Bien qu’excédé et dépité par son échec, Le Boucher sortit de la tour d’Armelle avec d’infinies précautions afin de ne pas être vu par les deux policiers.

Après une heure de marche dans les rues labyrinthiques d’une banlieue poisseuse de mille crapuleries, et après s’être assuré à plusieurs reprises qu’il n’était pas suivi, il pénétra dans un vieux pavillon dont il avait la clé.

Il jeta le trousseau sur la table de la cuisine, recouverte de bouteilles vides et de papiers gras.

Sur l’un d’eux était griffonnée une liste de noms qu’il lut à voix haute, en ponctuant chacun d’un sonore « Delete » et en criant de plus en plus fort comme un fou qu’il était : Sylvianne D. : Delete, Dominique FP. : Delete, Marie-Chantal R. : Delete, Josiane P. : Delete, Sylvie J. : Delete, Virginie B. : Delete, Danièle B. : Delete, Paulette Q. : Delete, Alice BSJ. : Delete, Armelle BSJ … PAS Delete ! Ah la garce ! Elle ne perd rien pour attendre. Je ne suis pas pressé. J’ai tout mon temps. Je suis un « dilettante » conclut-il dans un effrayant éclat de rire.

Ces contrariétés m’ont aiguisé l’appétit, j’ai besoin de chair fraîche, grommela-t-il pour lui-même en descendant au sous-sol de la maison.

Lorsqu’il ouvrit l’imposant congélateur, il ne prêta pas la moindre attention à Paulette qui le fixait de son regard hébété et glacial.