Chapitre 2.1 : Astrid

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Cela faisait environ un quart d'heure qu'Astrid avait quitté le lycée et avait emprunté le chemin du retour jusqu'à chez elle. Elle avait d'abord accompagné Amy jusqu'à son bus. Effectivement, celle-ci habitait dans un petit village en périphérie de la ville et venait donc tous les jours en bus. Une fois montée dans le bus, Amy lui avait adressé un signe de la main. Puis Astrid était partie.

Maintenant, elle était seule dans les rues de sa ville. Les mains dans les poches de son sweat noir large et les écouteurs dans ses oreilles, la jeune fille repensait sérieusement à la discussion qu'elle avait eut avec son professeur ainsi qu'avec Amy. Les deux tournaient autour du même sujet : l'avenir. Astrid n'avait vraiment aucune idée de ce qu'elle ferait après son baccalauréat. Cela l'inquiétait.

Elle tourna dans une rue un peu sombre puis s'aventura jusqu'au bout pour rentrer chez elle. Elle sortit les clefs de son sac puis déverrouilla la porte pour pouvoir entrer. Astrid referma délicatement derrière elle. Elle se déchaussa puis rangea ses chaussures dans le meuble prévu pour cet effet. Astrid posa son sac au sol, en faisant attention car il y avait son portable à l'intérieur. L'adolescente déposa enfin les clefs sur le clou un peu plus loin de l'entrée. Elle vérifia ensuite que ses parents n'étaient pas rentrés entre temps. Apparemment non. Elle était seule chez elle.

Astrid se dirigea vers la cuisine. Une fois là-bas, elle sortit d'un des placard un verre, ouvrit le réfrigérateur et en sortit une bouteille de jus de fruit qu'elle versa dans son verre. Astrid but le tout d'une traite puis s'essuya la bouche d'un revers de bras. Elle posa son verre sur la grande table dans le salon. Elle ouvrit ensuite les volets de la véranda ainsi que les vitres. Il faisait bon, en cette période de l'année. Aussi décida-t-elle de s'installer sur la terrasse pour faire ses devoirs.

Astrid repartit donc chercher son sac de cours. Elle ouvrit le parasol puis s'assit à table. Elle sortit son agenda puis regarda ce qu'elle avait à faire : réviser une leçon de géographie - chose qu'elle ne fera pas - et des exercices d'anglais pour dans deux jours. Elle soupira puis referma son agenda. Astrid n'avait vraiment pas envie de les faire. De plus, elle n'avait quasiment rien écouté durant la leçon d'anglais. Tant pis, elle allait devoir demander de l'aide à Amy. Comme à chaque fois. Mais elle l'appellera sans doute plus tard. Peut-être que son amie n'était pas encore rentrée chez elle, comme elle prenait le bus.

Astrid sortit son téléphone de son sac. Elle jeta un rapide coup d’œil à l'heure. 16H43. Ses parents ne rentreraient pas avant un moment. Tous les deux travaillaient jusque tard le soir - environ 21H30. Ils commençaient tard également, à peu près vers une heure de l'après-midi. Ce qui faisait qu'Astrid ne voyait pratiquement pas ses parents, mis à part le soir, lorsqu'elle ne dormait pas encore - ce qui arrivait beaucoup. Ils travaillaient tous les deux dans des bureaux, et ne prenaient jamais le temps pour être un minimum avec leur fille. Au départ, lorsqu'elle était encore toute petite, ils étaient très présents. Ils s'occupaient d'elle comme de vrais parents. Puis vint l'âge d'entrer au collège. A partir de cet instant, Astrid fut petit à petit délaissée. Jusqu'à finir par être totalement seule. Comme ce soir.

Elle prit ses écouteurs et les brancha sur son portable. Elle lança enfin la musique, qu'elle ne mit pas trop forte. Astrid se détendit un peu et s'écrasa un peu dans sa chaise. Elle étira ses bras et fit craquer légèrement ses doigts. Astrid fixa alors le ciel. Il n'y avait aucun nuage et le soleil semblait déjà bien haut, pas encore prêt à éteindre ses rayons. Même s'il ne faisait pas encore nuit, Astrid pouvait apercevoir la lune. Apparemment, ça allait être la pleine lune, ce soir-là. Elle ferma les yeux, appréciant agréablement cette fin d'après-midi seule, comme toujours.

Astrid avait fini par s'endormir. Enfin, elle avait plutôt commencé. Alors que la brune aux mèches bleues sombrait dans le sommeil, son téléphone vibra, la réveillant donc par cette même occasion. Elle regarda qui venait de lui envoyer un message. Elle sourit niaisement en voyant le nom apparaître. Il s'agissait de Lola, sa petite cousine. Lola était une jeune fille absolument adorable. Elle était blonde avec des yeux bleus magnifiques, brillant étrangement. Ceux-ci avaient toujours intrigué Astrid. Pas moins de trois ans les séparaient, mais cela n'empêchait pas leur grande complicité, telles deux sœurs.

