Chapitre 63

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- Debout, me dit une voix que je ne connaissais pas.

J'étais saisie par le froid. La couette avait été arrachée du lit et dans la chambre, quatre hommes et une femme, armés, en tenue kaki criaient et nous ordonnaient de nous lever.

- Debout, les mains sur la tête, répéta l'homme trapu en m'agrippant par le bras.

La douleur de ses doigts me transperça et me glaça. Celle-ci était la preuve que je ne rêvais pas et que mon monde s'écroulait. En une fraction de seconde, je pensai à ma fille qui dormait paisiblement, à mes amis. Avait-il pu s'échapper, ou vivaient-ils le même effroyable supplice en cet instant ?

Tommy, dans un geste de désespoir tenta de désarmer l'homme à sa droite, mais fut rapidement neutralisé et jeté sur le sol.

- Ne lui faites pas de mal, hurlai-je alors que l'homme trapu venait de lui donner un violent coup de pied.

- Tu n'es pas en mesure d'exiger quoi que ce soit, Naïa.

J'étais abasourdie. Il connaissait mon nom.

- Eh oui, Naïa, dit l'homme trapu fièrement, nous savons qui tu es et c'est pareil pour tes amis. Tu croyais peut-être que ta disparition passerait inaperçue ?

- Je ne...

- Et, me coupa-t-il, tu pourras remercier tes amis, c'est grâce à eux que nous vous avons retrouvés.

C'était impossible, aucun de mes amis ne nous aurait dénoncés. J'avais entièrement confiance en eux. Alors que s'était-il passé ?

- Je ne vous crois pas. J'ai entière confiance en eux.

- Tu as raison Naïa, ils nous ont menés à vous par hasard. Hier, une patrouille les a aperçus alors qu'il faisait une manœuvre. Un heureux hasard ? N'est-ce pas Naïa ?

Je bouillais intérieurement, face à cet homme arrogant et antipathique.

- Le pire, c'est que nous avions arrêté les recherches depuis deux mois, reprit-il. Nous les avons donc suivis jusqu'à votre communauté et nous avons attendu que vous soyez endormis.

Nous avions gagné, nous étions libres et il a fallu que le destin mette Fabien et Charlotte sur leur route.

Pourquoi ? Pourquoi la vie est aussi injuste ? Nous étions libres et heureux !

- Bon, il est temps de partir.

Mais alors qu'il se dirigeait vers la porte, il fit tomber un vase qui se brisa sur le sol.

Au même instant, Edmara se mit à pleurer.

- Il y a un bébé dans la pièce d'à côté, dit la femme, en allant voir d'où venait le bruit.

- C'est quoi ce bordel, d'où vient cet enfant ? Et faites-le taire.

- C'est notre fille. Laissez-moi m'en occuper et la calmer.

- Dépêchez-vous, m'ordonna-t-il. Andréa, apporte le bébé tout de suite, ici.

Je m'installais avec Edmara dans le fauteuil et sortis mon sein. Alors que ma fille commençait à téter, je sentis un malaise. Les hommes gênés détournaient leurs regards alors qu'Andréa, la femme, était curieuse.

- Vous n'avez jamais vu de bébé ? chuchotai-je.

- Si si, mais...

Elle ne finit pas sa phrase tellement ce que je faisais lui semblait étrange. Pourtant, elle connaissait de toute évidence l'existence des hommes.

- D'où venez-vous ? demandai-je.

- Du ministère.

- Et il n'y a pas de bébés au ministère.

- Si, mais les militaires n'ont pas le droit d'adopter d'enfant.

- C'est quoi un militaire ?

- Oh, heu... Et bien, c'est quelqu'un qui s'occupe de faire respecter l'ordre et la paix.

L'ordre et la paix ? En quoi notre petite communauté les mettait en péril. Andréa me regarda et sembla comprendre mon étonnement.

- Je..., commença-t-elle.

- Andréa, ferme ta gueule. Ne parle pas aux prisonniers.

- Bien mon lieutenant. Dit-elle.

- Il est temps de partir, insista le lieutenant.

Sortant de ma maison, je fus submergé par l'émotion. Tout ce que nous avions construit nous était arraché. Alana, nos animaux, les champs, le potager, toutes les innovations de Tommy et le plus important de tout : notre liberté.

Mes amis étaient déjà dans les véhicules, les chiens de Charlotte leur courant et leur aboyant autour.

Mais, nous étions poussés en avant et le temps des adieux ne nous était pas donné. Alors que le véhicule s'éloignait, je regardais une dernière fois, ma vie, pour la graver dans ma mémoire et pensai à mes cahiers dans ma chambre que je ne reverrais sûrement jamais.

Nous roulions depuis un certain temps et mon estomac commençait à me tirailler. Ma vessie aussi me faisait souffrir, n'ayant même pas pu me soulager du pipi matinal. Mais, j'hésitais à exiger quoi que ce soit.

Heureusement, Edmara se mit à pleurer, mais la faim n'était pas son problème, qui se situait plutôt dans sa couche.

Sentant l'agacement du lieutenant, j'osais proposer un arrêt, pour changer ma fille et il accepta.

- De toute façon, il est temps de faire une pause et de casser la croûte.

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