Chapitre 5

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Arrivée au bout du sentier qui menait au grillage, j'eus la présence d'esprit de faire une marque reconnaissable. Je trouvais une grosse pierre que je déposai au sol, espérant je ne sais quoi, en réalité. Je me laissais porter par les voix de mes amies, quand enfin, j'aperçus leurs silhouettes.

— Naïa, enfin. Nous avons eu tellement peur.

— Et moi donc, j'étais complètement perdue.

— Mais où étais-tu et comment nous as-tu perdues de vue ?

— Il y avait cette biche...

Continuant à leur raconter mes péripéties, je retombais avec mes amies devant la grosse pierre. Mais au moment de leur parler des femmes bizarres que j'avais vues, je découvris un panneau tombé au sol. On pouvait y lire Passage Interdit, animaux dangereux. Je me ravisai donc de finir la fin de mon histoire.

— Bon et bien maintenant, tu ne nous lâches plus, me recommanda Edwina.

— Oui, Maman, dis-je en rigolant.

Mais Edwina n'apprécia que très modérément mon humour.

— Désolé, admis-je penaude.

Le reste de notre randonnée se passa pour le mieux. Les filles avaient ralenti un peu le mouvement, ce qui nous laissait un peu plus le temps d'observer la nature qui s'offrait à nous. De mon côté, je maintenais une distance rapprochée avec mes amies pour ne pas les perdre de vue. Nous étions enfin de retour au camp de base et comme la veille nous préparions un feu et un repas chaud.

— Dites les filles, vous vous êtes déjà posé des questions sur les autres communautés ? demandais-je à Edwina et Charlotte.

— Non, tu sais, il n'est pas très autorisé de le faire.

— Oui peut-être, mais toi Charlotte, c'est toi qui places les bébés, dans les différentes communautés.

— Oui et non. Je reçois une liste de bébés à placer, sans savoir d'où ils viennent exactement. Ensuite, je les répartis dans les maisons qui ont de la place.

— Tu ne sais pas d'où ils viennent ? C'est fou ! m'exclamai-je.

— Je ne sais pas, je ne me suis jamais interrogée là-dessus. Depuis toute petite, on nous a appris à ne pas être trop curieuses. Enfin sur certains sujets.

— J'ai cru comprendre que pour avoir des informations sur les autres communautés, il faut directement travailler au ministère, précisa Edwina.

— Ah bon et comment on fait pour travailler là-bas ?

— On m'a expliqué que c'était réservé aux bébés placés dans les familles du ministère. Mais tu n'en parles pas. Ce n'est pas le genre de sujet dont on peut parler. Sauf ici au milieu de nulle part, dit Edwina.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Et bien, pas très longtemps après qu'une collègue m'ait donné cette info, j'ai été convoquée par ma responsable. Elle m'a fait comprendre qu'il ne fallait pas trop évoquer le sujet. Et suite à ça, ma collègue a été mutée et je ne l'ai plus jamais revue. J'observe et je me rends compte que certains lieux ont des oreilles et d'autres non. Je pense qu'au milieu des bois, tout va bien.

— Tu m'inquiètes, Edwina.

Le week-end s'était bien passé, à part ce petit incident au début. Nous avions même convenu de recommencer. Nous trouverions peut-être des paillasses un peu plus confortables pour dormir. Mais je me posais beaucoup de questions sur cette autre communauté que j'avais trouvée. Mais je n'en avais pas parlé aux filles, car elles m'auraient sûrement réprimandée.

Charlotte et Edwina avaient prévu de passer l'après-midi au centre aquatique, le week-end suivant, mais étant phobique de l'eau, j'avais décliné l'invitation. Et seule, je pourrais peut-être retourner voir cette communauté aux femmes étranges. Munie d'une carte, je pensais être capable de la retrouver seule. J'avais une journée devant moi pour le faire, c'était largement suffisant.

Le samedi matin à huit heures, les filles prenaient leur sac de piscine et me laissaient seule à la maison. Feignant de dormir profondément, j'attendis quelques minutes avant de me lever de mon lit. J'engloutis un petit-déjeuner copieux, mis des habits confortables et partis pour la forêt.

J'étais fière de moi, une fois sur place, il ne me fallut pas plus de trente minutes, pour retrouver le grillage. Les filles étaient toujours là, vacant à leur occupation. J'avais eu la bonne idée de prendre des jumelles pour compenser mes lunettes défaillantes. J'observais un premier groupe qui discutait assis dans un jardin. Elles étaient trois. Mais c'était vraiment bizarre. L'une d'elles avait sur le visage des sortes de cheveux. Une autre encore n'avait pas mis de tee-shirt et avait une poitrine bizarre, plutôt plate et carrée.

Je continuais à chercher avec mes jumelles d'autres filles. Pas une n'avait de poitrine et une bonne proportion avait des cheveux sur le visage, parfois rasés courts, mais en nombre anormalement important. J'observais aussi qu'un certain nombre avait, sur le corps, une pilosité importante. C'était vraiment étrange.

Ça faisait plusieurs dizaines de minutes que je les observais maintenant, quand une des femmes ouvrit son pantalon et sortit une sorte de tuyaux, d'où coula du liquide. Elle devait faire pipi, je ne voyais pas d'autres explications, mais c'était tellement bizarre.

— Hey, vous là-bas que faites-vous ici ? dit une voix anormalement grave, qui me tétanisa.

— Heu..., baragouinai-je en cachant mes jumelles dans mon dos.

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