CHAPITRE IX - PARTIE I

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Je me vois quelques fois perdre pied, aborder sans offense la folie pour effacer mes maux. Lors de ses moments d'absences, une voix interne presque sourde m'imprègne. Lors de quelques instants, j'ai raison d'elles et lui accorde le contrôle suprême sur ma lucidité. Il existe un puits dans lequel je cherche à me précipiter, pourtant, je ne m'y approche pas. Car chaque fois, on me retient. Oui, elle ne veut pas que l'on tombe ensemble, celle-ci ne flanchera pas.

Ai-je pris la bonne décision. Est-ce l'attitude à adopter ? La froideur ? L'indifférence ? Je ne sais pas. De toute manière, je ne me sens plus apte à m'infliger à garder mon humanité éveillée. Mon cœur est lourd. Il doit porter le fardeau de mon être écorché. Je m'interdis d'ouvrir la cage qui contient tous les sentiments qui forgent ma faiblesse. La clé est cachée et je suis incapable de la retrouver. J'ai l'obligeance de me concentrer sur certaines affaires. Atteindre mon but: The Tower.

Toutefois, mes frayeurs reviennent au galop. Elles s'acharnent. Deux camps s'opposent. Et pourquoi ne pas attendre cinq ans ?

« Alors qu'on a une opportunité de sortir dans quelques jours ? Non, attendre est inadmissible, susurre une voix imperceptible. »

Et la mort on y pense ? Dans cinq ans, nous serons libres et surtout vivants !

« Nous sommes déjà morts. À quoi bon lutter ? Réplique cette dernière. »

J-7 avant l'envolée de l'espoir noir.

Demain, j'exécuterai mon plan final. J'ai pu énormément travailler sur celui-ci grâce aux informations que Cook m'a servies, lors de notre dernière discussion. Un point essentiel a captivité mon imagination, j'ai appris que chacun de nous était un sujet d'observation et d'une subtile démesurée convoitise. Nos faits et gestes sont décortiqués, analysés, répertoriés sous tous les angles possibles. Même nos visites médicales sont passées au crible, sans oublier nos séances chez nos conseillers, échantillon de notre état psychologique. Le hasard ne peut se permettre d'influence sur les résultats.

Ils sont mieux informés sur notre personne que nous le sommes nous-mêmes. Effrayant d'être épié de la sorte, étant les victimes d'un harcèlement silencieux dont nous sommes inconscients. Ils veulent choisir les meilleurs d'entre nous, dénicher les potentiels champions, la crème de la crème. L'édition future doit toujours être plus spectaculaire que la précédente.

Une multitude de choses me sont devenues limpide et clair. Comme ce garçon ayant mentionné que seuls les prisonniers de la section deux étaient sélectionnés, car les criminels les plus dangereux de la capitale y croupissent. Néanmoins, il est exacerbé de qualifié l'ensemble des personnes de cette section comme réellement nuisibles, étant donné que Zaia s'est approprié une définition plutôt originale pour pointer du doigt le bien et le mal.

De ce faite, j'ai établi un plan à la hauteur de mes compétences et qui m'expédiera directement dans la deuxième section. Je me suis procuré les outils nécessaires, mais j'ai dû marchander avec ardeur, de ce faite ma bourse est pratiquement vide. Dans cette autre partie d'Elario, il ne me saura accorder d'assouvir quoi ce soit, l'unique jugement du destin et de la chance me porteront. Impuissante, je redeviendrais la spectatrice de ma propre existence.

9:00

Mon assiette était creuse, lors du petit déjeuner ce matin, c'est une mauvaise habitude. Ma journée risque d'être ennuyante, d'ailleurs plus que les autres. Ce qui me laisse un large temps libre. Enfin, cette expression est erronée vu ma condition. Quand je n'ai rien à faire, je lis ou j'écris, m'occupant de sorte à ne pas flâner. Cependant, aujourd'hui la bibliothèque est fermée, en raison de travaux et je n'ai qu'un seul livre en ma possession: l'épopée de George, tendre livre de mon enfance.

Après ce qui est arrivé à Sandy, je n'ose m'y pencher. Je m'abstiens de penser à elle, depuis ses trois derniers jours, sinon je laisserai place aux remords. Une énième faiblesse que je ne peux m'accorder.

En raison des précédentes informations que j'ai obtenues, des songes que je peux plus davantage nier se sont remués. Jusqu'ici, j'avais mis un point d'honneur à les éloigner. Persévérantes, elles ne me laissent pas indifférente. Elles me questionnent quant à la cohérence de cette absurdité, si je suis assez bête pour y prêter serment. La conclusion est immanquablement frappante: c'est forcément un mensonge.

