Chapitre II - L'attente finit par payer - Partie 1

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Ce soir-là, Joshua Valentino avait décidé d’amener son repas dans sa cabine pour manger dans la tranquillité. Il était pris de cette mélancolie qui survient régulièrement quand on est loin de chez soi et avait besoin d’être un peu seul, de méditer. Arrivé à la moitié de son plateau, il le posa car il avait peu d’appétit. Il s'installa devant le miroir pour se raser, il était grand et avait de long cheveux brun qu'il attachait à la manière des samouraï japonais. Il paraissait plutôt jeune pour ses 32 ans et, malgré ses origines italiennes, son teint était plutôt pâle. Quand il eut terminé, il se déshabilla et s’allongea dans sa couchette. Il alluma sa petite lampe de chevet et entreprit de continuer sa lecture. Il lisait Le tour du monde en 80 jours de Jules Verne pour la troisième fois depuis son départ. Il regrettait parfois de ne pas avoir emporté plus de livres avec lui, peut-être pourrait-il le troquer avec quelqu’un contre un autre livre ? Cela lui changerait les idées. Au bout d’une heure, quand ses yeux commencèrent à se fermer d’eux-mêmes, il posa le livre, éteignit la lampe et plongea dans le monde des rêves.

 

Il pensa d’abord à son ancienne maison, revit son jardin et ses parents, son père taillant les haies et sa mère fabriquant une niche pour son chien. Son chien, un labrador noir apparut devant lui et lui sauta dessus en remuant la queue. Le chien se mit à gambader en direction de la palissade qu’il enjamba sans problème et disparu dans la forêt. Joshua se lança à sa poursuite mais il n’arriva pas à le rattraper. Il courut jusqu’à une clairière au milieu de laquelle trônait un grand arbre, un chêne bicentenaire. L’herbe était encore humide de la rosée. Josh ne comprenait pas trop ce qu’il faisait là et fut pris d’une légère panique quand, au loin, résonna dans la forêt une voix féminine, presque inaudible au début. Il finit par distinguer des syllabes, puis des mots :

 

« Nous... humains... ains... incapable... able ! La risée de l’humanité... humanité... humanité... »

 

Il se réveilla en sursaut, les hauts parleurs du couloir hurlaient sans interruption.

 

« Humanity ... Humanity ! Lénora à tout l’équipage du Humanity! Réveillez-vous ! Je répète, Lénora à tout l’équipage du Humanity! Reveillez-vous !

 

- Merci Lénora, je prends le relais. Amiral Jenkins à tous les tas de gras présents sur ce vaisseau, je vous attends sur le pont avant une heure trente. Tous sur le pont dans dix minutes. »

 

À la hâte, Joshua Valentino enfila sa combinaison de marines et se précipita dans le couloir. Celui-ci était bondé jusqu’à l’ascenseur car personne ne comptait arriver en retard sur le pont.

 

«  Hé Valentino ! Attends-moi ! fit une voix dans son dos. »

 

Il s’agissait de Lucas Murphy, le camarade avec qui il passait le plus clair de son temps sur le vaisseau. Lucas reprit :

 

« Pourquoi on nous fait lever à cette heure-là d’après toi ? Vu le ton de l’amiral, ça ne peut qu’être une nouvelle foireuse. Peut-être qu’on est perdu dans l’espace et qu’on va y passer... Tu sais, pour moi, après trois ans passés sur ce tas ferraille sans voir le bout de ce foutu voyage, la fin, qu’elle soit bonne ou mauvaise, ne peut être qu’une bonne nouvelle. »

 

Josh n’en savait rien et ne préféra pas s’avancer. Il se contenta donc d’approuver les dire de Lucas. 

 

Après s’être frayé un chemin parmi la foule, ils arrivèrent sur le pont où était réunis la quasi-totalité de l’équipage. Ils étaient plus ou moins cinq cents dans l’immense salle d’une centaine de mètres de long et d’une dizaine de haut. En face d’eux, une immense vitre donnant sur l’espace. L’amiral Jenkins se tenait de dos, faisant face au vide intersidéral. Il était imposant et, tel un vieil homme, avait les cheveux et la barbe poivre et sel. Au dessus de sa chemise, il portait un long manteau de cuir décoré du sigle du Humanity : deux soleils jumeaux avec, au centre, la planète Sierra . Quand le silence se fit ressentir, annonçant que tout l’équipage était arrivé, Jenkins pivota et prit la parole.

 

« J’espère ne pas vous avoir trop brusqué en vous réveillant à cette heure, bande de larves. Bon, comme vous le savez, notre voyage s’éternise et dure plus longtemps que prévu. Alors, je vous fais venir ici uniquement pour vous répéter ce que vous ne cessez d’entendre depuis des mois, me direz-vous ? Pas vraiment, je dormirai peinard si c’était le cas. Cette nuit, à minuit vingt-sept précisément, un des pilotes est venu me réveiller pour me faire part d’une excellente nouvelle. Nous avons fait cette nuit une avancée phénoménale dans notre voyage : nous venons d’entrer dans le système Génesis. Pour tous ceux qui ne sont pas astrophysicien, Génésis, c’est cette étoile. »

 

Jenkins pointa du doigt une étoile semblable en tout point à toutes les autres.

 

« Elle n’a l’air de rien comme ça mais fixez la quelque instant et vous comprendrez. »

 

L’étoile semblait devenir de plus en plus lumineuse.

 

« Nous nous approchons d’elle à la vitesse de 0,1 Unité astronomique et, autour de cette étoile, gravite notre chère Sierra sur laquelle nous devrions Atterrir d’ici trois heures. Cette bonne nouvelle s’accompagne d’une autre nouvelle, plus mauvaise. Le dispositif de communication grande portée étant hors service depuis peu, nous ne pourrons partager notre joie avec nos amis terriens. Mais ça ne nous empêchera pas d’arriver sur Sierra sans problème. Je vous aurais bien proposé de fêter ça autour d’une coupe de champagne mais ce qu’il va se passer est tout autre. Écoutez-moi bien, vous allez tous retourner à vos postes et vous aurez pour mission de me faire atterrir ce joujou sur Sierra en beauté. Après quoi nous pourrons nous détendre avec champagne et petits fours. Bien compris ? Rompez les rangs ! »

 

Un tonnerre d’applaudissement clôtura le discours de l’amiral et l’équipage commença à se disperser. Alors que l’adjudant Valentino se rendait jusqu’à son poste de pilotage, l’amiral Jenkins l’interpella.

 

« Valentino ! Amane va continuer de piloter encore un peu. Je dois m’entretenir avec vous quelques instants.

 

- Bien sûr Amiral, je vous écoute ! Répondit Josh en effectuant un salut militaire.

 

- Nous irons dans mes quartiers. Suivez-moi. »

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