La fête pour le premier anniversaire d’Etienne, était fantastique. Virginie avait mis les petits plats dans les grands. L’appartement était entièrement décoré de ballons, guirlandes et une grande banderole « Joyeux anniversaire » trônait au-dessus de la table où était disposé le buffet pris chez le traiteur. Le petit garçon fût couvert de cadeaux et reçu toutes les attentions des invités. Il était vraiment le roi de la journée. Sylvia eut un petit moment de tristesse en pensant que c’était exactement le genre de fête qu’elle aurait aimé organiser pour le premier anniversaire de Nicolas. Ses yeux s’embuèrent et elle fit un gros effort pour refouler ses larmes. Raphaël remarqua son trouble et discrètement se rapprocha d’elle et déposa un baiser compatissant sur son front. Il aurait aimé la prendre dans ses bras pour la réconforter, mais il savait que ça ne plairait pas à Marco.

De retour chez eux, Marco ne put s’empêcher de lui faire une remarque sur le comportement de Raphaël envers elle. Il avait vu le geste de tendresse de Raphaël envers elle.

- Il voulait juste me réconforter car il voyait que je pensais à Nicolas et que ça me rendait triste, se justifia-t-elle.

- ca n’est pas à lui de faire ça, c’est moi ton compagnon.

- C’est aussi le rôle d’un meilleur ami que d’être présent et d’avoir ces petits gestes tendres lorsque ça ne va pas.

- Oui et bien pas avec ma femme.

- Après toutes ces années tu es toujours jaloux de Raphaël. Il est marié, père et il restera tout de même mon meilleur ami en tout bien, tout honneur. Il n’y a plus rien entre nous qu’un profond respect et énormément d’amour fraternel, dit-elle en venant le prendre dans ses bras pour faire baisser la tension.

Il ne recula pas et n’esquiva pas le baiser qu’elle déposa sur ses lèvres. Elle le senti se détendre et à son tour il l’enlaça.

- J’ai bien réfléchi, commença-t-il, je crois qu’on devrait faire un bébé.

Elle se recula d’un pas et le regarda, stupéfaite.

- C’est vrai que ça n’est pas si terrible que ça. Etienne est un bébé supportable et voir Raphaël jouer avec lui m’a donné envie de vivre la même relation avec mon fils.

- Alors là ! Je n’en crois pas mes oreilles, réussi-t-elle à articuler. Mais… les pleurs, les couches qui sentent mauvais…

- Et bien je me mettrai du coton dans les oreilles et tu te chargeras des couches.

- Ohhh ! Chéri. Tu ne peux pas savoir à quel point cette décision me rend heureuse, dit-elle avant de l’embrasser.

- Et si on débutait les essais dès maintenant ? dit-il en l’entrainant vers la chambre.

Elle se mit à rire et ne se fit pas prier pour répondre à ses exigences. En cet instant, elle était sur un petit nuage. Elle allait concevoir ce bébé dont elle rêvait depuis des mois. Elle le savait qu’Etienne allait le faire changer d’avis. Les enfants ont ce pouvoir irrésistible de faire fondre les cœurs les plus glacés.

Les jours passaient et Sylvia était impatiente de tomber enceinte. Lorsque Marco lui avait annoncé sa décision, elle avait immédiatement arrêté sa pilule et espérait désormais, rapidement concevoir ce petit être qu’elle désirant tant. Elle n’en parla pas à Raphaël et Virginie, elle voulait le leur annoncer une fois qu’elle aurait le test positif en main.

Sylvia était sans emploi depuis la fin de son contrat saisonnier et ils s’étaient mis d’accord avec Marco, pour qu’elle ne recherche pas un nouveau poste tout de suite pour ne pas mettre dans l’embarras un patron avec un congé maternité. Elle avait donc tout le temps pour prendre soin d’elle, de son corps pour être au top de sa forme et qu’un bébé se développe en son sein dans les meilleures conditions possibles. Elle faisait du footing tous les matins, mangeait équilibré et se supplémentait en vitamines et minéraux. Elle buvait beaucoup d’eau et avait banni l’alcool, le sucre et la nourriture grasse de son alimentation. Elle faisait en sorte d’avoir un bon rythme et le nombre suffisant d’heures de sommeil. Elle se rendit également chez sa gynécologue pour faire un examen afin de s’assurer que tout allait bien, ce qui fût le cas.

Lorsque ses règles arrivèrent, elle fût extrêmement déçue, mais se résigna. C’était seulement le premier mois qu’ils essayaient, c’était normal. Il fallait du temps à son corps pour se remettre naturellement en fonction après toutes ses années sous pilule.

Ses hormones bridées sous pilules et désormais libres de s’exprimer, la rendaient chaude comme la braise. Elle avait tout le temps envie de faire l’amour et même plusieurs fois par jour. Marco ne se faisait pas prier et lorsqu’il était un peu réticent, elle savait trouver les arguments et sortir ses meilleurs atouts séduction. Elle prenait un malin plaisir à l’accueillir seulement vêtue d’un tablier de cuisine, ou toute nue sur le canapé ou bien encore en lingerie coquine.

Marco était plus que satisfait de cette situation, lui qui était très demandeur côté sexe, appréciait fortement cette période et avait même réduit ses sorties avec ses potes pour passer son temps au lit avec sa compagne. Elle qui d’habitude était un peu réticente sur certaines pratiques, était prête à tout pour le satisfaire et combler ses envies.

