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Les cigales avaient fini par se taire, peut-être à cause de la nuit ou du froid de l’automne. Il savourait ce calme nouveau, non pas qu’il soit du genre à rechercher la sérénité, mais il n’avait jamais aimé ce crissement lancinant qui le poursuivait tout l’été. En réalité, il lui rappelait un ancien proverbe qui résonnait trop justement avec sa situation : Les cigales chantent tout l’été, c’est parce qu’elles savent qu’elles vont mourir. Il ne se souvenait même plus de quel grand philosophe avait déclaré cela, mais aurait grandement apprécié que sa sentence ne le hante pas avec une telle régularité.

Une brise fraîche s’engouffra dans son haori, le faisant frissonner. Il délaissa ses pensées et regarda autour de lui. Mis à part le passage de sa patrouille, aucun mouvement ne traversait les rues endormies. Un ciel dégagé recouvrait la ville, au centre duquel brillait la pleine lune. Il esquissa un sourire ; la nuit était belle à Kyōto, et il avait mieux à faire que de se laisser envahir par la mélancolie.

« Kumichō, l’appela l’un de ses hommes, j’ai repéré une silhouette suspecte dans la rue là-bas.

- Vraiment ? Voilà qui va nous distraire un peu. Montre-moi, Taiki-kun. »

Il rejoignit son subordonné à la tête du groupe et ils se rendirent à l’endroit qu’il avait indiqué. Le jeune homme remarqua effectivement une forme qui disparut à l’angle d’une ruelle adjacente à leur approche. Alors qu’il allait la suivre, une deuxième ombre passa sur les toits non loin de là, allant dans la même direction.

« Tiens, intéressant… Continuez la patrouille, ordonna-t-il aux autres, on se rejoint au quartier général.

- À vos ordres, Kumichō. »

Il s’engagea sur la piste du premier individu, marchant d’un pas alerte. Comme il s’y attendait, il le retrouva à peine quelques intersections plus loin. La deuxième silhouette l’avait rejoint et lui barrait le passage, la main sur la garde de son arme. La proie se détourna pour s’enfuir mais le capitaine mit un terme à sa tentative d’un grand coup de katana. Tranché de la hanche à l’épaule, le cadavre s’effondra. Le jeune homme débarrassa sa lame du sang et rengaina avant de prendre la parole :

« Ara, Hajime-kun, tu te laisses aller ! Qu’aurais-tu fait si je n’avais pas été là ?

- Je m’en serais sorti seul, Souji.

- Tu devais l’assassiner ?

- Oui.

- Parfait, tu pourras partager ta prime avec moi vu que j’ai fini le travail ! »

Saitō ne répondit pas, se contentant de le regarder de son expression indéchiffrable. Okita haussa les épaules et reprit :

« Quoi, ce n’est pas comme si j’allais mal dépenser mon argent, je ne suis pas Shinpachi !

- Premièrement, répliqua son ami avec calme, c’est ma paye, et deuxièmement, je sais très bien que tu vas dévaliser les boutiques de sucreries.

- Mais non ! Récemment, j’ai trouvé un bon moyen de réduire mes dépenses en douceurs. »

Devant l’air dubitatif de son camarade, il ajouta :

« Je mets les réserves de Hijikata-san à profit. Ça fonctionne à merveille ! »

Saitō réprima un soupir. L’autre capitaine ne dissimula pas son air amusé, tout à fait conscient que son attitude ne pouvait que provoquer l’ire du vice-capitaine. Il considéra le corps à ses pieds et son haori taché de sang avant de déclarer :

« Bien, il se fait tard, nous ferions mieux de rentrer. Tu viens, Hajime-kun ? »

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