Chapitre 2.2 : Astrid

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Astrid monta ensuite dans sa chambre avec autant de difficultés que pour descendre. Elle se dirigea vers son bureau puis remarqua que Lola lui avait répondu. « Pourquoi plus tard ? » lui avait demandé la plus jeune. « Je me sens pas bien. Je vais essayer de dormir pour aller mieux … » répondit la brune. Elle mit ensuite son téléphone en charge puis le posa sur sa table de nuit. La jeune fille ne prit même pas le temps de faire son lit. Elle s'allongea sur son canapé et, avant qu'elle ne s'en rende compte, ses paupières se fermèrent et sa respiration se fit plus régulière. L'adolescente venait de sombrer dans un profond sommeil.

Je me rappellerai toujours de ce rêve. La première fois que je t'ai vu. Même si c'était inconsciemment. C'est un des souvenirs que je chérie au plus profond de moi. Je ne veux plus partager ce souvenir avec personne. Je veux qu'il reste entre toi et moi. Et toi ? Vas-tu partager nos plus beaux souvenirs ?

Lorsque Astrid se réveilla, tout autour d'elle était noir. Elle ne voyait rien. Elle n'entendait rien. Elle avait peur. Pourquoi n'était-elle plus dans sa chambre ? Sa tête ne lui faisait plus mal. Ses oreilles ne bourdonnaient plus. Sa vue ne semblait plus brouillée. Une drôle d'idée envahie alors la jeune fille : était-elle morte ? Si c'était le cas, alors la brune était affreusement déçue. Elle s'imaginait un endroit magnifique, dans les nuages, où il faisait bon vivre et où le malheur n'existait pas. Tout le contraire de cet endroit sombre et sinistre.

Astrid décida alors d'avancer un peu plus. Peut-être allait-elle tomber sur quelque chose d'intéressant ? Un indice lui expliquant où elle se trouvait, par exemple. Elle marcha donc un peu au hasard. Elle allait bien souvent droit devant elle. C'est alors qu'elle remarqua un point lumineux, au large. Sans réfléchir, la jeune fille courut vers elle. La brune s'arrêta à quelque mètres de l'étrange lueur. Elle examina attentivement ce dont il s'agissait. C'était un jeune garçon d'environ son âge. Il portait de drôle de vêtements. Ses cheveux blonds semblaient en bataille et ses étranges yeux bleus lagons fixaient la jeune fille. Il était allongé au sol, comme souffrant. Astrid écarquilla les yeux. Elle reconnut la personne en face d'elle. Il s'agissait du garçon qu'elle avait dessiné ! Mais comment ? Un dessin ne pouvait pas être réel ! Le jeune homme ouvrit alors la bouche et parla :

« Astrid ! Tu es notre seul espoir ! »

La jeune fille fronça les sourcils. Mais de quoi voulait-il parler ?

« Je t'en supplie ! Sauve-nous !

- Pardon ? Mais de quoi tu parles ?! » demanda Astrid, ne comprenant rien.

Le blond sembla alors en état de faiblesse. Il cracha du sang puis se mit en boule, se tordant de douleur.

« Tu es blessé ?! » s'inquiéta la jeune fille.

Elle s'approcha un peu plus de lui. Sauf que le décor changea subitement. Le jeune garçon avait disparu. Et Astrid se trouvait désormais seule. Une odeur de fumée avait envahi l'air. La brune regarda attentivement autour d'elle. La jeune fille se retrouvait dans un village ou un ville en feu. Les flammes rongeaient tout sur leur passage. Des maisons entières prenaient feu. Devant elle, un église en ruine sombrait sous la chaleur écrasante des flammes. Le clocher tomba à son tour. Astrid n'eut pas le temps de comprendre ce qu'il se passait. Elle se retrouva totalement écrasée sous le poids de la cloche.

La première fois que j'ai fait ce rêve, j'eus vraiment peur tu sais. Me retrouver dans une ville en feu et se recevoir un clocher sur la tête peut être vraiment impressionnant. Je pense que tu comprends ce que je veux dire. Mais je crois bien que le pire est la vision que tu m'as laissée. Encore aujourd'hui, quand je repense à ton corps ensanglanté, je ne peux m'empêcher les tremblements de parcourir chacun de mes membres. Dis-moi, est-ce que tu prends soin de toi ? Je suis bête : comment pourrais-tu me répondre …

Lorsque Astrid se réveilla une seconde fois, elle se trouvait de nouveau dans sa chambre. La jeune fille fronça les sourcils, papillonna un peu des yeux puis s'étira. Tout cela n'était qu'un simple rêve. La brune se redressa doucement puis s'assit sur son canapé, de sorte à ce que ses pieds touchent le sol et qu'elle puisse poser ses coudes sur ses cuisses. Elle posa enfin son visage dans le creux de ses mains. Sa tête lui faisait toujours mal, mais beaucoup moins qu'il y a quelques instants. Au moins, le cachet qu'elle avait pris un peu plus tôt commençait à faire effet. C'était déjà ça. Soudain, une question lui vint en tête : quelle heure était-il ? Astrid enleva ses mains puis attrapa son téléphone. Lorsqu'elle l'alluma, elle dû plisser des yeux puis attendre plusieurs secondes avant de se faire à la luminosité de l'écran. La brune aux mèches bleues écarquilla les yeux.

