ce qu'il se passait.

Les cris cessèrent. Anna semblait sonnée par les nombreuses gifles qu'elle avait reçu. Franck se releva pour se diriger à l'étage. Il arriva près de la chambre de sa fille, la porte grinça quand il passa à côté de celle-ci. L'homme s'arrêta. Pris d'une soudaine poussée d'adrénaline que l'ivresse avait sans doute provoqué, Franck entra dans une colère folle.

Il pénétra dans la chambre de Suzy en grognant avec fureur. Lui attrapant les pieds, Franck tira sa fille vers lui alors qu'elle s'était abritée en dessous du lit. La fillette se mit à hurler tandis que son père lui empoignait férocement les bras.

– Viens par ici, toi. Tu faisais quoi là, tu écoutais aux portes ? Je t'ai déjà dis de ne pas écouter aux portes ! cria-t-il.

Franck secouait sa fille avec force, elle hurlait et pleurait à chaudes larmes. De la salle à manger, Anna pouvait l'entendre et cela lui glaçait le sang. Les cris de folie de son mari étouffaient les claques qu'il lui donnait. Figée, la terreur s'empara de la jeune femme face à l'attitude de l'homme, devenue incontrôlable. Elle prit alors son téléphone qui était tombé et composa péniblement le numéro de la police.

Anna se mit debout avec difficulté. Marchant tout droit vers la chambre de sa fille, elle tenta d'arrêter son mari.

– Lâche-la ! ordonna-t-elle en lui saisissant le bras.

– Dégage ! lança l'homme, la poussant en arrière.

Son enfant, son bébé. Franck s'acharnait sur elle sans une once de pitié.

– J'ai appelé la police ! déclara séchement la jeune femme.

Cette annonce le stoppa net. Franck se tourna lentement vers sa femme, arborant un air furieux.

– Tu as fait quoi ? s'étrangla-t-il en lui emprisonnant les épaules.

Quelques instants plus tard, des sirènes résonnèrent. La police de New York enfonça la porte d'entrée pour atteindre rapidement l'étage. Franck fut emmené par des agents pendant que d'autres s'assuraient qu'Anna et sa fille allaient bien. Suzy qui était recroquevillée au sol sentit les bras chaleureux de sa mère, qui pleurait contre elle.

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