Chapitre 44

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Mercredi 30 août

Aujourd'hui, c'est le grand jour. J'ai un petit pincement au cœur, quand je pense à mes élèves qui découvriront, dans deux jours, en arrivant en classe que je ne suis pas là, pour les accueillir. La directrice téléphonera à mon domicile, mais personne ne répondra. Rapidement, elle préviendra les autorités, qui se rendront compte que notre logement est inhabité. Edwina et Charlotte ont laissé quelques affaires, un beau chambard et des traces de sang, pour laisser croire à un crime. Nous espérons que ce subterfuge nous protégera un peu.

Elles seront donc définitivement avec nous et j'en suis tout excitée. Ayant plus d'affaires qu'à l'accoutumée elles devraient arriver vers midi.

Avec Edwina, nous avons prévu d'annoncer sa grossesse, à tout le monde, samedi prochain, lors du conseil de communauté. Elle m'a demandé de garder cette info pour moi seule et de ne même pas la divulguer à Tommy. Ce qui est très dur pour moi, qui ai toujours eu du mal à tenir ma langue.

- Naïa, viens, ils arrivent, me cria Tommy depuis l'extérieur.

Je posais mon cahier, mis mes chaussures et sortis de Liberta en trombe. Les filles étaient enfin là, devant moi. J'avais cette impression bizarre de ne pas les avoir vues depuis des mois et je crois qu'elles aussi. Elles lâchèrent leurs affaires et coururent me retrouver. Un long câlin s'en suivit, comme d'intenses retrouvailles.

- Ça fait tellement de bien de vous savoir là, pour toujours, leur avouai-je.

- Mais mon dieu que c'est effrayant, imaginer la communauté nous chercher sans savoir, ce qu'ils peuvent bien organiser pour nous retrouver, dit Charlotte.

- Mais il faut laisser ça derrière nous et penser à l'avenir, dit Edwina.

- D'ailleurs en parlant d'avenir, dit Octavio. Il y a un poêle qui nous attend dans le quatre-quatre. Je vais atteler les chevaux et faire un trajet supplémentaire. Il faudra aussi construire un abri souterrain pour la voiture, qu'elle n'indique pas notre position.

- Encore un truc à construire, dit Fabien déjà épuisé.

- Oui, je sais, mais c'est le prix de notre liberté, répondit Octavio.

Il était temps pour chacun de vaquer à ses activités. Tommy et Octavio, s'occupèrent du rapatriement du poêle, Edwina et Charlotte, déchargèrent toutes les affaires qu'elles avaient rapportées et Fabien continua la construction du logement qu'il allait partager avec Charlottes, pour ne pas perdre de temps. Comme souvent, dans les moments importants, je prenais soin de préparer un repas spécial. Tommy m'avait donné l'autorisation d'utiliser le four à bois et l'idée de faire des pizzas, comme un symbole de civilisation, m'avait semblé évidente. Avec les tomates du jardin, des oignons nouveaux, mais aussi, un essai de fromage que nous avions fait avec du lait acheté en magasin et pour finir du jambon cru. Je commençais par préparer la pâte à pizza, quand Edwina et Charlotte me rejoignirent.

- On a déjà fini. Tu veux de l'aide, proposa Charlotte.

- Si vous voulez, j'ai prévu une soirée pizzas.

- Excellente idée, on va préparer tout ça en cœur, dit Charlotte. Et on pourrait préparer aussi un gâteau. Quand je m'étais perdue, j'avais trouvé un figuier sauvage. J'avais repéré l'endroit et je suis sûre qu'il me faudra moins d'une heure pour faire l'aller et retour.

- Tu es sûre que tu ne vas pas te perdre.

- Ne t'inquiète pas, il était tout près de l'endroit où Fabien m'a retrouvé, près du sentier. Mais à l'époque les figues n'étaient pas mûres et avec le trop-plein d'émotions, j'ai oublié de vous en parler.

- Alors je te fais confiance et surtout, j'adore les figues.

Une heure après, Charlotte était effectivement de retour avec des figues, des œufs frais, et même quelques mûres. C'était si agréable de cuisiner, toutes les trois ensembles, en papotant, pendant que nos hommes, amélioraient notre quotidien. Nous étions si bien que je crois qu'Edwina n'a pu résister.

- Charlotte ?

- Oui Edwina.

- Je voulais attendre le conseil de communauté de samedi, mais je sais que maintenant, c'est le bon moment.

- Le bon moment, pour quoi ?

- Et bien, Naïa n'est plus la seule à attendre un enfant, avoua Edwina.

- Tu veux dire que tu es enceinte ?

- Oui.

- C'est super, on va chacune avoir notre bébé, dit-elle en frappant dans les mains.

- Comment ça ?

- Et bien moi : Angel et vous : vos bébés « Humains », dit-elle en simulant les guillemets avec les doigts.

- Oui, tu as raison, dit Edwina en souriant à pleines dents. Nous aurons chacun notre bébé, mais chut, c'est notre secret de filles, jusqu'à samedi. Je suis si heureuse que tu le prennes comme ça.

Cette annonce finit par un câlin général : le deuxième de la journée.

Dans l'après-midi, Fabien vint se désaltérer. Apprenant le programme de la soirée, il nous promit une surprise pour le repas. Il devait juste voir avec les garçons, pour savoir s'ils étaient d'accord.

Après son départ, nous allions bon train sur les spéculations. Charlotte comme à son habitude imaginait des jeux érotiques. Mais, connaissant Tommy, j'optais plus pour un spectacle ou des chants. Et Edwina... rêvait de bijoux.

Quel drôle d'idée !

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