Astrid composa son code de sécurité - car il en faut toujours un ! - puis répondit à Lola. Elle lui demandait simplement comment elle allait. La jeune fille remit ensuite son portable en veille puis le rangea dans sa poche. L'adolescente prit ensuite son sac-à-dos puis entreprit de monter dans sa chambre. Elle retourna donc dans sa maison puis referma la porte vitrée derrière elle. La brune monta ensuite les escaliers quatre par quatre puis se dirigea tout au fond du couloir, là où se trouvait son espace personnel.

Il ne s'agissait pas d'une pièce très grande. Les murs étaient à l'origine blancs mais avec le temps et la moisissure, ceux-ci avaient fini par changer de couleur. Ils ressemblaient donc plus à du jaune poussin maintenant. En face de la porte se trouvait un bureau en bois. Dessus était posé un ordinateur portable de sous-marque, mais cela convenait bien à Astrid tant qu'elle pouvait aller sur Internet et écrire. A côté du bureau se tenait une commode assez grande pour contenir tout ses vêtements. Il y avait également dessus une grande télévision ainsi qu'une Playstation 3 d'un modèle ancien. Elle y jouait très rarement, ces derniers temps, les cours lui prenant beaucoup de son temps. A côté de la porte - en face de la commode donc - était posée une énorme bibliothèque où étaient rangés tout ses livres, mangas, jeux vidéos ainsi que quelques CD qu'elle écoutait rarement. A droite de l'entrée se trouvait son clic-clac. La brune adorait s'y affaler avec un bon livre ou son ordinateur pour écrire. Enfin, en face de son canapé-lit, il y avait une fenêtre à double-vitrage donnant sur la ruelle dans laquelle elle habitait. Astrid aimait bien se placer devant sa fenêtre et regarder les personnes passer tout en réfléchissant.

Astrid balança son sac sur son lit puis s'installa à son bureau. Elle ouvrit son ordinateur portable puis le démarra. La jeune fille sentit alors son téléphone vibrer dans sa poche. Sa cousine lui avait répondu. Apparemment, elle avait besoin de renseignements concernant l'année prochaine. En effet, Lola allait renter en seconde et elle avait besoin d'être un minimum rassurée. Astrid ne savait pas vraiment quoi répondre. Rassurer ses proches n'avait jamais été son domaine. Elle posa donc son portable à côté de l'ordinateur, en attendant de trouver quoi répondre, et se releva pour aller chercher son sac. La brune en sortit alors sa pochette bleue où elle avait rangé son dessin, un peu plus tôt. Elle le prit puis le déposa sur le clavier de son ordinateur. Astrid passa de longues minutes, le regard dans le vague, à penser.

A quoi je pensais à ce moment là ? Pour te dire la vérité, même moi je l'ignore. Je ne m'en souviens tout simplement pas. Peut-être repensais-je à ma discussion avec Amy ? Ou à ce que j'allais répondre à Lola. Mais, là, maintenant, à l'heure actuelle, impossible de l'affirmer. Peut-être que je me questionnais sur le sens de ma vie. Sur le vrai but de ma venue au monde. Comment allait être ma vie future. Quel métier je ferais, si je serais mariée - et avec qui - et si j'aurais des enfants un jour. Je ne voulais pas de cet avenir. C'est trop ... comment dire ça ? Banal ? Mais n'est-ce pas le vrai sens de la vie, la banalité ? Après t'avoir rencontré, je me dis que non, peut-être pas. Sans doute certains sont nés avec quelque chose de "spécial". Un peu comme moi. Ce n'est pas contre toi, ni contre personne d'autre, mais j'aurais aimé ne pas être "spéciale". Pourquoi ? Je sais bien que beaucoup voudraient avoir la chance que j'aie eu. Mais une fois cette "chance" envolée, il ne reste que le vide. C'est bien trop douloureux. Excuse-moi, je ne devrais peut-être pas dire ça …

Soudain, une horrible douleur s'empara de la tête d'Astrid. Ses oreilles bourdonnèrent et sa vue commença légèrement à se brouiller. Elle prit alors son téléphone et dit vaguement à sa cousine qu'elle lui expliquerait plus tard. La jeune fille se leva difficilement de sa chaise de bureau pour sortir de sa chambre, voulant rejoindre la cuisine pour prendre un cachet. Elle ouvrit avec difficulté la porte puis se dirigea presque en courant vers les escaliers. Elle se heurta plusieurs fois aux différents meubles se trouvant sur son passage avant d'atteindre les escaliers. Une fois arrivée, l'adolescente se tint à la rambarde pour éviter de tomber. Seulement, alors qu'elle atteignait les quatre dernières marches, la jeune fille trébucha et elle dévala jusqu'en bas en faisant des roulés-boulés. Astrid se releva douloureusement. Sa tête lui faisait de plus en plus mal. Ses jambes tremblaient, comme si elles ne pouvaient plus soulever son poids. Elle avait l'impression d'être une personne âgée ! La jeune fille reprit ensuite son parcours jusqu'à la cuisine. Une fois là-bas, la brune sortit d'un des placards un Doliprane. Elle reprit également son verre d'eau qu'elle avait posé sur la table un peu plus tôt - qu'elle manqua de faire tomber plusieurs fois. Ses mains tremblaient désormais, elles aussi. Astrid mit le cachet dans sa bouche puis avala plusieurs gorgées d'eau glacée. Elle n'avait pas remarqué à quel point elle avait soif.

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