Chapitre 14

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Garret a revêtu son équipement et tient son bonnet à la main. Je m'approche du lit et m'assois à côté de lui.

- Je suis désolé pour tout à l'heure, il me dit tout penaud.

- C'est pas bien ce que t'as fait. C'est très grave tu sais ?

- Oui, mais peut être qu'avec tout ce qui s'est passé hier, je devrais voir quelqu'un.

Je me lève.

- Garret, bon ok, tu as perdu ton meilleur ami dans d'atroces circonstances, je veux dire, le voir carbonisé c'est pas évident, je suis d'accord qu’assister au viol de sa mère alors qu'elle s'est faite sauvagement arrachée en deux quand on a que treize ans, c'est pas la joie, mais ça va quoi, c'est ça la vie tu sais ? Y’a des hauts, des bas, des gens s'en vont, on connaît tous des moments difficiles. Si à chaque fois qu'il t'arrive une broutille, tu dois découper des gens en morceaux, on ne va pas s'en sortir.

Il ne dit rien. Il a compris.

Je lui prends son bonnet et le lui mets sur la tête.

- Allez, je t'en veux pas, on efface tout, prends ton attirail, on a un camp de touristes à assassiner.

Il sourit, réajuste son bonnet et attrape son pieu.

Je sors dans le jardin pour évaluer un peu les effectifs.

Ils sont là, tous alignés.

- Trop bon le costume de lapin, me balance un type.

Je lui fais un pouce.

Y’a de tout. On peut dire qu'en matière de gout, elle ratisse large. On a du trentenaire, du quadra, du papagnasse, du costaud et même le curé du village.

Je me tourne vers Lucy.

- T’es sérieuse là ?

- Oui mais ça va, ça n'a pas duré, je n’avais que huit ans à l'époque.

J'ai rien entendu...

- Bonjour à tous, merci d'être parmi nous.

- Merci à Lucy, elle a su trouver les mots, dit un gars.

- Je n’en doute pas, elle a dû en débiter des belles paroles pour vous voir rappliquer aussi vite.

Les types rougissent et baissent la tête. Je ne veux pas savoir.

J’enchaine.

- L'heure est grave, ce sera difficile. Mais l'honneur de Meat River est en jeu, je prends un air grave.

Je hausse le menton, lève ma batte vers le ciel.

- Nous perdrons surement des frères d'armes durant ce combat mais nous gagnerons ! Oui ! Fils d'Ibis ! Préparez-vous à...

J'ai pas le temps de finir ma phrase, qu'ils se barrent tous en applaudissant.

-Oh ! Vous allez où, là ?!

Un grand blond arrive en moissonneuse-batteuse et se gare en travers. Tous, l’accueillent comme le messie et se ruent autour de sa machine. Je reste tout seul, planté comme un con.

- C'est qui lui ? je demande à Lucy, un brin vexé.

- C'est Jordan ! J’étais sûre qu'il allait changer d'avis, elle dit toute excitée.

Elle court vers lui et se jette dans ses bras. Il lui sourit et lui chuchote à l'oreille.

- Tu ne seras pas déçu, elle lui répond d’un air coquin.

Je m'approche d’eux.

- Bon allez, faut pas trainer, le soleil se lève dans une heure, faut les choper durant leur sommeil.

Équipez- vous, on vous briefera en route.

C'est le moment d'en finir.

On arrive devant le camp. Pas un bruit.

Une légère brise se lève.

Je monte sur la moissonneuse. Je fixe Jordan vite fait, genre « ça va, c'est juste une moissonneuse ! ».

J'observe notre troupe.

Ils ont la gueule remplie de graisses en mode camouflage et sont armés de fourches et de machettes. Lucy fait tourner sa hache. Je lui ai quand même demandé d'enfiler un jean, faut pas déconner. Garret à son pieu en bandoulière et s'impatiente.

Ed est en folie, je le sens qui remue dans mon sac.

- C'est quoi qui bouge ? me demande Jordan.

Je lui réponds pas.

- Écartez-vous et restez derrière !

J’inspire une grosse bouffée et je souffle lentement.

- Vas-y fonce, je dis à Jordan.

Il ne réagit pas. Il est susceptible ce con. J'enlève mon sac, l'ouvre et lui flanque sous le nez.

- Fonce ! lui hurle Ed.

Jordan devient tout blanc, ferme les yeux, démarre et fonce droit dans la palissade qui part en lambeaux.

On pénètre dans le camp.

Les gars sont en folie. Ils se jettent à l'intérieur des bungalows. Lucy et Garret en font autant.

- Non, pas eux ! je hurle.

Je saute de la moissonneuse et rejoins Lucy. Elle a commencé le travail, elle abat sa hache et décapite un gars, puis sa copine.

- Lucy ! Arrête, c'est pas eux, ils n'y sont pour rien, les touristes sont dans le camp vip.

- Merde, soit plus précis.

Elle est déjà recouverte de sang. Sa hache n’est pas trop bien aiguisée, elle accroche un peu.

On sort.

- Stop ! je gueule.

Nos gars sortent à leur tour. Eux aussi, sont couverts de sang. Certains ont planté des têtes sur leurs fourches, ça les fait marrer.

- Hey, c'était facile ! s'exclame un bouseux.

-Heu, non il y a eu un petit malentendu, c'était pas eux notre cible.

Ils me regardent d'un air hébété.

- On en a parlé ?! J'ai été clair, non ?

Je me tourne vers Lucy.

Elle regarde en l'air et planque sa hache derrière son dos.

- Bon, c'est pas grave, au moins vous avez pris le coup, je les rassure.

Un bruit de verrou m'interrompt. Ça vient du côté vip.

Tous regardent en direction de l'immense porte.

Elle s'ouvre lentement.

Une fille, plutôt pas mal, en sort. Elle se tripote la poitrine comme si elle découvrait ses nibards pour la première fois. Elle se retourne et balance.

- Hey les amis, le pt'it dej' est servi !

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