« Déjà vingt heure trente ?! J'ai dormi aussi longtemps ?! » s'écria-t-elle.

Astrid se sentit soudainement un peu bête d'avoir crié aussi fort. Personne n'était présent dans la maison et par conséquent, personne ne l'avait entendue. La jeune fille regarda par sa fenêtre. Effectivement, au loin, le soleil entamait déjà sa course vers l'horizon.

Lâchant un long bâillement, l'adolescente se releva puis sortit de sa chambre, direction la cuisine une nouvelle fois. Ses parents n'allaient pas tarder à rentrer et si le dîner n'était pas prêt à leur retour, qui savait comment ils réagiraient …

Seule dans sa chambre, Astrid était postée devant sa fenêtre. Elle venait de finir de dîner. Ses parents n'étaient toujours pas rentrés. La jeune fille ne les verrait donc pas aujourd'hui. Mais elle avait l'habitude, maintenant. La brune réfléchissait encore. Sur son étrange rêve. Elle ne comprenait pas sa signification. Il y en avait-il une, au moins ? Ca, Astrid l'ignorait. Mais une chose semblait sûre : rêver que son dessin prenne vie n'était pas anodin. Ce n'était pas normal.

Dans la rue, un jeune couple main dans la main marchaient en rigolant et en se lançant des regards amoureux. Astrid sourit. Ils semblaient heureux. Son cœur se serra. Le sentiment amoureux lui était totalement inconnu. Elle ne savait pas ce que c'était, d'être amoureuse. L'adolescente ne l'avait jamais été.

Quand je les ai vu, tous les deux, j'ai pensé : « Ca doit être cool d'être heureux. » Oui, à l'époque, je n'étais pas heureuse. Mes parents étant tout le temps absents, je ne les voyais que très rarement. Mais je ne vais pas dire que je suis heureuse maintenant aussi. Même s'ils sont plus présent qu'auparavant.

J'ai ensuite pensé à Pot-de-Colle. Que devait-il ressentir lorsque je le remballais ? Il devait certainement affreusement souffrir. Le pauvre. Je suis tellement cruelle. Tu le penses toi aussi, que je suis cruelle ? Je le suis, puisque je t'ai abandonné. Tu me manques, si tu savais. J'aimerais que tu sois là, avec moi.

Astrid suivit le couple du regard jusqu'à ne plus les voir. Elle se sentait tellement bête d'observer les passants comme elle le faisait si souvent. Mais cela lui permettait de ne plus se souvenir des choses embarrassantes de sa vie.

La jeune fille se remémora alors son étrange rêve. Elle se souvenait de tout. Du pincement au cœur en voyant le garçon souffrant au sol, en passant par la chaleur écrasante des flammes, en terminant par le poids insoutenable du clocher sur elle. Mais une seule question subsistait : Pourquoi ? Pourquoi avoir rêvé d'un garçon qui n'existait pas ? Pourquoi rêver de le voir en sang et souffrant ? Pourquoi avoir vu un village inconnu - et pourtant si familier - succomber aux flammes ? Il devait forcément y avoir une explication logique à tout cela. La colère ? Trop facile. La fatigue ? Ca l'était également. Alors quoi ?

Astrid fut soudainement prise d'un étrange frisson. Elle avait étrangement froid, également. Sa porte était fermée, pourtant, elle en était certaine. Sa fenêtre aussi. Etait-il normal d'avoir aussi froid, en cette période de l'année ? L'été arrivait à grand pas, alors la température ambiante devait plus se rapprocher du chaud que du froid non ?

« Astrid. »

La brune manqua un battement. Devenait-elle folle ou quelqu'un venait de prononcer son prénom ? Il ne pouvait pas s'agir de ses parents, car ils n'étaient pas encore là et qu'il s'agissait d'une voix de petite fille.

Paniquant, la jeune fille se tourna vers son canapé-lit. Elle écarquilla les yeux. Devant elle se trouvait une petite fille d'environ six ans. Elle avait de longs cheveux blonds et un regard vert envoûtant. Elle portait une petite robe blanche et n'avait pas de chaussures à ses pieds qui pourtant auraient dû recouvrir ses petits pieds laiteux. Ses mains étaient jointes en avant de son ventre. La petite fille souriait faiblement.

Astrid sentit une goutte de sueur perler sur son front et finir sa course sur sa joue. Qui était cette étrange petite fille ? Comment était-elle entrée ici ? Comment connaissait-elle son prénom ?

L'adolescente attrapa une règle métallique qui traînait sur sa commode et menaça la petite fille avec.

« Qui es-tu ?! » s'écria-t-elle.

La main d'Astrid tremblait de plus en plus. Même si la petite fille semblait innocente, elle n'en restait pas une délinquante qui venait d'entrer chez elle par effraction.

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