CHAPITRE 19

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Peu de temps après le nouvel an, les premiers désagréments de la grossesse apparurent. Tous les matins, dès le réveil, elle devait courir aux toilettes pour vomir et ses nausées duraient une bonne partie de la matinée. Sa poitrine était douloureuse et elle était extrêmement fatiguée. Elle n’arrivait à manger que très peu de chose et en très petite quantité, ce qui fit qu’en un mois elle avait perdu plus de deux kilos. Forcément sa libido était à zéro ce qui n’était pas du tout pour plaire à Marco. Elle fit tout de même un effort, mais n’y pris aucun plaisir vu qu’elle était concentré à essayer de contrôler ses nausées. Elle savait que cet état n’était que passager et que bien souvent il disparaissait totalement à la fin du premier trimestre et elle avait hâte que cette mauvaise période se termine.

Hormis ces symptômes désagréables, elle était heureuse. Elle surveillait le moindre changement corporel, le moindre signe d’un mouvement fœtal même s’il était encore trop tôt. Elle avait hâte de voir son ventre s’arrondir et de sentir les coups de pieds du bébé. Elle avait adoré voir son ventre se déformer à chaque mouvement de Nicolas et la sensation étrange et indescriptible lorsqu’il lui avait donné son premier coup perceptible.

Marco s’intéressait très peu à la grossesse de Sylvia. Pour lui, elle attendait un bébé, ouais voilà. Pas de quoi en faire un plat, toutes les femmes ont des enfants, il n’y avait rien d’exceptionnel là-dedans. Tout ce qu’il demandait c’était de continuer à vivre comme avant : que Sylvia lui cuisine de bons petits plats et s’occupe d’entretenir l’appartement. Une fois qu’elle l’eut rassuré sur le fait qu’il n’y avait aucun risque à continuer d’avoir des relations sexuelles, il exigea qu’ils fassent l’amour très régulièrement sans se préoccuper des malaises de sa compagne. Même si elle espérait un peu plus d’attention et de compréhension, elle comprenait que pour lui ça soit totalement abstrait et qu’il n’y porte aucun intérêt. Tout cela deviendrait plus concret pour lui lorsque son ventre s’arrondira et qu’il pourra sentir le bébé bouger.

Raphaël et Virginie étaient dans le même état qu’elle, lorsqu’elle avait appris la grossesse de Virginie pour Etienne. Ils faisaient déjà des pronostics sur le sexe du bébé. Raphaël pariait pour une fille et envisageait déjà de la marier à Etienne.

- Comme ça au moins je suis sûre de bien m’entendre avec les parents, plaisanta-t-il.

Sylvia et Virginie éclatèrent de rire. Toutes les deux penchaient plus pour un garçon. Ça ferait un copain de foot à Etienne. Marco voulait absolument un garçon, pour lui il ne pouvait être autrement. En tant que bon Italien fier de son nom, il se devait d’avoir un héritier pour perpétuer la famille.

Virginie proposa à Sylvia de lui prêter les vêtements qui étaient devenus trop petit pour Etienne, comme ça elle n’aurait pas trop de choses à racheter, à moins que ça ne soit une fille. Elle pouvait tout de même lui prêter le siège de bain, le transat, le couffin et d’autres petites choses encore. Ils n’avaient pas prévu d’avoir un autre enfant avant qu’Etienne ne fasse son entrée en maternelle. Sylvia accepta avec plaisir. Ça lui permettait de ne pas trop dépenser car le matériel de puériculture coûtait cher et ne servait pas si longtemps que ça finalement. Elle savait que par la suite elle devrait acheter un lit et une chaise haute, mais en attendant elle pourrait commencer avec les affaires de Virginie.

Les semaines passèrent. Les malaises de Sylvia s’estompaient et son ventre commençait à pointer légèrement. Elle se rendit seule à sa première échographie, Marco ne pouvant se libérer puisque le rendez-vous était en plein pendant le coup de feu. La gynécologue était très satisfaite de son poids et de son état général. Sylvia attendait avec impatience de voir son bébé à l’écran. Elle versa quelques larmes lorsque la sonde révéla le profil du petit être qui grandissait en elle. Il était encore trop tôt pour déterminer le sexe et à cet instant elle s’en moquait totalement. Tout ce qu’elle voulait c’était savoir si son bébé se portait bien et se développait normalement, ce que son médecin confirma. Elle pleura de plus belle en entendant les battements forts et régulier de son cœur. C’était encore plus formidable que dans son souvenir. Elle fût déçue lorsque la spécialiste mit fin à l’examen, elle aurait pu rester des heures à admirer chaque petit mouvement, chaque trait du fœtus. Elle repartit avec toute une série d’images, des examens obligatoires à effectuer, une ordonnance pour des comprimés de fer et la date de son prochain rendez-vous de contrôle.

Elle était impatiente de montrer les clichés à Marco. Elle trépignait en attendant qu’il rentre du travail. Il était fatigué et de mauvaise humeur. Il prit une bière dans frigo et s’écroula sur le canapé. Il ne posa aucune question concernant son rendez-vous médical, alors n’y tenant plus, elle s’installa à ses côtés.

- Chéri, j’ai quelque chose à te montrer.

- Oh pas maintenant, je suis claqué, ronchonna-t-il.

- Je suis allé voir mon gynécologue aujourd’hui.

- Oui et bien tant mieux.

