Chapitre 4

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Je marche le long de la route. Ça doit faire un petit peu plus de deux heures qu’on tourne en rond et personne n’est venu m’accoster.

- T’es sûr que c’est par là ? je demande à Ed.

- Je ne sais pas j’y vois rien dans ton sac.

Je m’arrête, inspecte les alentours.

Personne.

Je sors Ed de mon sac à dos et lui fais contempler le paysage.

- Ben, je sais pas trop, en fait je sors que la nuit et je reste dans les bois.

Il sert vraiment à rien, je le remets dans sa couchette.

- Et bouge pas trop, tu vas saloper mon costume et ma batte.

Il a un peu morflé depuis hier. Je ne sais pas si c’est le fait de ne plus avoir de corps mais sa gueule en a pris un coup. Il ne lui reste pratiquement plus de peau sur le visage et juste quelques mèches sur le caillou.

J’appelle Lucy.

- Je fais quoi ? Y’a personne dans ce trou à rat, j’ai dû croiser qu’une voiture en une heure.

- Continue, de toute façon on n’a pas le choix si on veut trouver le camp.

- Ok chef. Restez éloignés, faudrait pas qu’on vous repère.

- Putain Corey, lève ta main ! hurle Lucy.

J’entends une claque. Bien fait pour sa gueule. Á trois sur un quad, il doit prendre son pied le petit merdeux.

On a peaufiné un plan vite fait.

Si tout se déroule bien, je me fais ramasser par le rabatteur, je rentre dans le camp, chope Philéas, lui colle ma batte en travers la tronche pendant que Garret, Corey et Lucy surveillent mes arrières et on se barre.

Ça, c’est sur le papier.

- Lapin, y’a une voiture qui rapplique, tiens-toi prêt.

Je raccroche, range mon tel dans ma poche. La voiture s’arrête.

Une sirène retentit. Je me retourne.

C’est le shérif.

Bon ben, c’est pas pour cette fois. Qu’est-ce qu’il me veut, Rosco ?

- Bonjour m’sieur, je peux vous aider ? me demande le shérif derrière ses grosses lunettes noires.

- Bonjour shérif, tout va bien pour moi, je vous remercie.

- Vous allez quelque part ? Je peux vous déposer ?

- Non ça va aller, je vais voir des amis à Meat River, je vais marcher un peu, il fait un temps splendide, merci quand même et bonne journée.

Je lui fais un signe de la main et trace ma route.

Je l’entends rouler derrière moi. La sirène retentit une nouvelle fois et se gare sur le côté.

- Meat River c’est dans l’autre sens.

Merde.

- Vous n’allez pas voir des amis, n’est-ce pas ?

Je reste silencieux, Ed s’agite dans mon dos.

Le shérif enlève ses lunettes et souffle, il prend un air embêté.

- On n’aime pas trop les vagabonds dans la région vous savez…ça fait mauvais genre…les gens n’aiment pas être dérangés à Meat River. Et mon boulot, c’est maintenir la tranquillité des contribuables.

Ah ça, j’ai bien compris qu’on n’aime pas trop les étrangers ici.

Il va pas m’embarquer pour me foutre en taule ce con ?!

- Je ne fais rien de mal, shérif, je cherche juste un endroit où dormir, me poser quelques jours et après je disparais. Promis.

Il tourne la tête, regarde sa montre et me fixe à nouveau.

Il sourit et m’ouvre la portière côté passager.

- C’est votre jour de chance, montez, je vais vous déposer un peu plus loin, vous trouverez de quoi vous nourrir et reprendre des forces.

Bingo.

J’enlève mon sac, le jette à l’arrière et monte dans la voiture.

- Merci shérif.

Je mate dans le rétro, je vois au loin le quad de Garret qui me suit.

Jusqu’ici tout va bien.

On roule une bonne dizaine de minutes. Il sort de la route pour s’engouffrer sur un petit chemin rocailleux, puis s’arrête.

-Voilà, on y est.

Il sort du véhicule, je fais pareil. Je me retrouve devant une immense palissade en bois. Le sheriff s’approche d’une porte et fait sonner une cloche suspendue à côté.

Il se retourne vers moi et me dit.

- Vous allez voir, vous serez bien ici.

La porte s’ouvre, un black avec une coiffure afro salue le shérif.

- Shérif, comment allez-vous ?

- Bien merci, dis-moi Hendrix, il vous reste un peu de place ? Ce monsieur cherche un endroit pour passer la nuit.

- Bien sûr.

Le black me tend la main.

- Bienvenue mon ami, entre je t’en prie.

J’attrape mon sac, remercie le shérif et pénètre dans le camp.

Il me fait un signe de la main avec un large sourire.

Hendrix referme la porte. Me voilà enfin chez « Les fils d’Ibis ».

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