Chapitre 2.3 : Astrid

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« Ça commence. Mais ne sois pas effrayée » dit soudainement la petite blonde.

Astrid fronça les sourcils. De quoi parlait-elle ? Qu'est-ce qui commençait ? Et pourquoi ou par quoi exactement serait-elle effrayée ? Tout cela n'avait aucun sens. C'était totalement ridule. La brune devait rêver, sans aucun doute. Bientôt, le réveil sur son téléphone la tirera de son sommeil car il sera temps pour elle de se réveiller pour débuter une nouvelle journée de cours dans son lycée miteux.

« Je ... ne comprends pas » expliqua Astrid le plus simplement du monde.

L'adolescente s'approcha de la petite fille. Elle s'agenouilla en face de celle-ci, de manière à pourvoir la regarder dans les yeux. La lycéenne posa ensuite son "arme" à terre, de sorte à être la plus amicale possible. La jeune fille soupira puis lui tendit sa main.

« Où tu habites ? » demanda-t-elle en souriant.

Il s'agissait d'un sourire crispé par toutes les émotions qu'elle ressentait à ce moment là Peur. Colère. Inquiétude. Tristesse. Des émotions négatives. Pas une seule ressemblant de près ou de loin à de la joie.

« Tu veux que j'appelle tes parents ? » reprit-elle voulant aider la petite blonde.

Astrid posa alors une main amicale sur le bras de la petite fille. Cette dernière commença alors à s'évaporer comme de l'eau se transformant en buée. L'adolescente lâcha un cri de terreur et de stupéfaction tout en reculant de plusieurs mètres. La petite blonde venait de partir en fumée devant elle. Mais il n'en restait aucune trace.

La brune posa sa main sur son front. Tout cela était totalement insensé ! Comment une petite fille de cet âge là pouvait bien enter par effraction chez elle, sans un bruit, pour ensuite partir en s'évaporant au moindre contact ?! Une seule conclusion venait à Astrid : il s'agissait d'un rêve. Soudain, elle remarqua quelque chose à ses pieds. Un bout de papier. Fronçant les sourcils, la jeune fille le ramassa puis l'examina. La première face semblait blanche. Mais lorsqu'elle la retourna, son cœur s'emballa. C'était son dessin. Alors qu'il se trouvait à l'autre bout de la pièce, son dessin avait réussi à se retrouver pile devant elle, retourné, de sorte à ce qu'elle ne le remarque pas. Cependant, quelque chose sur la feuille avait changé. Juste à côté du beau blondinet, des lettres avaient été tracées. A première vue, elles semblaient avoir été écrites avec de la peinture rouge. Sauf qu'il ne s'agissait pas de peinture. Mais de sang.

Astrid frotta son front avec sa main gauche puis se releva pour s'asseoir sur son canapé Elle lu le mot qu'il y avait inscrit. « Yume ». La jeune fille soupira. Elle faisait un peu de japonais, à ses temps perdus, et elle connaissait bien la signification de ce mot. « Rêve ». La brune ricana alors faiblement. Non pas un rire maléfique. Un rire ressemblant presque à de la folie.

Ce que j'ai ressenti en voyant ce mot tracé en sang sur mon dessin était indescriptible. D'une première part, il gâchait totalement mon chef-d’œuvre. C'est ironique : je ne l'ai pas vraiment pensé sur le coup, j'étais plus préoccupée sur la deuxième part. Qui l'avait écrit, et pourquoi sur ce dessin en particulier, au moment où j'ai fait les rêves les plus bizarres de toute mon existence ? Bon, OK, je sais ce que tu penses : le prochain rêve sera bien pire, bien plus atroce physiquement et mentalement, ainsi que bien plus long. Mais j'ignorais tout à ce moment là.

En l'espace d'une soirée seulement, la vie monotone et ringarde que je vivais allait être bousculée à jamais. Ce que je vais dire n'est pas contre toi, ni contre aucun d'entre vous : je ne voulais pas que ça m'arrive. Au final, j'aurais préféré rester dans ma petite existence insignifiante. Bien sûr que vous me manquez, que tu me manques, que je donnerais tout ce que j'ai pour vous revoir. Pour te revoir. Mais comprends-moi : je ne peux pas revenir. Ou si, il y a bien un moyen mais ... là n'est pas le sujet. Pas pour l'instant...

