Chapiter 64

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- Vous vivez au ministère ? demandai-je.

- Désolé, je n'ai pas le droit de vous parler, me dit Andréa.

Au fond, je sentais qu’elle refusait de répondre, plus par obligation, que par réellement envie. Il me fallait donc juste trouver les bons arguments.

- Votre chef est occupé et je sais être discrète.

Elle ne me répondit pas, mais je vis aux coins de ses lèvres un sourire lui échapper.

- J'ai le droit de vous poser quelques questions ?

- Essayez toujours.

- Au ministère, les hommes et les femmes sont mélangés ?

- Oui, dit-elle en prenant soin de ne pas me regarder.

- Et ils ont le droit d'avoir des enfants ?

- Oui, sauf pour certains métiers, comme le mien.

Il y avait dans sa réponse, je le sentais, une pointe de regret.

- Et j'ai une question indiscrète.

- Allez-y.

- Vous avez le droit de faire des coquineries avec les hommes ?

- Qu'appelez-vous des coquineries.

- Et bien quand un homme et une femme ont des rapports intimes.

- Je comprends, vous parlez de faire l'amour. Mais c'est vrai que ces notions de sexe et d'amour vous sont inconnues dans vos communautés.

- Heu... Oui, c'est ça.

- Et bien le premier, c'est pour définir les organes reproducteurs de l'homme et de la femme.

- Vous voulez dire, le vagin et la queue ?

- Oui, c'est ça.

- Et le deuxième.

- C'est le fait de ressentir des sentiments spéciaux pour une autre personne. Je suppose d'ailleurs que vous aimez Tommy.

- Oui, et non. J'aime manger, j'aime le chocolat, mais ce que je ressens pour Tommy, c'est plus fort et unique.

- Oui, mais c'est le même verbe qui est utilisé pour les deux situations. Quand vous dites, je t'aime à quelqu'un, c'est qu'il a une place très spéciale dans votre cœur.

- Dans mon cœur ?

- Oui, c'est un peu bizarre, mais le cœur est considéré comme le centre névralgique des sentiments. Surement, parce qu'il bat plus fort quand l'être aimé est là.

Cet échange avec Andréa était très instructif et j'étais impatiente de tout raconter à mes amis. Mais aurais-je l'occasion de le faire. Aurais-je l'occasion de sentir mon cœur battre plus fort quand Tommy me prendrait dans ses bras.

- Oui, maintenant que vous le dites, c'est vrai. Donc vous avez le droit de faire l'amour avec d'autres hommes ?

- Oui, hommes ou femmes. Mais nous n'avons pas le droit d'adopter un enfant.

- Je ne comprends pas cette phrase. On adopte une loi, par exemple, mais que veut dire adopter un enfant.

- Et bien, c'est quand un couple demande à avoir un enfant définitivement, comme vous et votre fille.

- Ah ! vous voulez parler de la grossesse ?

- De quoi ?

- Vous ne savez pas ce qu'est une grossesse.

- Non.

En fin de compte, je n'étais pas la seule à être dupée. Andréa et une partie du peuple du ministère semblaient ignorer aussi certaines choses. Mais il devait forcément exister des personnes qui étaient au courant de tout. Il était donc temps que je lui explique certaines choses de la vie.

- C'est quand une femme porte un enfant dans son ventre.

Je comprenais, à la tête d'Andréa, que je venais de la perdre.

- Et bien, il faudrait que je vous explique comment sont faits les bébés...

Mais au même instant, le Trapu, se leva et nous demanda de repartir.

- Vous savez où nous allons, demandai-je discrètement à Andréa.

- À Tillandsia, la capitale, mais plus exactement au ministère.

Les voitures empruntaient des routes sinueuses au milieu d'un magnifique paysage de montagne. Dans la vallée, je reconnus Tillandsia et la tour de la liberté que j'avais visitée à plusieurs reprises avec mes élèves. Mais ce que je n'avais pu voir, lors de mes visites, c'était sa sœur jumelle, qui se trouvait à l'opposé dans une autre partie de la ville. Je me rendais compte que Tillandsia était divisé en trois. Je supposais qu'à gauche se trouvait la partie pour les femmes, avec sa tour argentée, au centre le ministère et à droite celle des hommes, avec leur tour dorée. Les deux monuments étant cachés à l'autre communauté par les bâtiments du ministère, situés, sur les hauteurs des monts. Il y avait là, devant mes yeux, trois villes collées les unes aux autres. Mais alors que nous approchions de plus en plus de la capitale, le paysage disparu pour laisser place à un long tunnel.

- Nous arrivons dans dix minutes.

Ce tunnel ne semblait pas vouloir se terminer. De temps en temps, nous croisions quelques camions, qui étaient systématiquement aux couleurs du ministère : argent et or. Le camion ralentit enfin pour finir par se stopper devant une grande barrière où se trouvaient des hommes en uniforme.

- C'est le poste de douane, me chuchota Andréa.

Visiblement, elle avait envie de m'instruire, espérant peut-être en échange combler son ignorance, qu'elle venait de découvrir.

- Andréa, couvre leur visage. Dépêche-toi.

- Désolé, me dit-elle discrètement en passant une grande cagoule noire sur ma tête.

Mais je ne lui en voulais pas, elle ne faisait qu'obéir aux ordres.

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