Chapitre 9

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On les laissait passer.

Ezéquiel grimaça alors qu’il donnait l’ordre d’avancer aux chevaux. Dans un silence de plomb, à l’exception des sabots frappant le sol, ils traversèrent la porte Nord du royaume de l’Ecureuil. Une construction aussi austère et triste que ne l’étaient les autres bâtiments de la ville. La porte elle-même était encastrée dans une petite muraille qui se poursuivait de part et d’autre pour aller se ficher dans les vallons hauts entourant la ville. Des collines si hautes et pourtant si étroites qu’elles semblaient toutes destinées à faire office de gigantesques poteaux. Sur les huit entourant la ville, la seule accessible avait été celle sur laquelle ils s’étaient retrouvés juchés avec Maxence.

Le poste de garde semblait efficace. Bien organisé, les hommes et femmes étaient athlétiques, pourvus d’armes de belles factures dont ils avaient l’air de savoir se servir. Ils avaient le regard dur, vigilant et conservaient une attitude alerte en toute circonstance. Tout semblait normal à part une seule et unique chose.

L’un des gardes s’était contenté de regarder dans un cahier pour leur sortir un « Livraison d’Apür » ? Suite à quoi Ezéquiel avait hoché la tête, puis on les avait laissés passer.

— Je n’aime pas ça, maugréa Caes.

Personne ne les avait contrôlés. Les gardes leur avaient tout juste indiqué l’entrée évidente du royaume de l’Écureuil.

— En effet, c’est étrange, acquiesça le jeune prince alors qu’ils quittaient l’arche pour la ville à l’ensemble si sobre qu’il était surprenant de voir ses habitants s’affairer derrière ces murs.

— Ce n’est pas seulement étrange, Ezéquiel ! C’est carrément suspect !

Le chevalier inspira profondément alors que tous ses sens se trouvaient en alerte. Son instinct lui criait de foutre le camp au plus vite.

— Et toi, tu as hoché de la tête juste comme ça, poursuivit-il.

Le jeune prince réitéra.

— Ouep.

— Ne joue pas à ce jeu-là avec moi, Ezéquiel ! Tu n’aurais pas pu demander des précisions ?

— C’était à lui de demander des précisions. Nous, nous avons juste sauté sur l’occasion.

— Il n’y a pas de nous, murmura furieusement le chevalier. Toi seul viens de prendre cette initiative de merde ! Tu n’as pas trouvé bizarre qu’on nous laisse entrer comme ça juste après nous avoir balancé le royaume dont tu te sers habituellement comme couverture ? Une couverture qui, je te le rappelle, n’a pas marché une seule fois depuis que nous sommes entrés dans les Baronnies ! Et je ne compte pas cet abruti de Gaylor !

— Il n’y a qu’avec Maxence qu’elle n’a pas marché…

— Je me rappelle aussi de Carlin Bantreux à l’Entonnoir, ainsi que d’un Gravis Petitpieds nous sauvant la mise ! On ne dit jamais deux sans trois et j’ai la sale impression que la troisième va piquer !

— Je ne te pensais pas si superstitieux.

Le chevalier leva le poing mais se retint de frapper son compagnon qui en retour haussa son habituel sourcil. Quelque chose n’allait pas, il le sentait au plus profond de lui et il s’exhorta à respirer profondément.

Ezéquiel reprit la parole.

— Et tu n’as pas pensé à la possibilité qu’une cargaison d’Apür soit véritablement en chemin pour l’Écureuil ?

— Non, répondit sèchement le chevalier.

— Cela paraît la solution la plus logique, pourtant.

— Non, il s’agit de celle qui te convient.

Le jeune prince soupira longuement. Il avait réellement l’air exaspéré.

