- Tommy ? dis-je. Tu es là ?

Pas un bruit ne sortait de la tente et il était tard, maintenant. La nuit était tombée et je ne me voyais pas partir à sa recherche. Le mieux était d'attendre dans la tente qu'il se calme. Comme à chaque fois, je retirais mes chaussures avant d'ouvrir la fermeture éclair pour ne pas salir notre petit nid douillet.

- Ah, tu ne m'as pas entendu ? dis-je en le découvrant dans la tente.

Mais je compris, par son silence, que le problème n'était absolument pas auditif. Je soulevai la couette et vint m'allonger face à lui. Il me regardait en silence, éclairé très légèrement par la pleine lune.

- Tommy, je vois bien que ça ne va pas, mais il faut que tu m'expliques, pour que je comprenne.

Malheureusement, rien n'y faisait, Tommy restait silencieux.

- Tommy... tu veux que je m'en aille ?

Je lui laissais de longues minutes pour me répondre, mais n'en obtenant toujours pas, je décidai de sortir de la tente.
- Non, reste, dit-il enfin.

- Mais à quoi bon, si tu ne me parles pas ?

- C'est dur, car je suis à la fois très en colère et un peu honteux.

- Et bien prends tout ton temps et explique-moi. Je t'écoute.

Je sentais bien qu'il était dur pour lui d'enfin m'avouer les tourments qui l'ébranlaient. Sa bouche s'ouvrait parfois, pour se refermer quelques secondes après. Il me fallait juste être un peu patiente, pour lui laisser le temps de trouver les mots justes.

- Je suis fâché... Mais tout se bouscule dans ma tête. Déjà, je ne voulais pas jouer à ce jeu, mais j'ai eu l'impression que je n'avais pas le choix. Même toi tu avais envie... Et ça aussi ça m'a énervé.

- Et pourquoi aurais-tu voulu que ce jeu me déplaise.

- Tu savais très bien comment ça allait se finir et j'ai l'impression que ça ne te fait ni chaud ni froid. Qu'une autre fille me touche ça ne te fait rien... C'est comme si...

- C'est comme si, quoi ? demandai-je.

- Tu ne tiens pas à moi ?

- Si, plus que tout ! Pourquoi dis-tu ça ?

- Et bien, si je ne supporte pas qu'Octavio te touche, c'est parce que tu es très importante pour moi.
- Oui, mais là, c'était un jeu, fait pour faire monter le désir.

- Donc tu désires Octavio ?

- Non ! dis-je, interloquée. Je te désire toi, et même quand il me caressait, c'est toi que je désirais. C'est toi que j'espérais exciter. C'est ton regard qui me faisait de l'effet. Tu comprends ?

- Au fond, j'ai peur que tu le préfères à moi.

- Donc ta colère, c'est de la peur ? Mais moi quand Charlotte te caresse ou t'embrasse, je sais que c'est moi au fond que tu préfères. Je le sais, j'en suis intimement convaincue. Elle peut te faire tous les numéros de charmes, je sais que c'est vers moi que vont tes pensées. J'aimerais que tu comprennes à quel point tu es important pour moi. Sans toi, j'ai l'impression de ne pas être complète, comme s'il me manquait un sens, comme si je ne pouvais plus respirer. Sans toi, je crois que je mourais à petit feu. J'apprécie Octavio, comme Fabien, Edwina et Charlotte, mais ils ne me sont pas vitaux, comme toi.

- Et voilà pourquoi je suis honteux, car ma raison sait que tu tiens à moi. Mais j'ai du mal à me contrôler. Tu m'en veux ?

- Non, il faut juste que l'on apprenne à se faire confiance. Tout ça, c'est très nouveau, en fin de compte. Ce sentiment, je ne le connaissais pas avant. C'est un peu comme l'amour que j'avais pour mes sœurs, ma mère, Charlotte et Edwina, mais en beaucoup plus fort.

- J'ai l'impression que tu mets les mots justes sur mes sentiments.

Tommy déposa ses lèvres sur les miennes, comme pour se donner du courage.

- Naïa ?

- Oui.

- J'aimerais que tous les deux nous nous promettions l'éternité.

- Que veux-tu dires par-là ?

- Et bien que nous fassions comme un pacte, qui nous lierait l'un à l'autre pour toujours.

- Je trouve que c'est une très bonne idée, mais je ne comprends pas vraiment à quoi ce pacte pourrait ressembler.

- Et bien ça fait un petit moment que j'y réfléchis et j'avais imaginé que l'on pourrait faire une sorte de fête avec tout le monde. On se promettrait devant tout le monde d'être lié l'un à l'autre pour l'éternité.

- Et bien l'éternité avec toi et ce pacte me plaisent... me plaisent beaucoup même. Et tu voudrais que l'on fasse ça quand ?

- Et bien, j'aimerais faire quelque chose de spécial. Je voudrais donc prendre le temps de faire ça bien. Il y a encore tant de choses à faire ici. Peut-être en même temps que l'inauguration de notre maison.

- C'est une très belle idée et un très joli symbole.

- Tu veux que l'on retourne voir les autres ? me proposa-t-il.

- Et bien, à bien y réfléchir, non. Depuis que j'ai vu Charlotte te lécher, j'ai envie d'en faire de même.

- Alors, il a du bon quand même ce jeu, conclut Tommy en souriant.