CHAPITRE XIV - PARTIE I

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Nina. Je ne peux me soustraire cette harmonie lettrée de la tête. Ils n'ont pas fini de triturer la multitude de mes points faibles. J'entrevois dans ce creux, le début d'une longue et périlleuse marche, à travers le sentier de mes indénombrables lamentations. J'ai perdu l'habitude de ne plus ressasser son sillage, trop abrupt, une culpabilité infranchissable me tenaille. En l'égard de cela, j'ai mené à bien l'acceptation de ma défaite. À mes heures, il demeure néanmoins la résistance douloureuse du cas de sa mort.

Confiné dans l'obscurité malsaine de ma cellule, je m'impatiente et savoure l'accalmie. J'estime que ce seront mes derniers paisibles instants. L'heure de la troisième épreuve a sonné. Le pire reste à prédire. J'ai dû ingurgiter que l'infime échantillon de l'immense capacité dont ils possèdent les secrets. Je suis qu'à quelques portes d'accéder à The Tower, rejoindre la liberté. Cette belle promesse qui me tient vigoureusement en laisse. Ma maîtresse m'appelle avec une impétuosité n'ayant le foie de faire preuve de compassion. Je vais pouvoir tenter de la caresser une nouvelle fois. Et cette fois, je ne la lâcherai plus à moins que la mort nous sépare.

À midi, je me rassasie. Un illustre banquet à ma disposition s'étend dans la salle, rien que pour moi. Aujourd'hui, les cuisines ont mis du coeur dans leurs plats et je l'ai, sans aucune pitié, savourée à pleine dent.

Ce n'est pas tout. Au jaillissement de mon étonnement, j'ai pu apercevoir, d'autres candidats de la sélection. Mon équipe se compose de deux filles et moi. Nous portons le numéro 7. Visiblement bien plus jeunes que moi, l'une d'entre elles n'est d'ailleurs qu'une gosse ne semblant dépasser la douzaine. Chacune escortée par une équipe de relooking professionnelle, nous avons la stricte interdiction de nous adresser la moindre parole, quelle que soit l'allure de la situation.

Mon corps est entièrement épuré, pas une seule de ses plus petites parcelles n'échappe au nettoyage. Cela me fait un bien fou, retrouver une propreté décente ne m'indigne guère.

Mon coiffeur, au nom de Milo, s'empare sans catastrophe de son instrument de maître. Le jeune homme me coupe les pointes de ma tignasse, rétablissant leur brillance ébène. Grâce à la magie du maquillage, mon visage se ravive, quelque peu, sans exagération.

Les palmettes saillantes, mes iris dorés pétillants émanent d'un leste irrésistible. Mes lèvres ont presque le réflexe de se soulever, dans la tentation d'un sourire, devant mon reflet. Presque aussi glorieuse qu'auparavant. Seulement, aucun aspect de mon existence ne s'égale à jadis. Vais-je un jour, me réapproprier tout ce dont mon frère m'avait volé ?

À l'époque, une matinée ne s'achevait sans que je ne prenne grand soin de moi. La négligence de mon apparence ne m'effleura sans doute jamais. Sans vanter ma personne, j'étais une jeune femme tout à fait sublime. Je ne connaissais pas un homme sur l'île de Phir indifférent à mes charmes fastueux et j'abusais considérablement de ce pouvoir sans faille. Regrettable, car en ces jours, mes traits ne dégagent plus le même parfum enivrant.

Quand, il vient mon tour de revêtir ma tenue, j'ose à peine émettre le moindre mouvement de peur de faire éclater une couture. On a tellement serré mon corset que j'ai du mal à respirer. Et pourtant, j'ai l'habitude de porter ses saloperies, depuis petite. Mais ici à la capitale, il semble que la beauté prime sur le confort.

Un bustier met en valeur ma poitrine plutôt garnie sans être affolante. J'épie mes manches, débutant au bas de mes épaules, tombant jusqu'au milieu de mes cuisses. Pour éviter toute gêne, elles sont fendues en longueur ce qui me permet tout de même de mouvoir mes bras. Un pantalon complète le reste de mon style. Je ne fais l'exception à la règle puisque tout le monde est habillé en blanc.

Revêtir des talons après une si longue période, me procure une sensation d'excitation précédant un bal. Souvent, j'étais accompagné de l'ensemble de ma famille. Cela dit nous parlons d'une époque révolue.

Quand, les préparations touchent à leur fin, les aides nous donnent les dernières directives:

  • Vous allez tous attendre ici dans le calme et quand votre tour arrivera, trois gardes viendront vous escorter jusqu'à la troisième épreuve. D'ici là, les règles restent les mêmes, c'est à dire: interdiction d'entamer la discussion avec un autre membre. On ne s'échange pas un mot. La première ne respectant pas les indications sera immédiatement éjectée de la sélection et à ce même titre de la compétition.

Les équipes de relooking se retirent définitivement. À l'avenant des autres pièces, cette dernière aborde naturellement la couleur pure. Je ne comprends pas pourquoi avoir opté pour cet esthétisme en particulier.

Assise entre mes deux concurrentes, je suis distinctement capable d'éprouver la pression exacerbée batifolant dans les airs. Je ne peux m'empêche de cultiver le désir à déceler l'identité de ses jeunes filles, en cause ma flambante curiosité. Pourquoi sont-elles ici ? Qu'ont-elles pu commettre d'aussi atroce pour mériter leur place dans cette lutte acharnée vers la liberté ? J'aspire ardemment à savoir si je suis réellement la seule à ressentir jaillir cette nécessité de contradiction face à la paréidolie de la paix.

