Chapitre 42

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- Tu crois qu'elle va bientôt rentrer ? me demanda Fabien.

- À toi de me le dire.

- Tu la connais depuis plus longtemps que moi, tu sais.

Oui, c'est vrai, mais dernièrement, j'ai l'impression de ne plus la reconnaître. Peut-être que tu pourrais m'aider. Est-ce qu'elle te dit ce qui la dérange en ce moment.

- Tout le temps. Ça devient une obsession. Elle est en colère contre toi, car tu te gardes Tommy pour toi toute seule.

- Et ça ne te dérange pas qu'elle te dise ça.

- Je ne sais pas vraiment. Être à deux avec une femme, c'est différent de tout ce que j'ai connu. Et je n'en discute pas trop avec Octavio et Tommy, pour savoir comment ça se passe pour eux.

- On pourrait lui demander, dis-je. Octavio ? Approche-toi, s'il te plaît.

- Oui, qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-il.

- Et bien nous aimerions bien discuter de nos relations homme-femme.

- Oui pas de soucis. Que voudriez-vous savoir.

- Et bien, je me demandais si Edwina se plaignait aussi que Naïa ne veut pas partager Tommy avec les autres filles.

- Heu, non pas du tout et en plus je crois que c'est plutôt l'inverse.

- Comment ça ? demanda Fabien.

- Je crois que c'est Tommy qui ne veut pas partager Naïa avec nous. Mais je crois que ça ne nous regarde pas. C'est leur choix, non ?

- Peut-être, en fait, je n'en ai discuté qu'avec Charlotte, ou plutôt j'ai écouté son point de vue.

- Mais toi, tu en penses quoi ?

- Et bien, je n'aime pas que Charlotte soit malheureuse.

- Oui, mais ça ne répond pas à la question. Penses-tu que Tommy soit obligé de faire des choses intimes avec tout le monde.

- Non, bien évidemment. D'ailleurs moi non plus je n'ai pas vraiment envie. Je ne le fais que pour faire plaisir à Charlotte.

- De mon côté, dit Octavio, même si ma préférence va à Edwina et inversement, tous les deux, nous aimons beaucoup ces moments de partage. Ça fait monter le désir et après quand nous sommes seuls, c'est encore meilleur.

- Et toi Naïa ? Quel est ton point de vue.

- Je suis un peu comme Octavio et Edwina, mais Tommy ne le supporte pas, donc je ne ferai rien qui lui ferait de la peine.

- Tu devrais le dire à Charlotte, me proposa Fabien.

- C'est ce que j'ai fait tout à l'heure. Mais Charlotte m'a traitée de menteuse et elle est partie dans les bois.

- On va retourner au coin à Champignons. Avec un peu de chance, elle se sera calmée et va revenir sur ses pas.

En arrivant sur les lieux de notre dispute, force était de constater que Charlotte n'était pas là.

- Bon, je vais commencer par faire la récolte, s'ils s'avèrent comestibles, dit Octavio. Si Charlotte revient sur ses pas, elle me trouvera ici. Et je vous propose de commencer à inspecter les alentours, pour la retrouver. N'allez pas trop loin pour l'instant et revenez ici dans trente minutes, si vous n'avez rien trouvé.

- Oui, c'est un bon compromis, dis-je, mais je n'ai pas de montre.

- J'ai la mienne, dit Fabien.

Nous partions donc à la recherche de Charlotte, en criant régulièrement son prénom. Mais pas la moindre trace. Nous entendait-elle ou pas ? Nous cherchait-elle ou pas ? J'étais de plus en plus inquiète et Fabien aussi, c'était évident. Le timbre de sa voix, quand il criait son prénom, laissait transparaître son angoisse.

- On va la retrouver, Fabien. J'en suis sûre.

En réalité, je cherchais à le rassurer autant que moi. La demi-heure était passée maintenant et nous retournions voir Octavio au coin à Champignons. J'espérais y voir Charlotte qui aurait fini par retrouver son chemin.

- Apparemment, vous n'avez pas trouvé Charlotte, dit Octavio.

- Non pas la moindre trace.

- Bon, de mon côté, j'ai rempli mon panier. Ce sont des Cèpes, nous avons de la chance. Enfin pour la récolte, pas pour Charlotte.

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant, demanda Fabien stressé.

- Et bien, on va chercher du renfort, mais toi Naïa, tu vas rester au camp. C'est plus raisonnable. Et si Charlotte revient à Liberta, tu seras là pour l'accueillir.

L'après-midi me sembla interminable. J'étais seule avec mes pensées et je culpabilisais de n'avoir pas su trouver les mots. S'il lui arrivait quelque chose, je ne me le pardonnerais jamais. Au fil des heures, ma culpabilité se transforma en colère. Colère envers Tommy, qui lui avait menti par manque de courage. Colère envers Charlotte, qui mettait Liberta en Péril, par son obstination.

Le soleil commençait à baisser maintenant, et les larmes coulaient sur mes joues. La peur m'envahissait et si personne ne rentrait ? Il me fallait trouver quelque chose pour me changer les idées. Je me décidais à faire à manger, espérant remplir les estomacs de six personnes affamées par une journée éprouvante.

Faire le tour du potager et du garde-manger, éplucher les légumes, mettre la marmite sur le feu que j'avais précédemment ravivé, me faisait du bien.

- Naïa, dit une voix que je reconnus immédiatement.

Je fis volte-face. Charlotte était là, devant moi, avec tout le monde.

- Je suis désolée, reprit-elle en s'approchant pour me prendre dans ses bras.

- Je suis tellement contente de te voir. Mais où étais-tu ?

- Je ne sais pas vraiment, je me suis perdue. Quand je suis partie fâchée, j'ai cru prendre le chemin de Liberta, mais après quelques dizaines de minutes, je me suis rendu compte de mon erreur. Mais dans la forêt tout se ressemble tellement. Comme j'ai eu peur. Et puis j'ai entendu la voix de Fabien, et puis tous les autres. J'ai hurlé et ils m'ont trouvée.

- Je suis tellement désolée, dis-je.

- Non, c'est moi. Sur le chemin du retour nous avons beaucoup discuté et j'ai pris conscience de mon entêtement. J'étais en boucle, comme un disque rayé, incapable de prendre du recul.

- Oh, c'est un tel soulagement.

- Qu'est-ce que tu préparais ça sent divinement bon.

- Un repas de sportif. Pomme de terre, oignon, lardon. Il ne reste plus qu'à laisser mijoter, pour que tout se transforme en purée. Et puis j'ai aussi fait revenir quelques cèpes pour une omelette.

- Et bien, en attendant, je vais préparer une boisson rafraîchissante pour tout le monde, dit Octavio.

- Et je vais finir de m'occuper de l'omelette, proposa Charlotte. Alors, reste assise et repose-toi.

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