Chapitre 62

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Pour passer le temps, je m'occupais de nourrir les animaux de Liberta. Le soleil était levé depuis plusieurs heures et je devrais bientôt aller préparer le repas. De temps en temps, je regardais l'horizon pour voir si Charlotte et Fabien n'étaient pas de retour, mais la déception était systématique.

Je devais me rendre à l'évidence, je n'avais pas envie de m'enfermer dans la cuisine. Je voulais maintenir l'espoir de les voir le plus tôt possible, pour me donner l'illusion de pouvoir abréger mes souffrances.

Mais ma tâche, ici était terminée. Une dernière fois, mon regard scruta les environs, sans succès.

En poussant la porte d'Alana, j'eus un pincement au cœur, comme si une partie de mon espoir s'envolait. Je partis au cellier prendre des légumes à éplucher : pommes de terre, carottes et navets, que je ferais revenir avec des oignons et de la graisse de canard, pour donner du goût. Nous ne mangions pas de viande tous les jours, en ce moment, et les œufs se faisaient rares, alors cette astuce permettait de duper quelque peu nos papilles.

Alors que j'épluchais ma quatrième carotte, Tommy déboula dans la cuisine.

- Ils viennent d'arriver, hurla-t-il tout excité.

Immédiatement, Edmara, qui dormait dans son couffin, se réveilla en sursaut et se mit à pleurer.

- Oh, désolé, je ne me suis pas rendu compte.

- Ce n'est rien, elle devait bientôt se réveiller pour la tétée.

- Vient là ma chérie, Papa s'excuse, il ne recommencera plus.

Les pleurs baissèrent en intensité, pendant que je remettais mon manteau et installai l'écharpe de portage, sur Tommy. J'étais plus qu'impatiente de retrouver mes amis et mes gestes étaient maladroits.

- Laisse, je vais me débrouiller tout seul, dit-il en se dirigeant vers la porte et terminant le dernier nœud.

Fabien et Charlotte étaient encore à plus de cinq cents mètres, quand Octavio et Edwina nous rejoignirent. J'aurais voulu qu'ils se pressent, mais les chevaux devaient être exténués par ses sept jours de marches. Alors pour avancer les retrouvailles nous allâmes à leur rencontre.

Charlotte était souriante et fière sur son destrier et Fabien à ses côtés nous faisait de grands signes.

Une fois à notre hauteur, ils sautèrent de leurs montures pour venir nous prendre dans les bras.

- Vous devez être exténués, leur dit Octavio.

- Plus que ça même. Nous pensions rentrer hier, mais nous nous sommes trompés de chemin. À tel point que nous sommes arrivés, à la nuit tombante, à proximité du 4X4. Je pense que nous avons dû contourner par l'ouest au-delà du bois qui borde Liberta.

- Et bien maintenant vous êtes là et c'est l'essentiel, dis-je.

Alors que Fabien commençait à décharger les chevaux, Tommy leur proposa d'aller se reposer, pendant qu'il s'en occupait.

- Et j'ai justement commencé à préparer le repas. Vous pourriez vous allonger un peu avant de manger.

- Vous êtes vraiment adorable. C'est bon de rentrer chez soi, surtout avec un aussi agréable accueil.

Je retournais à mes fourneaux, accompagnée d'Edwina, le cœur léger. Mes amis allaient bien et je n'avais plus de raison de me faire de soucis.

Quinze minutes après, Tommy et Octavio nous rejoignirent dans la cuisine.

- Je crois qu'Edmara à faim, dit Tommy en arrivant avec sa fille en pleure. Elle s'acharne à téter mes vêtements.

- Passe-la-moi, je vais lui donner la tétée.

- Il reste quelque chose à faire ? demanda Octavio.

- Et bien, surveiller la cuisson et refaire du pain. Ce dernier morceau sera un peu juste pour finir le repas. Il y a déjà une miche qui n'attend plus que d'être passée au four.

Il se dégageait maintenant une délicieuse odeur de pain chaud et de légumes rôtis. Il ne manquait plus que Fabien et Charlotte pour partager ce bon repas. Quand Octavio nous les ramena enfin, ils avaient chacun les yeux lourds et cernés.

- Oh, que cette odeur est merveilleuse, dit Fabien. Trois jours que nous mangeons de la viande séchée et du pain. J'avoue qu'un repas chaud me manquait.

- Et moi donc, reprit Charlotte, qui semblait avoir retrouvé l'entrain que nous lui connaissions.

Les premières minutes furent silencieuses et exclusivement consacrées à remplir nos ventres affamés.

- Alors, qui de vous deux commence le récit de votre expédition, demanda Edwina.

- Et bien Fabien et meilleur narrateur que moi, mais je voulais tout d'abord vous dire que ce périple m'a fait le plus grand bien. Il subsiste encore un peu de chagrin, mais je sens que ma colère s'est apaisée et j'ai la certitude que le temps finira de cicatriser mes dernières blessures.

- Alors tu as dit l'essentiel, dis-je.

- Donc pas besoin que je vous raconte notre voyage, conclut Fabien.

- Si ! dit Octavio qui était le plus curieux d'entre nous.

Fabien détailla donc, le plus possible, leur randonnée, les plantes qu'ils avaient rapportées de leur périple, leur rencontre avec un sanglier pas très commode et surtout leur retour à la tranchée. Il était resté deux jours à proximité cherchant un passage ou une ouverture dans le grillage. Mais malheureusement rien de tout cela. Seule une petite guérite fermée à clé avait retenu leur attention.

Mais Charlotte épuisée s'était endormie dans le canapé.

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