— Je ne vois pas ce que ça change et je ne sais pas ce que tu vas t’imaginer. Il n’y a rien qui nous relie, nous ou des commerçants d’Apür, aux évènements du domaine des Vignes. Personne ne savait que nous venions ici à part Cormack, Kappa et Gravis. Pas un cavalier ne nous a doublés et si on nous avait filés, tu aurais remarqué notre poursuivant en un rien de temps, Caes ! Il n’y a aucune, et je te dis aucune, chance que quelqu’un d’autre soit au courant de notre présence ici. Et je te dis que selon toutes vraisemblances, il y a une cargaison d’Apür qui fait route vers ici en ce moment même. Elle aurait tout aussi bien pu être de Tork ou de Zoréane…

Son ton avait été un poil plus sarcastique sur le dernier mot et Caes se trouvait à deux doigts de lui mettre son poing dans la figure. Dans la logique absolue, il savait que le jeune prince avait raison. C’était évident, personne n’aurait pu être au courant de leur arrivée. Alors pourquoi le chevalier ne pouvait-il pas se débarrasser de cet étau ? Cela faisait si longtemps qu’il n’avait pas ressenti ça.

— Ezéquiel, quelque chose ne va pas, crois-moi.

Son ton s’était radouci et avait perdu de son venin. Face à cela, l’expression du jeune prince changea et un éclair d’hésitation traversa son visage. Et durant un fugace instant, le chevalier le sentit sur le point de se raviser.

— Livraison d’Apür ?

Ils baissèrent tous les deux la tête en direction d’un jeune page aux traits adolescents. Il avait les joues rouges et des yeux inquiets alors qu’il s’adressait à eux. Les deux compagnons échangèrent un regard et le jeune page pinça les lèvres avant de regarder autour de lui puis…

— Excusez-moi, je vais trouver un traducteur.

— Nul besoin, intervint Ezéquiel. C’est bien le cas ! Pardonnez-nous, nous étions juste surpris. Le temps de s’acclimater à la langue…

Le chevalier leva les yeux au ciel. Ils étaient foutus.

— Oh ne vous inquiétez pas ! s’exclama le page avec un soulagement juvénile. Vous la parlez très bien ! Nous vous attendions, vous ne pouvez pas savoir ce que je suis soulagé. Je craignais que vous n’arriviez jamais ! Suivez-moi !

Sur ce, il joignit le geste à la parole et Ezéquiel s’empressa de faire repartir les chevaux pour se mettre à sa hauteur.

— J’espère que t’as une idée de comment nous tirer de ce mauvais pas, murmura Caes. On a rien niveau cargaison !

Son compagnon acquiesça, le regard fixe. Son cerveau semblait tourner à plein régime et il n’avait visiblement pas prévu de se faire prendre au dépourvu sitôt les portes passées.

Ça lui apprendra…, gronda intérieurement le guerrier qui ressentait un certain soulagement à cette intervention du page. Il y avait bel et bien une livraison d’Apür à venir et bien que cela leur pose un tout autre problème, cela restait minime.

Cependant, le pressentiment n’en disparu pas pour autant.

— À vrai dire, commença Ezéquiel à l’intention du page. Nous ignorions que nous étions dans l’urgence, je vous prie de nous excuser.

— Absolument pas, balaya son interlocuteur. Vous êtes dans les temps. C’est juste que je ne veux pas me mettre à dos cette petite peste, elle m’effraie et ferait de ma vie un enfer ! Je ne la supporte pas, elle me rappelle tant mes insupportables sœurs.

— C’est une gamine qui nous a fait traverser les Contrées Marchandes ?! s’exclama Ezéquiel avec toute l’attitude du marchand outré.

— Et pas n’importe laquelle, soupira le page. Une nièce ou cousine éloignée de maître Lassan ! Bien qu’il n’ait pas l’air de lui témoigner plus d’affection que ça. J’ai même l’impression qu’il en a plus peur que moi.

— Elle paraît adorable…, commença Caes avant de marquer une pause devant la nouvelle grimace d’Ezéquiel puis de murmurer alors que le page se lançait dans une descente en règle de leur commanditaire. Quel est le problème cette fois ?

Le jeune prince mit un instant à répondre et le regard de Caes se fit de glace. Au bout de quelque seconde, il consentit à révéler.

— Eh bien… on a l’air de se diriger chez ce maître Lassan…

— Oui… et ?

— Eh bien… il m’a tout l’air d’être le baron de l’Écureuil.

— Tout l’air… ?

— Oui, si on part du principe que le nom est le même…

Le chevalier serra les poings à s’en rentrer les ongles dans les paumes. Il aurait dû frapper son compagnon sur les routes désertes de la Bande Centrale lorsqu’il en avait l’occasion.

