14. Horloge

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Je ne sais pas vraiment par où commencer. Pas par le début, il est soûlant pour des petits êtres comme vous, j’en ai souvent fait l’expérience… Ah ! Je sais !

Tout d’abord, sachez que je suis âgée de plusieurs milliards d’années. Au départ, je n’avais pas vraiment conscience de moi, tout juste que j’existais. Je ne me souviens pas être « née », il m’a semblé avoir toujours été là. J’ai longtemps arpenté les terres émergées et l’intérieur des mers, sans véritable but autre que la raison de mon existence. Et puis, un jour, j’ai assisté à un évènement auquel je n’avais encore jamais assisté : la vie.

Au départ, je n’y avais pas vraiment fait attention car je n’avais pas de raisons de reporter mon attention sur autre chose que moi-même. Et puis, j’ai senti que quelque chose était différent, sans savoir ce que c’était. Jusqu’à ce que je la vois : la première cellule. Elle était là, devant moi, et je ne l’avais même pas vue ! J’étais sidérée, croyant que j’étais le seul être à fouler cet endroit. Le plus extraordinaire, ce fut quand elle s’est répliquée. Quelle frayeur cela a été ! D’autant plus que rien ne semblait pouvoir l’arrêter, ou presque. Malgré ça, je l’aimais bien, ce petit truc étrange…

Et puis, tout se passa très vite.

J’ai passé beaucoup de temps dans l’eau, à cette époque. J’y ai vu l’apparition des bactéries, et plus tard celle des poissons. Tant de vie de partout ! Je n’étais plus seule, désormais.

Un jour, j’ai décidé d’aller à la surface pour voir ce qu’il en était. Comme tout était différent ! Au lieu d’être aride, le sol était couvert de ce que vous appelez des « plantes ». Et le ciel était devenu bleu ! J’ai alors pris la décision d’explorer cet endroit que je ne reconnaissais plus.

Mais l’espace d’un instant, et voilà que les poissons veulent eux aussi conquérir la terre ferme ! Petit à petit, les voilà qui trouvent le moyen de pondre dans un environnement non aqueux, qui grandissent, qui donnent naissance à d’autres espèces !

Parmi elles, j’ai bien aimé certaines, d’autres m’indifféraient complètement. Il y a eu ces espèces d’énormes créatures – vous les appelez dinosaures, je crois – qui se sont diversifiés à un point tel qu’il y en avait de toutes les tailles et de toutes les couleurs. J’avais déjà pris conscience de la chaîne alimentaire avec les poissons, mais avec eux, le niveau était bien plus élevé – et pas qu’en terme de taille, quoi que certains animaux marins les considéreraient comme de vulgaires poussières . Et puis vint le Chaos.

Je n’avais pas pris conscience de son existence jusqu’alors, trop occupée à me poser des questions, mais il arriva si soudainement que cela me fit l’effet d’une claque en pleine face.

A cause de lui, l’immense majorité des dinosaures disparut. J’ai cru être seule à nouveau, mais contre toute attente c’est un autre animal qui a tiré son épingle du jeu. Un mammifère, qui a profité de l’absence des mastodontes pour proliférer à son tour et régner en maître sur la terre ferme. Ses descendants en ont profité, eux aussi, ils ont fini par se séparer les uns des autres et à donner naissance à d’autres espèces. Parmi elles, vos ancêtres. Ceux-là m’ont véritablement intrigué. En un clignement d’œil, ils se sont mis à marcher sur leurs pattes arrières, leur cerveau s’est développé quand ils ont découvert le feu, et ont fait preuve d’une extraordinaire ténacité. Mais la suite, vous la connaissez…

De mon côté, je vous ai observé marcher sur toute les terres émergées, puis sur les océans et même dans l’espace ! Que d’inventivité, de pugnacité, de violence aussi parfois ! Et même de la cruauté pour vos mauvais côtés, mais heureusement qu’il reste du bon en vous…

Tout du moins, je l’espère, car quand je vois ce que vous avez fait à votre planète pourtant magnifique… Vous avez de la chance que je veuille malgré tout vous protéger du Chaos, mais cela risque quand même de se produire bientôt si vous n’agissez pas.

A mon échelle, vous venez tout juste d’apparaître et vous manquez de faire revenir le Chaos à chaque instant. Le pire, ça a été lorsque la quasi-totalité de votre espèce a fait la guerre contre elle-même pour la seconde fois – je ne veux plus jamais que cela se reproduise, est-ce clair ?

Mais je digresse. Depuis, il y a une invention qui devrait vous faire prendre conscience de tout ça. Une horloge. Elle n’est que théorique, bien sûr, mais les humains qui l’ont inventée ont décidé qu’elle indiquerait le temps qu’il reste avant la fin du monde, représentée par les deux aiguilles en haut du cadran. Alors hâtez-vous, petits humains, car le temps passe.

Il sera bientôt minuit...

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