À la minute où la nouvelle est tombée, j'ai su que c'était faux. Lui un tueur ? Lui qui a dédié sa vie à mon bonheur ? Qui m'a protégé de Bewen, ce monstre... En entendant, malgré tout que je possédais encore des sentiments à son égard... Inimaginable, non, même sous le feu de mille preuves, je ne l'avalerai pas.

La capitale a bien menti pour la disparition des seize prisonniers, alors pourquoi s'opposer à croire qu'elle n'aurait agi de manière similaire quant à la mort de mon fils ? La théorie d'une causticité mensongère persiste. De l'argent a flotté dans cette affaire ou que sais-je, mais je reste convaincu par la fausseté de ce cas. Qui aurait pu accomplir un crime d'une telle envergure ? Tant de questions sans réponse m'engloutissent.

Inspiré, je murmure dans la pénombre:

«Sebastien...»

C'est fou. Je frémis. C'est dingue. Je frémis encore.

Son nom me procure la même sensation qu'autrefois. Un nectar délicat, sucré et apaisant prend possession de mon corps. Je ne pourrai nommer une unique fois où sa présence ne m'a pas été bénéfique. Quand Sébastien apparaissait, mes problèmes s'évaporaient, mon angoisse s'estompait pour léguer la place à l'insouciance et la sérénité. Seul lui avait le pouvoir d'à la fois calmer les dessins de mes caprices et d'enflammer mes ardeurs. Un homme qui ployait une bonhomie sans pareil quant à son tempérament.

Le début de notre relation avait été tumultueux. Je ne le dois qu'à moi, je suis l'unique responsable. Il m'a fallu du temps pour m'éprendre de ce charmant personnage. Notre union avait été calculée, le résultat d'un mariage arrangé au millimètre près. Je ne fus point ravi quand je pris connaissance de ce pacte. Mais je n'en avais guère le choix. Dans notre clan, rares sont les individus qui possèdent un tel droit concernant leur partenaire. Nos moeurs s'inspirent des siècles derniers appartenant à l'Ancien Monde entre le dix-septième et dix-huitième. En vérité, au départ nous n'étions destinés à finir ensemble, mais cela demande le récit d'une autre histoire...

J'étais encore intensément amoureuse de Bewen lors de notre rencontre à Sébastien et à moi. Mes sentiments se sont éteints à un rythme subtil. Sans omettre de mensonges, je ne n'ai jamais eu la complète faculté d'étouffer la flamme. Du côté de Sébastien, le premier regard suffit à susciter un vif engouement pour mes yeux d'amande, composant au fil du temps un indéfectible amour à mon égard. Je suis le miel irrésistible à l'abeille. Que voulez-vous je n'ai jamais eu de mal à attirer les hommes. Cela me flattait considérablement à l'époque, encore aujourd'hui quand j'y repense.

Ils sont toujours venus à moi, jamais le contraire, enfin si. Et c'est peut-être cela qui rendue mon lien avec Bewen si différent. La fin de l'histoire de Sébastien est infâme et indigne des valeurs qu'il s'efforçait de respecter. Il ne mérite pas un traitement de la sorte, oh non. Il mérite mieux... Il méritait beaucoup mieux... Ne serait-ce qu'une femme plus honorable. Mon cœur se crispe dans ma poitrine, à l'unique pensée de son destin funeste. J'ai une soudaine envie de vider mes tripes.

Il est nécessaire pour la suite que je me délivre du flou qui obscurcit mes sentiments... Si je persiste à les répudier, il deviendra complexe de s'y retrouver sans osciller. Très bien, commençons par le dernier de la classe. La haine caractérise le mieux ce que je ressens pour cet être abject, Bewen. Néanmoins... Notre relation a pris des tournants incompréhensibles, notre aversion inexorable s'apparentant à notre amour. Comment faire la différence ? Il me semble presque ineffable de m'étendre sur le sujet.

Ensuite, passons à celui qui remporte la meilleure des notes: Sébastien. Je l'aime et je l'aimerai toujours en hommage au moment merveilleux que nous avons partagé ensemble. Il restera sans conteste mon éternelle partenaire. Mais je n'entretiens plus de passion à son encontre.

En ce qui concerne Jayce... C'est un ami comparable à un frère. Je ne pourrai un jour le considérer à une autre échelle. Mais les raisons de ce choix sont bien complexes et je dois me faire violence.

14:12

Le temps se moque de moi, il me défie de manière si hautaine et incontinente. Il veut que j'échoue sans retenue. Il n'est pas ici pour me voir gagner la guerre, mais pour se délecter de mon échec cuisant. Cependant, je ne lui laisserai pas la chance de goûter à cette assiette. Je sortirai de cette bataille la tête haute.

