Chapitre 16

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- Les gars ! On passe au plan Q !

C’est pas trop le moment mais bon finalement, pourquoi pas finir en beauté.

- Et c’est quoi déjà le plan Q ? demande Lucy.

- Plan Q ! Tout n’est pas perdu ! s’esclaffe Ed.

C’est quoi ce bordel.

Je me mets sur la pointe des pieds et distingue au-dessus des touristes Garret au volant de la moissonneuse de Jordan.

Il fonce sur la foule. Ces derniers sont aspirés par le broyeur et comme son nom l’indique si bien, sont broyés. Des petits morceaux de chair s’éjectent d’un gros tuyau à l’arrière.

Un joli tracé sanglant s’est dessiné sur la route de Garret. Ouais, il assure le minot.

Je suis sûr que c’est notre petite discussion de tout à l’heure qui l’a fait grandir.

- Vas-y ma puce ! l’encourage Lucy.

Garret continue de broyer à tout va, il ne reste bientôt plus que deux ou trois touristes.

Ah ben, y en a plus.

- C’est bon ! Gare-toi sur le côté, on va monter avec toi, je lui lance.

Il n’a pas entendu. Je lui répète en poussant un peu plus la voix.

Il continue d’avancer vers nous.

Je l’observe attentivement. Son œil droit clignote et tout son visage est pris de tics nerveux.

Merde, il est en crise, il met maintenant des petits coups de coudes dans le vide à chaque « hic ».

Tiens, c’est nouveau ça.

Il fonce vers nous, j’attrape Lucy et la pousse. On se ramasse la gueule dans une flaque visqueuse.

Garret vire sur la droite.

Il est carrément décidé, ce con. Désormais il nous poursuit.

Fait chier.

On part à toute allure. Elle pousse bien quand même cette machine.

Ça faisait longtemps que je n’avais pas sprinté comme ça. Je mate sur ma gauche, Lucy est en nage. Mais elle garde le rythme. Elle me regarde, puis fait coucou.

- Á qui tu fais coucou ?

-Ben alors Jordy, t’étais où ?

Je me retourne à droite, Jordan est en train de courir à nos côtés.

- Mais tu sors d’où toi ? Et pourquoi t’as laissé le petit sur ta machine ?!

- Ben, je pensais pas qu’il savait la conduire, répond Jordan.

- Oui, il conduit très bien, son père en avait une, dit Lucy, et ça va toi ?

- Je vais bien merci, t’as pas changé depuis toutes ces années.

Bon, ça me gonfle.

On cavale depuis cinq bonnes minutes, l’autre merdeux fait sa crise de serial découpeur et eux, se tapent la discut’.

- Faut que tu l’arrêtes, je dis à Jordan.

- Mais pourquoi moi ?

Je stoppe, l’attrape par la manche, le chope par les épaules et le retourne vers Garret.

- C’est ta machine. C’est toi qu’il l’a emmené. Maintenant tu te démerdes !

Je lui flanque ma batte dans les mains et je reprends ma course.

Jordan reste au milieu, immobile, et cherche Lucy.

Elle lui mime comment utiliser une batte et hausse les épaules comme pour lui dire « c’est sympa mais je ne crois pas que t’auras le temps de t’en servir ».

Jordan pivote vers la machine qui l’aspire et le broie.

Il hurle.

Tout son corps y passe, il ne reste plus que son bras droit et la batte carotte qui vient heurter les lames.

Celles-ci se bloquent. La moissonneuse se met à trembler, fume, puis cale.

J’arrête de courir.

Je m’appuie contre Lucy. J’ai le cœur qui bat à deux mille.

C’est le calme plat sur le camp.

On n’entend seulement le hoquet frénétique de Garret, qui reste planté en haut de son engin, essayant de redémarrer.

Je vais me le faire.

Lucy m'attrape le bras.

- Vas-y doucement.

Je ne lui réponds pas. Je chope une poignée de cailloux. Ah ouais, c'est le bordel dans sa tête ?! Je vais lui remettre de l'ordre.

- Merde ! Je lui tire dans le front.

- Tu me fais chier ! Tu comprends ça !

Je rythme chaque phrase par un jet de caillasses.

Il tente d'éviter, j'accélère le tempo.

- Plein ! Il s'en prend un dans la bouche.

- Le ! Hop, le nez.

- Cul ! Je tire maintenant par dizaines.

- C'est bon, il a son compte, me dit Lucy.

Garret me regarde du haut de son engin, le visage en sang. Lucy lui fait signe de descendre.

Je récupère ma batte. Elle est coincée dans les lames de la moissonneuse.

Je tire. Pas moyen, elle est vraiment bloquée.

Je hurle de rage et file des coups de latte dans l'engin.

Garret me tape sur l'épaule et me tend ma carotte en alu. Comment il a fait ?

Je l'attrape sans lâcher un mot.

En plus il me fait passer pour un naze.

- Par contre, tu passes devant !

Je le pousse.

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