Chapitre 4

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C'est fou, mais depuis quelques mois, j'étais beaucoup mieux. J'étais plus détendue et moins stressée au quotidien. Et j'étais convaincue qu'Edwige y était pour beaucoup. Moi qui étais inquiète la première fois, j'avais complètement changé d'avis et j'espérais qu'au retour de Tess, je pourrais conserver mes rendez-vous avec Edwige.

J'avais tellement d'énergie que j'avais même organisé un week-end pour faire du camping sauvage, avec mes colocataires. Nous devions partir le vendredi soir, après le boulot, dans une forêt de notre communauté. Nous avions chacune investi dans un gros sac à dos, avec une petite tente une place, quelques victuailles, des vêtements bien sûr, et même une trousse de secours.

J'étais tellement impatiente. À dix-sept heures, j'allais récupérer mes affaires que j'avais préparées la veille et retrouver mes collègues qui avaient déjà fini. Charlotte avait pris son après-midi pour pouvoir terminer son sac et faire les courses avec Edwina qui finissait toujours très tôt.

— C'est bon les filles, on peut charger la voiture ? dis-je.

— Oui, c'est bon pour moi, tout est prêt, répondit Edwina.

— Oui, j'aurais juste besoin de mes lunettes, dit Charlotte.

— Elles sont sur le meuble de l'entrée, donc c'est parti.

Aussitôt dit aussitôt fait. Les trois sacs à dos étaient dans le coffre, ainsi qu'un sac de nourriture. Nous avions décidé de faire une boucle par jour et revenir au camp de base le soir, ce qui allégerait nos sacs. Nous avions convenu que pour une première, c'était plus raisonnable. Nous n'étions pas de grandes exploratrices, la prudence restait donc de mise.

Trente minutes plus tard, nous arrivions à un kilomètre du lieu où nous voulions bivouaquer. Il ne nous fallut pas longtemps pour nous mettre en branle et faire le petit parcours jusqu'à notre camp de base. Pour les tentes, ce fut une autre histoire. Soit la notice était mal faite, soit nous étions vraiment très nulles. Mais c'était évident, nous étions des handicapées du camping. Aucune d'entre nous n'avait eu une Maman qui l'avait initiée aux joies du bivouac.

Après une heure de galère, les tentes étaient montées. Nous décidions de récupérer des pierres aux alentours, ainsi que du bois mort, pour faire un feu de camp. Notre campement était dans un lieu dégagé et ne nous semblait pas à risque, pour une petite flambée.

Le feu était parti maintenant et nous réchauffait agréablement. Nous avions prévu quelques conserves et une casserole en aluminium, à mettre sur les flammes. Je me sentais étrangement libre, sans vraiment savoir pourquoi. Le soleil se couchait déjà et demain nous avions prévu un circuit de près de dix-sept kilomètres. Il était temps d'aller se coucher.

La nuit ne fut pas très reposante. La petite paillasse, de quelques centimètres, posée sur un peu d'herbe et des cailloux, avait labouré mon dos. Mais pas grave, je n'étais pas venue chercher le confort d'un lit douillet.

Allez debout !

— Déjà réveillées les filles ? demandais-je à mes amies.

— Oui, nous avons tellement mal dormi que nous avons préféré nous lever.

— Pareil, je n'ai pas fermé l'œil de la nuit.

Après un petit-déjeuner copieux, nous étions prêtes pour notre randonnée. Edwina, qui avait un meilleur sens de l'orientation que nous, prit la carte. Notre petite troupe partit sur un petit sentier forestier dégagé. Il faisait beau et plutôt frais, mais la marche nous réchauffait. Les premiers bourgeons apparaissaient sur les arbres qui commençaient à changer subtilement de couleurs. Je flânais en regardant aux alentours, gardant dans mon champ de vision mes amis qui marchaient à plusieurs dizaines de mètres de moi. Au détour d'un sentier, je vis une biche qui semblait chercher de la nourriture. Elle ne m'avait pas entendue, alors qu'elle était à seulement un jet de pierre de moi. J'étais fascinée par ce spectacle. J'aurais bien demandé à mes colocataires de venir voir cette biche, mais mes cris auraient fait fuir l'animal.

D'ailleurs où étaient mes amies ?

Je me pressai pour essayer de les rattraper, mais au bout de dix minutes toujours personne. À tout hasard, je regardai sur mon téléphone, mais il n'y avait aucun réseau. Peut-être avais-je loupé un embranchement. Je commençais à paniquer. Devais-je rebrousser chemin ou au contraire continuer ? Bon, si je reprenais le chemin tranquillement, je ne pourrais que retrouver mes amies. C'était le choix le plus logique et sûr. Mais sur le sentier, je trouvais un embranchement et j'étais incapable de savoir si j'étais venue de la droite ou de la gauche.

Hésitant un instant et cherchant dans ma mémoire un indice, je choisis, au hasard, de prendre celui de droite. Je pourrais de toute façon tester le chemin de gauche dans un second temps. Mais je me rendis compte que ma tactique pour retrouver mes amies, ou même le camp de base, était désastreuse. J'étais perdue au milieu de la forêt. Suivant un petit sentier, j'aperçus au loin des bâtiments.

J'étais sauvée !

M'approchant un peu plus, je tombai nez à nez avec un grillage. Je décidai de le longer. Je finirais bien par trouver une entrée. Les maisons, que j'apercevais en contrebas, étaient encore distantes de plusieurs centaines de mètres. Continuant mes recherches, je distinguais maintenant quelques silhouettes. Mais elles étaient floues. Il fallait vraiment que je change de lunettes. Pourtant, il y avait quelque chose de bizarre que je n'arrivais pas à m'expliquer. Ces femmes semblaient... différentes. La démarche peut-être ou les épaules, étrangement larges pour la plupart.

— Naïa. Naïïïïïa, dirent en cœur deux voix très lointaines. Qui venaient dans mon dos.

— Les filles, hurlai-je tout en courant dans leur direction.

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