Chapitre 2

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Lucy dort déjà depuis une bonne heure, je n’arrive pas à trouver le sommeil.

J’ai l’habitude de me faire bercer par la rue et son bordel. Ici, y’a pas un bruit et puis je suis super excité.

Elle me tourne le dos et marmonne.

Elle doit rêver de trucs à la con. Elle me raconte souvent ses rêves, c’est toujours des trucs à la con.

Je me colle à elle… je fais une tentative d’approche.

En temps normal, elle repousse mes avances car on bosse ensemble.

Là, on bosse pas, on dort.

Je lui caresse la cuisse, elle réagit. Elle cale son cul contre moi. Putain, depuis le temps que j’en rêve.

Je continue ma tentative d’échauffement.

Elle se retourne d’un coup sec et me grimpe dessus.

- Il est quelle heure ? elle me demande toute affolée.

- Je ne sais pas, il doit être minuit passé, on s’en fout, on a tout notre temps.

- Mais de quoi tu parles ?

- Pourquoi ? tu parles de quoi, toi ?

- Garret. Il est rentré ?

Elle se lève brusquement, fonce dans la chambre du petit et revient complément paniquée.

- Ils sont pas là ! Habille-toi putain, faut aller les chercher !

Elle met ses fringues en cata et me demande de me bouger le cul.

Je sors du lit, chope mon jean.

- Non ! En mode Lapin, on ne sait jamais.

Je m’exécute.

J’enfile mon costume, mon masque et attrape ma batte.

On sort discrètement de la maison pour ne pas réveiller Lauren et surtout pour ne pas l’inquiéter.

Dehors, il fait nuit noire. Lucy réquisitionne au passage la hache qu’utilise sa sœur pour couper du bois.

- J’aime pas ça, ils devraient être rentrés y’a un peu plus de deux heures, s’inquiète Lucy.

On s’enfonce dans les bois, « Garret ! Corey ! »

Lucy les appelle sans trop pousser la voix pour ne pas alerter le voisinage.

C’est assez angoissant de marcher la nuit dans les bois. J’entends des brindilles qui craquent, des branches qui frétillent.

Surement des animaux.

Á chaque bruit, je sursaute. Je suis quand même plus à l’aise en ville sous les lumières des lampadaires et des enseignes lumineuses.

Lucy m’attrape le bras.

- Chut, écoute.

Je tends l’oreille. Rien.

Mon estomac gargouille à ce moment-là.

- T’as faim ?

- Non, je me chie dessus, je lui réponds gêné.

Elle lâche un sourire.

Y’a de l’agitation dans la broussaille. Pour le coup, c’est pas une bestiole, sinon une très grosse.

Je tourne la tête.

Malgré la pénombre, j’aperçois quelqu’un prendre la fuite.

- Lucy, par là !

Je pars à sa poursuite. Je sens d’autres présences, comme si plusieurs personnes étaient dans la course.

Lucy me suit mais s’arrête net.

Elle tend l’oreille.

Le silence est rompu par un bruit de moteur.

Elle reprend sa course, le ronronnement se rapproche à toute vitesse.

- Lapin, y’a un véhicule qui fonce vers nous !

Le bruit de moteur se fait de plus en plus fort, on dirait une moto.

Un courant d’air me chatouille le nez. Quelqu’un vient de passer devant moi. Impossible de l’identifier, il fait trop sombre. Un faisceau lumineux éclaire les arbres par à-coups. La moto n’est qu’à quelques mètres et fonce droit sur nous.

Je distingue ses deux phares.

Deux phares pour une moto ?

Ils nous aveuglent, tout le bois s’illumine. Ils sont puissants, ces cons. L’espace de quelques secondes, on y voit comme en plein jour.

Je vois Lucy à côté de moi, les deux mains sur sa hache, prête à découper le premier venu. Un homme apeuré s’élançant vers moi, suivi d’un quad qui l’a apparemment pris en chasse.

- Garret ! hurle Lucy.

Qu’est-ce qu’ils sont en train de faire ?

Garret conduit le quad et derrière, Corey pointe le gars avec son fusil.

Garret dérape et se retrouve en travers. Il maitrise, le petit. Le type en fuite se retrouve dans la ligne de mire de Corey, qui envoie une rafale de balles en caoutchouc. Il chope le gars dans le mille qui s’écroule par terre. Garret se jette du quad, attrape son pieu par ses deux poignets et lui fonce dessus.

- Merde, mais vous foutez quoi ? leur gueule Lucy.

Le petit n’a pas lâché un mot, il est dans un état second ou super concentré.

Je peux pas le laisser l’empaler, je m’active et me jette vers le type pour le protéger.

- Arrête maintenant, laisse le tranquille, vous êtes cons ou quoi ?

Garret s’immobilise mais reste en position d’attaque, prêt à l’embrocher.

- Pousse-toi, Lapin, c’est un démon ! Je l’ai vu roder autour de chez moi.

Ok, les démons mais bien sûr. Il est dans son délire car il est super convaincant.

- Vous êtes complément tarés, Lucy tente de les raisonner.

