CHapitre 65

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J’avais jusqu’alors imaginé les lieux où j’étais déplacée. Edmara m’avait été prise et ma poitrine commençait à me faire mal tellement elle était tendue. Des portes s’ouvraient et se refermaient, parfois des voix étouffées m’extirpaient de ma torpeur. J’avais très peur. Qu’allaient-ils faire de moi. Allais-je être tout bonnement exécutée sans pouvoir dire au revoir à Edmara, Tommy et mes amis.

Je fus enfin assise et quelqu’un retira ma cagoule. Éblouie pour commencer, mes yeux petit à petit s’adaptèrent. J’étais dans une pièce dont les parois étaient en verre. Il se trouvait un simple lit, un lavabo et des toilettes.

Bonjour l’intimité !

Regardant aux alentours, je compris que j’étais dans une prison. Dans les autres cellules, je cherchais mes amis, mais pour l’instant, je ne reconnaissais personne.

- Où est Edmara, Tommy et tous mes amis, demandais anxieuse à Andréa.

- Edmara a été emmené à la pouponnière et tes amis vont bientôt arriver.

Effectivement, au même instant, un homme arriva avec mon Tommy. Mon cœur faillit exploser dans ma poitrine. Il n’était pas aussi calme que moi et pestait beaucoup, mais je n’arrivais pas à entendre ses mots, qui était bloqué par les parois des cellules. Quand le militaire lui retira la cagoule et les menottes, il tenta encore une fois de l’agresser, mais prit aussitôt un coup sur la tête.

Inquiète, je me levais.

- Il faudrait que votre ami se calme, ou il risque de passer un sale quart d’heure.

- Mais il n’entend pas mes mots, dis-je en secouant les bras espérant qu’il me voit.

- Allez rassoyez-vous. Je ne voudrais pas être obligé de sévir, mon lieutenant me regarde. Enfin, je veux dire mon responsable.

- Le trapu, c’est votre responsable.

Elle sourit et acquiesça.

- Oui, c’est le lieutenant Charcot. Et ce n’est pas un tendre.

Enfin, Tommy m’aperçut et s’apaisa immédiatement. Je lui dis de se calmer en mettant mon doigt devant ma bouche.

- Je vais bien, put-il lire sur mes lèvres.

Mais le Lieutenant le rabroua de nouveau.

- Bon, je dois vous laisser, mais je reviendrais pour vous donner votre repas.

- Et vous pourriez prendre des nouvelles de ma fille ?

- Je vais voir ce que je peux faire.

Ça devait faire plusieurs heures que j’étais là et tous mes amis étaient arrivés. Je pouvais voir Tommy, Edwina et Charlotte, mais Fabien et Octavio étaient passés devant moi, pour prendre place trop loin de mon champ de vision. Nous tentions de communiquer en lisant sur nos lèvres, mais c’était très compliqué. À part dire « tout va bien » il était difficile d’exprimer des choses plus complexes.

Ma poitrine me faisait de plus en plus mal et mes seins débordaient même. Sur mon tee-shirt, apparaissaient même deux énormes auréoles.

Allongé sur mon lit, je tentais de trouver le sommeil, quand la porte s’ouvrit. C’était Andréa qui m’apportait mon repas.

- Comme promis, je vous apporte à manger.

- Merci, mais je n’ai pas très faim.

- Je comprends, mais il faut prendre des forces, avant vos interrogatoires.

- Nos interrogatoires, dis-je inquiète.

- Oui, mais je vous expliquerais ça plus tard. Il y a une autre urgence. C’est à propos de votre fille.
- Edmara !

- Oui, elle refuse toute nourriture. Pas moyen de lui donner un biberon.

- Ah oui, effectivement, nous avons déjà essayé une fois, pour que je puisse ne pas l’emmener avec moi lors de mes cueillettes. Elle se cambrait dans tous les sens et hurlait. La pauvre était épuisée à force de se débattre dans les bras de son père, quand je suis rentrée. Et même la nuit qui a suivi a été compliquée. Elle s’est réveillée de nouveau en pleine nuit et angoissée même. Je l’ai senti à ses pleurs.

- Je comprends mieux.

- Il faut que vous m’emmeniez à elle pour que je puisse la nourrir.

- Je ne peux pas prendre cette décision toute seule. Je vais devoir en parler aux responsables.

- Et bien, allez-y tout de suite, elle doit mourir de faim.

Andréa quitta la pièce en trombe, mais revenue honteuse, quelques secondes après, pour refermer la porte à clé.

Je tentais tant bien que mal d’expliquer à Tommy ce qui se passait avec sa fille et quand enfin, il comprit, je le vis frapper contre la paroi de verre. Laissant même une légère trace de sang. Heureusement, une femme vêtue de blanc, arriva avec Edmara, en pleurs, quelques instants après.

- Viens-là ma chérie, dis-je en la prenant dans mes bras.

Frénétiquement, elle se jeta sur moi et manqua de s’étouffer avec la profusion de lait qui coulait. J’étais heureuse de la voir et ma poitrine aussi. L’un après l’autre, elle vida mes seins endoloris et les soulagea.

- Ça va mieux, lui dis-je, alors qu’épuisée ; elle s’était endormie dans mes bras.

La femme en blanc qui était resté là à nous observer, me proposa de la reprendre.

- Il ne serait pas plus simple que vous la laissiez avec moi ? Apportez-moi un lit et de quoi la changer.

- Mais, une prison n’est pas un lieu pour un bébé, Madame.

- La place d’un bébé est avec sa mère. Et de toute façon vous n’allez pas faire continuellement les allers et retours.

- Je… Je… Je vais voir avec ma responsable.

- C’est ça aller voir avec votre responsable.

Quand enfin elle repartit, Tommy me demanda si Edmara allait bien. Je sentais que lui aussi voulait la tenir dans ses bras. Mais la voir ici, dans les miens lui faisait déjà le plus grand bien.

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