- Il m’a fait ma première échographie. Tu ne te souviens pas ? Je t’en ai pourtant parlé hier soir.

- Si tu crois que j’ai que ça à penser, dit-il en haussant le ton, agacé.

- Ça ne t’intéresse même pas de voir les premières images de ton bébé et de savoir s’il va bien ?

- Si ça n’allait pas tu ne serais pas aussi euphorique.

Devant la déception de Sylvia, il se reprit :

- Pardon, la journée a été rude. Vas-y montre les moi.

Toute l’exaltation du moment l’avait quitté à cause de la mauvaise humeur de son compagnon. Elle était déçue et triste qu’il ne montre pas plus d’intérêt pour son enfant. Elle lui montra rapidement les clichés et les lui détailla sans vraiment rentrer dans les détails. Elle avait déjà du mal à distinguer quoi que ce soit alors que sa gynécologue les lui avait expliqués, alors pour lui qui n’était pas présent ça devait être incompréhensible.

- Ça serait bien que tu sois là pour la prochaine. Tu te rendrais mieux compte, tu pourrais poser toutes les questions que tu veux. En plus il aura bien grandi, on distinguera mieux ses membres et si on a de la chance nous pourrons savoir si c’est un garçon ou une fille.

- On verra. Je ne peux pas poser des heures comme je veux. Tu sais bien que la dernière saison n’a pas été aussi fructueuse que d’habitude et que le restaurant est en difficulté. Je dois faire un peu le service en plus de mon boulot de barman, je ne peux vraiment pas les planter.

- Je comprends. Je verrais si je peux avoir un rendez-vous sur ton jour de congé ou sur tes heures de pause.

- C’est quand ?

- Dans trois mois.

- On verra, on a le temps. Bon je suis crevé, je vais me coucher.

Il se leva et se rendit dans la chambre sans même l’attendre. Elle avait espéré qu’il serait un peu plus enthousiaste et plus heureux. Sa gynécologue l’avait prévenu qu’il était possible que son compagnon ne réagisse pas comme elle le voulait. Même s’il y a les échographies, les changements corporels, etc… un bon nombre d’homme ne réalisent qu’ils deviennent père qu’au moment de la naissance, voir même quelques jours après. C’est plus abstrait pour eux. Ils ne ressentent pas tout ce que la mère ressent. Ils vivent la grossesse d’un point de vue extérieur alors que les femmes la vivent autant extérieurement, qu’intérieurement. Marco devait faire partie de ces hommes qui ne réalisent pas qu’il y a un petit être qui se développe au creux du ventre de leur compagne et qu’ils en sont responsable à part égale.

En regardant bien les photos de l’échographie, ce petit être ressemblait plus, pour le moment, à un alien qu’à un bébé. La prochaine fois on distinguerais mieux ses membres et les traits de son visage. Marco se rendrait mieux compte à ce moment-là. Enfin, elle l’espérait.

Pour le moment, les seuls avantages que Marco trouvait à la grossesse de Sylvia c’était la taille impressionnante de sa poitrine et depuis le début du deuxième trimestre, sa libido qui était remontée en flèche. Ils n’étaient pas encore incommodés par la taille de son ventre et pouvaient avoir des relations sexuelles toutes aussi torrides qu’auparavant, tant que la jeune femme ne ressentait aucune douleur ou gêne et ils ne s’en privaient pas.

Pour s’occuper, Sylvia avait repris des cours par correspondance. Elle avait choisi l’Italien. Marco étant originaire de ce pays, il lui semblait normal d’apprendre sa langue maternelle. D’une part, elle avait toujours voulu l’ajouter à la liste de ses connaissances en langues étrangères et d’autre part, elle pensait que ça ferait plaisir à son compagnon et sa belle-famille, qu’elle fasse l’effort de les comprendre. Elle avait l’impression qu’elle s’intègrerait encore mieux, que ça créerait un lien plus fort entre elle et ses beaux-parents. Oh ! Ils l’avaient déjà accueilli à bras ouverts, mais elle se sentait tout de même un peu mise à l’écart lorsqu’ils conversaient entre eux, vu qu’elle ne comprenait que très peu de mots et n’était pas capable de tenir une conversation. Alors, elle se plongea à fond dans cet apprentissage. Son objectif était de pouvoir tenir une conversation simple, avant la fin de sa grossesse. Elle avait déjà quelques notions acquises plusieurs années auparavant, ce qui l’aida à avancer plus vite.

Lorsqu’elle eut suffisamment confiance en elle et de vocabulaire, elle étonna Marco en échangeant au maximum en Italien avec lui. Loin d’être impressionné ou flatté, il trouva que c’était inutile et qu’elle perdait son temps. Ils ne voyaient sa famille qu’une fois l’année à Noël ou pour des évènements exceptionnels. Elle n’avait pas besoin de perdre son temps à apprendre une langue qu’elle n’utiliserait pas. Elle avança l’argument qu’elle voulait ensuite l’apprendre à son enfant, mais Marco riposta que c’était à lui de transmettre ça à son fils. Il n’avait pas tout à fait tort. Ça créerait un lien spécial, une complicité entre lui et son enfant et elle ne voulait pas l’en priver. Elle continua tout de même ses cours puisqu’elle avait payé, mais ne pratiqua plus avec son compagnon. Elle se fit une raison et garda en tête qu’elle étonnerait sa belle-famille la prochaine fois qu’ils se verraient.

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