— Ton début de plan est à chier, se contenta-t-il d’asséner.

— Je suis désolé que quelques imprévus nous tombent dessus, marmonna Ezéquiel.

— Un plan est censé palier à au moins quelques imprévus.

— Ça va venir, lâcha sèchement le jeune prince avec un énervement croissant. Joindre l’Écureuil, lui-même, faisant partie de mon « début de plan ». Ça va juste être plus rapide que prévu et une fois ceci fait, peut-être que tu me foutras la paix…

— Compte là-dessus..., gronda Caes.

Et dire qu’il avait pensé pouvoir supporter Ezéquiel durant leur mission dans le Croissant. Au contraire, il était à deux doigts de le faire piétiner par leurs chevaux ou de le dénoncer tout simplement aux gardes pour qu’ils l’embarquent !

Ils débouchèrent sur une place toute aussi morne que les alentours. Elle était bordée d’habitations cubiques similaires sur trois versants. Là, ils se dirigèrent vers une imposante habitation qui se démarquait enfin de par ses dimensions, à défaut des couleurs. Le page stoppa sa tirade acerbe à l’encontre de la nièce/cousine éloignée du baron de l’Écureuil alors qu’ils s’approchaient. Son visage se teinta d’inquiétude et le chevalier se dit que la gamine devait réellement être terrifiante.

Comment allaient-ils se sortir de ce pétrin ?

Devant la maison, ils s’arrêtèrent et le jeune page leur fit signe de descendre du charriot tout en leur indiquant le large escalier conduisant au palier. Ils s’exécutèrent et, alors qu’ils posaient le pied sur cette place, seules nuances multicolores dans cette espace gris, Caes sentit son instinct lui crier de fuir plus fort que jamais. Il porta la main à sa hanche mais son arme se trouvait dans le charriot et il se fit violence pour ne pas aller la récupérer. Aussi se contenta-t-il de caresser la clef qui avait pris la place de son arme.

Ezéquiel paraissait, lui aussi, dubitatif. Visiblement, il ne comprenait pas qu’on les invite à entrer sans qu’il n’ait besoin d’insister. Même pour lui, le trop grand nombre de coïncidences devenait troublant.

Tout se déroulait trop facilement.

— Nous sommes attendus ? finit-il par demander avec une certaine hésitation dans la voix.

Le page acquiesça.

— Oui, elle a insisté ! Il m’est d’avis qu’elle va vous rendre la vie impossible et vous dire que ce n’était pas ce qu’elle voulait. Je vous aurais prévenu.

— Très bien, intervint Caes en prenant la parole. Le coffre se trouve dans le charriot, nous allons le lui apporter.

Tout en disant cela, il échangea un regard avec Ezéquiel qui comprit le message en un rien de temps. Le coffre en question contenait leurs effets personnels mais aussi l’épée de Caes. Et une arme d’Aclerium à proximité d’un chevalier de l’Ilir devenait tout de suite source d’un incommensurable danger pour les ennemis potentiels. Le jeune prince hésita un instant puis hocha de la tête et le page aussi. Quelques minutes plus tard, ils se retrouvaient à transporter le coffre à travers un hall au marbre abondant pour ensuite déboucher sur une vaste salle des archives avec au fond un bureau impeccable et un homme au coudes verrouillés sous le menton qui semblait les attendre.

— Livraison d’Apür, n’est-ce pas ? demanda-t-il sitôt qu’ils eurent franchi les portes.

Ils acquiescèrent et Ezéquiel se fendit même d’un sourire, alors que l’homme poursuivait :

— Laissez ça là, ce n’est pas pour moi.

Tout en disant cela, il indiqua l’entrée où ils se trouvaient puis se prit la tête entre les mains en soupirant. Les deux compères échangèrent un regard interloqué mais s’exécutèrent tandis que le page restait en retrait. Un silence inconfortable s’installa. Un silence durant lequel Ezéquiel ne tarda pas à s’approcher à pas de loup de l’homme derrière le bureau. Bien qu’il ne veuille pas s’éloigner de son arme, Caes le talonna de quelques pas. Il ne savait pas dans quoi était en train de se fourrer le jeune prince.