- Les autres ont réussi à se barrer, mais lui, il va pas s’en tirer comme ça, reprend Garret bien déterminé à se servir de son gros pieu pointu.

Je tente de le raisonner à mon tour.

- Ecoute, ce gars n’est pas un démon ou un mutant ou un…

- Lapin, baisse-toi ! me hurle Lucy.

Je me retourne et vois le gars, plus du tout apeuré mais bien énervé avec la ferme intention de m’enfoncer le crâne à l’aide d’un énorme caillou.

Le petit enculé. J’essaie de le protéger et voilà comment on te remercie dans ce bled de merde.

Il se jette sur moi, je m’écarte, l’esquive et lui file un coup d’épaule.

Il se retrouve au milieu de nous, déstabilisé.

Lucy lève sa hache et lui tranche le bras droit. Celui-ci s’envole et se perd dans la cambrousse.

Il lâche le caillou.

Ben ouais, il est moins léger avec un seul bras.

Garret enchaine, le gars lui tourne le dos, il en profite pour lui enfoncer son pieu dans le cou, le bout pointu ressort par la gorge, un jet sanglant m’asperge la gueule.

Garret retire son pieu, le type hurle de douleur mais ne s’effondre pas. Il fonce vers moi et me mord au niveau de l’épaule.

Je hurle à mon tour, il a une sacrée mâchoire.

Je lui envoie un crochet dans l’estomac et le pousse. Il recule mais sa tête se détache de son cou et reste accrochée à mon épaule. Garret l’avait quand même bien entamé. Son corps continue de frapper dans le vide sans tituber.

Bon, on y est. Peut être que ce gars n’est pas tout à fait normal, finalement.

Je me débats avec la tête qui me grignote.

Je lui mets des petits coups sur le crâne mais rien à faire, il reste scotché.

J’ai du sang plein la gueule mais une odeur prend le dessus, une odeur que je connais très bien…de l’essence ?

Ça pue l’essence, je me retourne, Corey se vide un jerricane de sans-plomb 98 sur la gueule.

Ils sont complètement niqués ces minots.

Le connard démembré et décapité avance vers Lucy qui, hache à la main s’apprête à égaliser ses bras.

- Laisse-la ! hurle Corey furieux, au corps en kit.

Il sort un briquet, l’allume et se fout le feu.

Corey se transforme en véritable torche humaine, ou plutôt en grosse boule de feu…

Il se dirige vers le gars, le ceinture puis l’aplatit au sol.

- Corey, non !

Lucy est en panique devant ce triste spectacle, elle tente de l’éteindre.

Garret lui attrape le bras.

- T’inquiète, il a une combi ignifugée.

La tête me lâche enfin.

- Ça brule ! Aidez-moi ! qu’elle me balance.

Je lui mets une claque, elle roule par terre.

Le corps décapité prend feu à son tour et se consume rapidement tout en gesticulant.

Une odeur de chair brulée envahit les bois.

Corey se lève, se tapote pour éteindre ses flammes. Garret récupère sur son quad un petit extincteur et le vide sur son pote qui reprend sa forme de boule humaine.

Notre agresseur n’est plus qu’un tas de poussières alors que sa tête tente de se faire la malle en essayant d’avancer avec son menton.

Pathétique.

Je m’approche de lui. Il m’a vu. Il panique, tente d’accélérer en vain.

Je lève ma batte pour lui exploser la gueule.

Il arrête de bouger, regarde la batte, il a compris qu’il ne pourra plus aller bien loin.

- Ne me tuez pas, je vous en prie, il me supplie.

J’abaisse ma batte.

- Je vous dirai comment en trouver d’autre… il pleurniche.

Je stoppe.

- Je vous dirai comment les arrêter, je vous dirai tout, me tuez pas, je veux pas partir … pas déjà… il sanglote.

Je regarde les autres.

Lucy hausse les épaules. Garret fait non de la tête.

Corey mate le cul de Lucy.

Je me retourne vers la tête. En même temps, avec ce qui lui reste il n’est plus vraiment dangereux.

- Tu sais quoi ? je lui demande.

- Tout ! Je connais tout, je peux vous être utile, très utile. En plus, je prends pas de place, enfin je prends plus trop vraiment de place, hein ? Emmenez-moi avec vous, vous ne le regretterez pas, je vous jure.je…

- Tu parles toujours autant ?

La tête s’arrête, me fixe avec inquiétude puis reprend.

- Non je parle pas, je parle plus, si tu veux que je me taise, je me tais, y’a pas de soucis, faut juste me demander « Dis, tu veux pas te taire ? » et moi je me tais, tu vois c’est simple , je suis pas chiant moi, tu me poses une question je te réponds, tu veux pas que je te réponde, ben je réponds pas, et si vraiment tu veux pas que je te réponde, ben tu me poses pas de question et moi … bouche cousue. Tu vois quoi.

Bon je l’embarque, y’a des choses bizarres qui se passent et il pourrait nous être utile.

Je le secoue un peu, y’a encore un peu de sang et des trucs qui dégoulinent de sa gorge et le fous dans mon sac à dos.

- Et tu fermes ta gueule, je lui ordonne en lui filant un petit coup de batte.

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