Astrid se releva puis reposa son dessin sur le bureau. Elle prépara ensuite son sac pour les cours du lendemain quand soudain, elle se rappela qu'elle n'avait pas fait ses devoirs d'anglais ! En panique, la jeune fille se précipita sur son téléphone qui se trouvait sur sa table de chevet puis composa le numéro de sa meilleure amie. La brune colla le combiner à son oreille. Les bruits de la sonnerie retenti. Une fois. Deux fois. Trois fois ... « Pitié... Réponds ! » se morfondait Astrid intérieurement. Au bout de la cinquième sonnerie, Amy répondit enfin :

« Astrid ? Tu as vu l'heure ? »

Au son de sa voix, la lycéenne aux mèches bleutées comprit rapidement que sa meilleure amie semblait sur le point de s'endormir, lorsqu'elle entendit son téléphone sonner. La jeune fille remercia profondément Amy d'avoir répondu au lieu de l'ignorer, car elle aurait très bien pu le faire au profit de son sommeil.

« Excuses-moi, mais il faut vraiment que tu m'aides ...

‑ Laisses-moi deviner : il faut que je t'aide pour tes devoirs. »

Astrid sourit presque niaisement. Sa meilleure amie la connaissait tellement bien ! La brune se leva ensuite de son canapé puis se dirigea vers son sac de cours. Elle en sortit un peu au hasard une feuille à carreau qui traînait ainsi qu'un crayon à papier. La jeune fille attendit alors impatiemment les réponses de l'exercice.

A l'autre bout du fil, la blonde soupira. C'était un soupire las, mais pas bien méchant. La blonde savait très bien à quoi s'attendre de la part de sa meilleure amie à cette heure-ci.

« Je vais te donner mes réponses, ça ira plus vite. »

Les deux jeunes filles passèrent ainsi plusieurs minutes au téléphone. Astrid, qui pourtant ne comprenait rien à ce qu'elle écrivait, ne posait aucune question à Amy. Mis à part des "tu peux répéter ?" toutes cinq minutes. Au bout d'un quart d'heure, la question sur les devoirs d'anglais fut réglé et les deux jeunes filles raccrochèrent, le sommeil commençant à pointer le bout de son nez.

Astrid brancha son téléphone et le déposa sur sa table de nuit. Elle déplia ensuite son canapé-lit puis fit celui-ci. La jeune fille se laissa alors tomber sur ses draps. Elle ferma les yeux. Bien qu'elle ait dormi un peu plus tôt, la brune semblait pourtant très fatiguée. Elle ne parvint cependant pas à trouver le sommeil. Astrid était pensive. Elle repensait encore une fois à son rêve. Il y avait quelque chose. La lycéenne ne pouvait pas se résoudre à penser qu'il s'agissait d'un simple rêve. Il lui semblait tellement ... réel ? Était-ce le bon mot pour le définir ? Astrid ne savait même pas comment le définir. Puis elle repensa à la petite fille aux cheveux blond. Elle avait dit des choses tellement étranges. Comment de tels mots pouvaient bien sortir de la bouche d'une aussi jeune enfant ? Puis elle s'était évaporée à un simple contact. Tel la brume. Un rêve. La petite blonde n'était pas réelle. Impossible. Pour finir, son dessin. Ces lettres, ce mot, écrit avec du sang. Yume. Rêve. Devait-on y voir un lien avec ses étranges rêves ? Oui, sans doute.

J'eus très peur tu sais. Je pensais réellement que je devenais folle. Mais nous le sommes tous un peu, au fond de nous, non ? J'imagine ton sourire à cette question. Comme moi, tu repenses au même moment où tu m'as dit cela : "Personne ne peut-être aussi fou que nous, crois-moi". Je me souviens encore de cette phrase. Celle que tu as dite avant de me regarder fixement. Celle où j'ai réalisé à quel point tu comptais énormément pour moi. Où tu l'as réalisé aussi. "Soyons-fous." T'avais-je répondu, en rigolant. Mais ce mot ne me fais plus rire, crois-moi. Je me croyais folle à l'époque, mais ça n'avait rien à voir avec la folie qui m'habite actuellement.

Astrid soupira. Elle posa une main sur son front. La jeune fille se focalisa sur les sons. Peut-être arriverait-elle à trouver le sommeil ainsi ? Elle entendit des rires venant de l'étage inférieur. Ses parents. Ils étaient rentrés. Mais ils n'avaient même pas pris la peine de venir la voir. En même temps, la brune était censée dormir, à cette heure-ci. Ses pensées l'en empêchaient.

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