Chapiter 66

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La décision avait été prise et un lit bébé et une table à langer avaient été apportés, dans ma cellule. On m’avait fait comprendre que ceci était provisoire, en attendant qu’il soit trouvé une autre solution. Mais je faisais confiance à ma fille pour m’aider à rester avec moi. Alors qu’elle ne faisait que quelques kilos, elle avait réussi un exploit.

Andréa passait sûrement plus que ce qui lui était autorisé. Je lui avais expliqué la manière dont j’avais eu Edmara et elle m’avait raconté sa vie à Tillandsia. Elle m’avait expliqué ce qu’était l’amour, mais son métier ne lui autorisait pas d’y gouter. Comme elle le disait si bien « du sexe oui, des sentiments non ». Alors pour compenser… enfin c’était comme ça que je le traduisais… Alors pour compenser, elle avait des relations très différentes de ce que je connaissais avec Tommy. Des mises en situation excitantes, des objets érotiques et moins érotiques aussi, une profusion de partenaires et surtout une surenchère quasi systématique, pour trouver l’orgasme tant recherché. Mais quant à mon tour, je lui contais mes câlins avec Tommy, je sentais le regret s’emparer d’elle. Je ne dis pas non plus qu’elle ne m’avait pas donné de nouvelles idées, mais dans son cas il ne s’agissait pas d’un partage entre deux personnes. Il me semblait même qu’il n’y avait pas vraiment de respect, ni de son partenaire, ni d’elle-même.

C’était étrange. Après son départ je ressentais parfois un malaise, comme une tristesse pour cette femme que je trouvais attachante, en fin de compte.

Mais maintenant il était l’heure de mon premier interrogatoire. J’avais obtenu l’autorisation de laisser Edmara à Tommy, pendant toute sa durée. J’avoue que j’étais inquiète et me demandais si celui-ci allait-être musclé ?

La pièce où je fus installée était démesurée par rapport à la petite table et les trois chaises qui y trônaient en plein milieu. Pour l’instant j’y étais seule et il faisait froid. Quand enfin la porte s’ouvrit, je sursautais.

Un homme et une femme entrèrent, l’un après l’autre en silence.

Elle était grande, les cheveux bruns longs et frisés, avec une anglaise blanche au milieu de sa chevelure. Lui était de la même taille, mais plus vieux, les cheveux poivre et sel et le corps si fin qu’on se demandait comment il pouvait tenir debout.

Une fois installé ils ne prononcèrent aucun mot. Mon cœur battait à tout rompre. Pourquoi ne disaient-ils rien ? Voulaient-ils que je sois la première à parler, ou au contraire voulaient-ils me tester.

- Naïa, commença la femme, je suis la Présidente Mère et je vous présente le Président Père. Savez-vous à quel point vous nous avez causé des soucis ?

- Non, dis-je d’une toute petite voix pratiquement inaudible.

- Il va falloir parler plus fort Naïa, reprit l’homme, et le protocole veut que vous vous adressiez à nous en nous appelant père et mère.

- Oui.

- Oui qui ?

- Oui père et mère.

- Bien. Nous pouvons donc reprendre. Donc, dites-moi Naïa, savez-vous à quel point vous nous avez causé des soucis ?

- Non, mère.

- Regardez mes cheveux et cette mèche blanche. C’est votre œuvre.

- J’en suis désolée, Mère.

- Vraiment ? Vouliez-vous rentrer, pour me rassurer ?

De toute évidence elle connaissait la réponse à cette question et un mensonge ne m’aiderait sûrement pas.

- Non, Mère, répondis-je simplement.

- Pourtant vous mettez en péril, l’équilibre de toute une société.

- Je ne pense pas avoir ce pouvoir.

- Mère, hurla-t-elle. Appelez-moi mère.

- Désolé, mère.

- Chacun de nous fait partie d’un tout et maintient l’équilibre, dit-elle toujours énervée. Vos élèves se sont interrogés sur votre disparition, comme les collègues de travail de vos amis. Il a fallu inventer des histoires, couvrir votre trahison.

- Mais je ne comprends pas…

J’avais des milliards de questions qui me traversaient l’esprit, mais j’avais peur de leur réaction.

- Dites-moi Naïa, reprit l’homme, plus calmement.

- Pourquoi tous ses mensonges, Père.

- Pour maintenir la paix… Simplement.

- Cette explication est un peu vague, Père. Enfin si je peux me permettre.

- Je vous le permets, mais c’est une histoire un peu longue, c’est l’histoire de notre nation et je n’ai pas le temps de vous l’expliquer maintenant. Vous comprenez qu’en tant que dirigeant j’ai des obligations.

- Tout à fait, père.

- Nous voulons comprendre, pourquoi vous êtes partie.

- C’est aussi une histoire longue et j’ai peur de vous prendre tout votre temps, père.

- Évitez le sarcasme, voulez-vous ! reprit la présidente Mère. Allez droit au but et pour les détails nous vous laisserons échanger avec notre amie.

- Votre amie ?

- Vous verrez le moment venu. Alors, Naïa, si vous répondiez à notre question.

- Et bien le hasard a mis sur mon chemin Octavio et de fil en aiguille nous avons découvert… certains de vos secrets. Et que voulez-vous, quand vous y avez goûté, il est difficile de s’en passer, surtout quand vous tombez enceinte.

- Je comprends. Très peu de personnes ont connaissance de la manière dont les êtres humains se reproduisent. Je dirais même, la reproduction du monde animal est cachée au plus grand nombre.

- J’ai cru comprendre ça.

- Que voulez-vous dire par là ?

Merde j’avais fait une boulette et il me fallait rapidement la réparé.

- J’ai bien vu la manière dont les militaires m’ont regardé quand j’ai donné le sein. Simple déduction. Au fil des mois j’ai fini par prendre cette habitude.

- Bien. Poursuivons, Naïa.

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