Sans manquer de sincérité, c'est surtout la petite qui m'intrigue avec son regard béant et son expression vacillante. Elle a l'air de ne pas comprendre ce qui lui arrive. Mais, je ne peux me permettre, en aucun cas, de la sous-estimer, elle pourrait m'expédier sous terre en dix secondes. Qui sait ? Après tout, elle a bien survécu aux épreuves jusqu'ici alors ma méfiance n'est pas de mise.

La seconde par contre ne montre pas de failles particulières concernant son comportement. Elle est droite comme un piquet et fixe le vide face à elle. Dix minutes s'écoulent sans qu'aucune de nous trois ne se trahisse. Sommes de toutes les attentes, le silence fut entravé.

  • Je ne veux pas y aller, bégaye la petite fille en posant sa main sur la mienne.

Surprise, je la retire aussitôt. Qu'est-ce qui lui prend ?

  • S'il te plaît, aide-moi ! Je ne veux pas y aller ! Aide-moi à sortir d'ici ! me supplie-t-elle au bord du précipice des larmes.

Je ne trouve pas la force de répliquer positivement à son geste si désespéré. Bordel de merde ! Ce n'est qu'une enfant, innocente ou non, elle n'a rien à faire ici. Cela détermine l'une des raisons pour lequel, je déteste ce monde infâme persécuté pas les injustices. Il est si ingrat de se confronter à une situation d'une perversité aussi soutenue.

Du moins, je ne réagis absolument pas. Mon corps est pétri par la peur. La panique intransigeante de flancher au combat. J'ai déjà fait un bon nombre de sacrifices pour arriver jusqu'ici, un de plus changera-t-il vraiment la donne ? Ces pensées me broient assidûment les veines de mon coeur. Mais je suis incapable de faire quoi que ce soit pour elle.

  • Je veux voir ma maman... Elle me manque tellement... Je ne veux pas y aller.

Soudain, la porte claque et une troupe de soldats débarque en trombe dans la pièce pour transporter la petite fille au vu de son infraction aux règlements. Je reste abasourdie sur ma chaise les observant l'arracher violemment de cette troisième et dernière épreuve. Celle-ci se rue et se cabre contre ses assaillants dans tous les sens, elle ne se montre aucunement commode.

  • NON, NON, NON ! Se manifeste-t-elle à bout d'haleine, ses cris se mélangent à ses larmes. Pourquoi tu ne m'aides pas ? m'accuse-t-elle sans se soucier des autres personnes dans la pièce.

Ma tête tremble, je suis... Je suis... Tellement égoïste, si dégoûtante. Tel un soupire, toutes âmes vivantes se volatilisent dans un tourbillon de sable. La pièce tourne sur elle-même dans un mécanisme ahurissant et le décor s'altère automatiquement. Mon siège me transporte en un clin d'oeil devant trois inconnus, eux aussi immaculée d'un costume blanc.

Ils m'examinent assidûment, de la tête aux pieds, assis derrière une table s'échangeant des messes basses. Je m'efforce de reprendre mes esprits. Ces dernières minutes étaient une mise en scène, appartenant sûrement à l'épreuve en elle-même. Les murmures se liquéfient et subitement une attention persistante est ciblée sur moi.

  • Bienvenue Madame, Andorra Rousseau, à la troisième épreuve de la sélection de « The Tower ». Si vous le permettez, ou non, nous allons vous poser quelques questions et à la suite de cela, nous vous donnons votre note, éclaire d'entrée la seule jeune femme au milieu de la gent masculine.

Je ne réponds point avant qu'elle reprenne:

  • Très bien, nous sommes à nous trois l'équipe psychologique qui supervise le jeu. Gardez en tête que cette épreuve ne détermine pas votre sélection, mais demeure très concluante pour le choix final du Jury. Commençons.

Ma respiration est saccadée. Je dois contenir mon stresse. Étant naturellement doué pour charmer les gens, je me dois de convoiter ce talent pertinemment. Ils sont en quelque sorte mes serpents. Seulement, ces personnes se trouvent être intimidantes avec leur façade peinte aux millimètres près: souriant comme il se doit, droit telle une règle, fade, mais pas trop quand même.

  • Pourquoi ne pas avoir aidé la petite fille dans la salle d'attente ? Me questionne cette dernière.
  • Tout d'abord, je ne voulais pas désobéir à votre règlement, expliqué-je en appuyant sur le dernier mot de ma phrase. En effet, je suis venue ici pour gagner, non pour me faire expulser à la première occasion. Je me dois d'accomplir ce pour quoi je suis là. Par conséquent, je ne peux me permettre de tout gâcher maintenant, je conclus.
  • Intéressant, note l'homme à ma gauche, au bout de la table.

Il semble jeune et très vif. Ma déclaration est l'occasion pour lui de rebondir sur une autre question:

  • Alors, si je comprends bien, vous êtes insensible à un enfant qui demande à voir sa mère ?
  • Ce n'est pas ce que j'ai dit, répliqué-je.
  • Seulement, c'est ce que cous avez suggérer en appuyant en disant « Je me dois d'accomplir en ce pour quoi je suis venu ici. » Il y a donc une raison à votre participation. Qu'elle est sa nature exacte, si vous voulez bien nous nous la révéler ?
  • J'ai un certain mystère à résoudre une fois avoir remporté la victoire et je ne pouvais pas attendre en prison plus longtemps. L'accomplissement de ma vengeance m'absoudra du mal, me libéra... J'avoue sans barrière.
  • Ce n'est pas nouveau ! s'extasie le brun à ma gauche. Il se trouve que c'est la meilleure des motivations que nous ayons dégotées jusqu'ici, affirme-t-il fièrement sur son siège.

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