Elle est plus virulente que je n'y pensais. Bercé par l'attente, la folie qui me presse d'agir, ce captivant songe flamboyant. La liberté. Elle m'abandonne à la dérobé des vertiges.

Sans compter sur cette terrible sensation m'oppressant, l'immensité du néant qui me gouverne. Lorsque je ferme les yeux, je n'ai aucun mal à visualiser cet infini océan obscur. Ce vide grandissant en moi à travers chacune de mes respirations. Il est effrayant de savoir que nous ne sommes plus rien à par l'écho de nos paroles suspendues dans l'espace du silence.

Je vois un filé de fumé remonter jusqu'à moi. Je commence le deuxième paquet de la journée, sans succès, cette cigarette n'a pas pour autant réussi a effrénée ma fougue. La cellule est froide, les murs se dégarnissent à une vitesse affolante. Étendu telle une étoile de mer sur mon lit, je me laisse emporter par le bruit du silence. Je n'ai que faire jusqu'à ce soir. Une idée me survient. Pourquoi ne pas se détendre un peu ? Ce que j'entends par « se détendre » c'est de m'emparer d'une dose d'héroïne, à fin de stimuler mes connexions nerveuses. Ce n'est pas le meilleur projet du siècle, mais ce n'est pas aujourd'hui que mon sevrage s'entamera. Autant en profiter avant que je ne puisse plus savourer les vertus de ce produit magiques.

« Anda ? »

C'est une blague ? Il me veut quoi encore ? C'est impressionnant comme Jayce peut être insistant. Cela en devient presque irritant. Il est tenace et pourtant je croyais avoir été clair avec lui. Hier, je lui ai fait parvenir une lettre. Celle-ci contenait mes excuses concernant le déroulement des événements à l'entraînement de jeudi. Je lui ai aussi spécifié ne plus vouloir être en contact avec lui pour de très très très bonnes raisons sans bien sûr les mentionner.

Je lui demandais juste de me faire confiance là-dessus, sans rancune. Une discussion entre nous deux n'aurait rien arrangé. Il aurait peut-être fini par me convaincre de l'alternative satisfaisante, en somme une illusion auquel j'aurai souhaité croire. Jade était totalement ravie. Tant mieux pour elle. La jeune femme m'a confié avoir longuement débattu avec lui à fin du résonner. Pour ma part, cela demeure très douloureux, l'idée ne me plaît pas, seulement sous d'autres aspects elle est immanquable. J'espère pouvoir résister sans lui.

« Tu te moques de moi avec ta lettre j'espère ? Tu me prends vraiment pour un con ? Hein ! grogne-t-il avec hargne.

Il a l'air remonté contre moi. Compréhensible, mais agaçant. Dans quel terme faudra-t-il que je le lui dise ? Si les mots de sa soeur et les miens ne lui ont pas suffi que reste-t-il ?

  • Anda, ouvre cette porte qu'on puisse discuter ! Tu me dois bien ça. 

C'est vrai, mais non, je ne lui répondrai pas. Au fond je suis une garce, alors je n'ai pas à me justifier. Peu importe, aujourd'hui, j'ai décidé que seul moi comptais. Être égoïste n'est pas une mauvaise attitude, parfois il faut se laisser tenter. Et puis c'est faux, je le fais autant pour moi que pour lui. La conclusion est unanime: le jeune homme est bien mieux sans ma présence dans sa vie.

  • Tu ne changeras donc jamais ?

Je continue mes petites affaires tandis que le brun poursuit son monologue, en sortant un sachet de ma commode.

  • J'en ai marre ! Tu m'entends ? T'es irresponsable, égoïste et lâche ! J'ai essayé de t'aider de tellement de façons ! Mais j'ai perdu mon temps avec toi. Tu blesses sans arrêt les gens autour de toi avec ton caractère de merde !

Minutieusement, je prépare mon aiguille. Il va falloir que je choisisse la bonne veine.

  • T'as pensé à ce que je ressentais moi ? Putain réponds ! M'agresse-t-il de plus en plus fort.

Il hurle et frappe du poing sur la porte. Devrais-je m'en soucier ? Je sens immédiatement l'effet de la drogue se propager dans mon sang et m'envahir d'une sensation de pure euphorie. Je me contiens pour ne pas alerter le jumeau de Jayce qui se tient derrière la porte. Évitons davantage de scandale. Mes paupières se ferment, mon corps s'évadant or des barrières de mon esprit barricadé.

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