— Baron Lassan ? demanda ce dernier.

— Oui, souffla le baron en question sans toujours le regarder.

Ezéquiel jeta un regard intrigué à Caes. La situation était on ne peut plus bizarre et il pressait mentalement son compagnon de faire demi-tour. Il devait fuir d’ici au plus vite.

— Nous sommes là pour…

— Les habitants des pays des Sables ont un accent plus rythmé et des intonations moins douces, jeune homme, le coupa le baron.

Ezéquiel se figea alors que le maître de l’Écureuil l’abordait ainsi et Caes se raidit, prêt à réagir au quart de tour dans le cas d’une fuite. Cependant, c’était mal connaître son compère qui s’avança d’un pas en direction de Lassan.

— En effet, nous ne sommes pas de là, s’expliqua-t-il en laissant tomber les masques. Mais nous sommes des gens que vous devriez écouter. Nous avons des informations concernant les Baronnies, ainsi que des informations plus personnelles qui pourraient grandement vous intéresser…

Le jeune prince laissa sa phrase en suspens et quelques secondes après, le baron Lassan cessa de frotter ses cheveux pour relever vers lui le regard d’un homme brisé. Les yeux rougis par la fatigue et le chagrin, il semblait à deux doigts de s’écrouler.

— Elle m’avait prévenu que vous diriez ça, grommela-t-il d’une voix rauque. « Personnelles »… des informations « personnelles ». Rien à voir avec l’intérêt de la nation lorsque votre femme vous trompe avec un autre baron… Mais cela vous brise plus profondément encore… Elle m’avait prévenu et vous a devancé quant à détruire mon monde.

— Je…, hésita Ezéquiel. Je ne comprends pas…

— Vous ne comprenez pas de quoi je parle ou le fait que je sache que vous veniez me l’annoncer ? grinça Lassan.

La gorge de Caes se noua et le pressentiment qui le tenait depuis qu’ils s’approchaient du Croissant atteint un paroxysme. Il savait qu’Ezéquiel, fidèle à son habitude, était venu colporter quelques ragots à rajouter à son exposé. Des histoires de tromperie qu’il avait certainement dû arracher à Boursin Crieur, le héraut des Hauts Royaumes. Le chevalier savait également que quelqu’un avait devancé son compagnon mais ce n’était pas tout. Il connaissait aussi la conclusion à tout ça.

Ezéquiel et lui étaient dans la merde jusqu’au cou.

— Ezéquiel…, l’avertit-il en reculant pas à pas.

Mais le jeune prince ne l’écoutait pas. Il était comme paralysé et conservait une expression d’incrédulité totale.

— Vous ne serez pour elle que l’intérêt qu’elle vous portera…, acheva le baron Lassan avec un rire sardonique.

À ce rire, le chevalier sentit un frisson glacé lui remonter depuis l’échine. Il avait maintenant l’impression d’avoir pénétré un autre monde que le sien. Un monde de folie et de chaos.

— Tu as été un méchant garçon, Myrte. Un très méchant garçon…

Caes se retourna brusquement pour voir le jeune page à genoux. Une petite fille le tenait à sa merci et le menaçait d’une épée pointée sur sa gorge.

— De la même façon que tu étais un méchant garçon à l’époque, reprit-elle toujours centrée sur le page. Tu les as abandonnées, tu sais. Elles t’aimaient et tu t’es enfuis lorsque tu as su que vous deveniez orphelins, Myrte… Sais-tu ou elles sont désormais… ?

— Non, je… ce n’est pas vrai, bredouillait Myrte alors que le chevalier fixait l’épée de la fillette aux cheveux de jais. Je les… je les ai recommandées…

— Tu as fait envoyer les survivantes chez le Paon, Myrte, coupa la fillette avec une malice malsaine pour une enfant aussi jeune. Et même lorsque les ravages qu’elles subissent sont insoutenables, elles continuent de t’aimer.

Caes porta la main à sa hanche tandis que le dénommé Myrte s’écroulait au sol en sanglotant. Il savait pertinemment que la clef ne s’y trouvait plus. Cette gamine s’était jouée de sa vigilance de la même manière que Maxence avant elle.

— Ce n’est pas la première fois que tu l’entends aujourd’hui mais c’est une arme magnifique, Caes.

Il se figea en entendant son nom. Quelques secondes d’une stupeur totale avant qu’il ne se décide à agir.

Le sourire de la gamine l’arrêta. Du menton, elle pointa quelque chose dans son dos et il put constater que son ami était entouré des gardes qui les avaient laissés entrer. Des archers s’étaient même silencieusement disposés à travers la pièce et le mettaient lui-même en joue. La pointe d’une lance sous la gorge, le jeune prince ne semblait guère y faire attention. Toute son attention était focalisée sur la jeune fille qui semblait être aux commandes ici et il conservait une expression choquée.

— Tu sais ce qu’il arrivera si tu oses me prendre en otage, chuchota-t-elle en passant à côté du chevalier.

Elle tenait toujours l’épée mais à la manière dont une enfant tient une poupée et derrière elle, la pointe de la lame d’Aclerium trainait sur le marbre tout en y creusant un sillon au crissement insupportable.

— Ils trancheront sa gorge sans attendre car ils savent que tu ne pourrais faire le moindre mal à une enfant…, poursuivait-elle alors qu’elle le dépassait.

Caes serra les poings à ces mots et ses ongles labourèrent ses paumes. Du sang ne tarda pas à goutter sur le sol. Il ne pouvait pas croire ce qu’il entendait. Qui était-elle et comment connaissait-elle son nom ? Cette gamine n’était pas normale et elle était effrayante. La voire évoluer semblait surréaliste. Avec cette jupe enfantine à fleur qui lui arrivait juste au-dessus des genoux, elle conservait un sourire innocent et pourtant terrifiant.

— Ezéquiel…, articula-t-elle avec délice lorsqu’elle arriva à sa hauteur. Tu vous as livrés dans les temps, félicitations !

Le jeune prince mit un instant à répondre toujours sans se départir de son expression.

— Il n’y a pas de livraison d’Apür.

L’enfant éclata de rire.

— Pas dans le sens où tu l’entends, répliqua-t-elle. Caes et toi êtes la livraison. Le fait qu’elle vienne d’Apür… eh bien, c’est sans doute parce que cette manœuvre ne t’a guère profité jusqu’à maintenant.

Après un simple signe de tête en direction du baron de l’Écureuil qui restait prostré sur son bureau, elle avisa les gardes en se détournant de lui.

— En route messieurs, et n’oubliez pas notre ami Myrte, ici présent.

— Non !

C’était Myrte qui venait de hurler. Se relevant brusquement, il pointa du doigt la gamine.

— Non, je sais où vont les prisonniers ! Je ne mérite pas d’aller là-bas ! Je n’ai rien fait de mal…

— C’est une excellente chose que tu connaisses ta destination, Myrte ! le coupa la jeune fille avec bonhomie tandis qu’un garde s’emparait aussi de son souffre-douleur. Et tu ne t’en sortiras que si tu ne t’abandonnes pas à ton plus gros défaut. Expiation ou justice… Cela n’en tiendra qu’à toi.

Deux gardes firent signe à Caes d’avancer. Il ne prenait pas le risque de l’approcher préférant le tenir à distance à bout d’arcs et de lances. Ils étaient bien entrainés et il n’opposa aucune résistance, se retrouvant aux côtés d’Ezéquiel qui restait dans un état d’hébétude comme jamais le chevalier ne l’y avait vu. Caes serra les dents tout en tentant de renflouer cette panique folle qui menaçait de le submerger. Il avait envie de risquer le tout pour le tout. Il avait envie de se battre et de lutter contre cette impuissance qu’il ne pouvait supporter. Il avait envie de hurler alors qu’il sentait son destin lui échapper.

— Qui es-tu ? Et où va-t-on ?

Ezéquiel avait prononcé ces mots comme s’il se les était lui-même arrachés de la bouche. Ceci dans un croassement douloureux. La fillette se retourna, forçant ainsi les gardes à s’écarter en une allée bien nette.

— Je suis Sybille.

Elle reprit son chemin et c’est dans un éclat à l’enthousiasme débordant que leur fut annoncé.

— Et vous allez participer aux Jeux !

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