Quelques jours avant Noël, Sylvia se rendit compte qu’elle avait du retard. Elle ne voulu pas se mettre martel en tête et essaya de garder à l’esprit que ça pouvait être une fausse alerte. Elle se rendit à la pharmacie et acheta un test de grossesse. De retour chez elle, elle hésita. Et si c’était négatif ? Elle serait déçue. Peut-être devrait-elle attendre encore quelques jours ? Mais si c’était positif ? Alors là ce serait le plus beau des cadeaux. Elle était là, dans la salle de bain, assise au bord de la baignoire et scrutant la boite qu’elle tenait entre ses mains, sans arriver à se décider. Elle avait peur. C’était peut-être le test qui allait changer sa vie à tout jamais et soudain elle doutait de vouloir réellement un bébé. Si c’était positif, elle ne pourrait plus revenir en arrière.

Elle prit son courage à deux mains et fit le test. Il fallait qu’elle ôte tous doutes de son esprit. Si elle ne le faisait pas maintenant, elle allait se torturer et retourner toutes ses questions sans cesse dans sa tête. Cinq minutes. Dans cinq minutes elle saurait. Elle se remémora le jour où elle avait fait ce même test chez son amie Angélique. Comme elle aurait aimé que son amie soit à ses côtés aujourd’hui encore, mais elles avaient perdu tout contact depuis qu’elle avait quitté Brest. Elle faisait les cent pas dans la salle de bain et sursauta lorsque le minuteur sonna. Elle n’osait pas regarder. Elle prit fébrilement le test dans sa main et … POSITIF. Elle resta quelques minutes, le regard figé sur les deux barres roses, n’en croyant pas ses yeux. Elle était belle et bien enceinte. Ce moment de stupeur passé, elle poussa un cri de joie et sauta partout dans l’appartement.

Elle était sur un petit nuage. Il fallait qu’elle appelle Virginie pour lui annoncer cette merveilleuse nouvelle. Elle était trop heureuse, elle ne pouvait pas garder ça que pour elle et avait envie de le crier sur tous les toits. Elle savait qu’elle aurait dût d’abord l’annoncer à Marco, mais elle voulait lui faire la surprise le soir de Noël. Virginie poussa un tel cri de joie qu’elle en eut presque le tympan percé. Elle l’imaginait sauté partout comme elle l’avait fait quelques instants auparavant. Elle entendit Raphaël derrière sa femme, qui demandait affolé, ce qui se passait. Virginie lui passa le combiné pour que Sylvia lui annonce elle-même.

- Noooon ? Ma chérie c’est fantastique, s’écria-t-il. Je suis tellement content pour toi, enfin pour vous.

- Merci mon chéri. Tu ne peux pas savoir à quel point je suis heureuse. Ce bébé est une bénédiction. Il ne remplacera jamais Nicolas ni le temps que j’ai perdu avec lui, mais je vais enfin pouvoir jouer mon rôle de mère et élever moi-même cet enfant. Ohhhlala, c’est …. C’est tellement …. Pfiou c’est trop de bonheur, dit-elle riant et pleurant en même temps.

- Je comprends. Tu le mérites et tu vas être une incroyable maman. Qu’en dit Marco ?

- Il n’est pas encore au courant. Je veux lui faire la surprise pour le soir de Noël.

- Et tu crois qu’il va le prendre comment ? ça n’est pas vraiment son truc les bébés.

- Oh il est tout à fait consentant, c’est même lui qui a proposé qu’on le fasse ce bébé.

- Et bien tant mieux. Je suis rassuré et vraiment heureux pour vous.

Ils discutèrent encore pendant quelques minutes, puis Sylvia raccrocha et s’empressa de préparer son paquet surprise pour Marco avant qu’il ne tombe sur le test de grossesse. Elle descendit jeter l’emballage dans la poubelle collective pour être certaine qu’il ne le trouve pas. Elle était impatiente de voir sa réaction et elle allait avoir du mal à tenir sa langue. Allez seulement trois jours, elle pouvait garder le secret.

Ces trois jours furent une torture et elle faillit vendre la mèche à plusieurs reprises. Comme tous les ans, ils devaient passer le réveillon de Noël chez les parents de Marco. Elle se mit sur son trente et un et attendit dans le salon au bord du pétage de plomb. Alors que son compagnon sortait de la chambre, fin prêt, elle s’avança vers lui un grand sourire aux lèvres mais terriblement angoissée et lui tendit un petit paquet rectangulaire.

- Joyeux Noël mon amour.

- Normalement on offre les cadeaux en rentrant de la messe de minuit.

- Oui, je sais, mais je pense que tu ne m’en voudras pas de t’offrir celui-ci un petit peu en avance.

- Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-il intrigué.

- Ouvres.

Alors qu’il arrachait le papier d’emballage, elle se tordait les doigts et se mordit la lèvre inférieure nerveusement. Marco ouvrit la petite boite et découvrit le test de grossesse positif. Il ne comprenait pas ce que cela signifiait.

- Qu’est-ce que c’est ?

- Ce petit bâtonnet en plastique est un test de grossesse.

- Ok, et ?

- Il est positif. Chéri on va avoir un bébé, cria-t-elle presque.

- Vraiment ? Tu es sûre ?

- Oh oui, sûre et certaine.

- Oh Bella… C’est merveilleux, dit-il en la prenant dans ses bras.

La réaction de Marco la fit fondre en larmes. Il l’embrassa avec une tendresse qu’elle ne lui connaissait pas, puis lui posa tout un tas de questions auxquelles elle répondit entre rires et larmes.

- Je voulais te l’offrir avant d’aller chez tes parents comme ça, si tu en as envie, tu peux leur annoncer la bonne nouvelle de vive voix.

- Bonne idée. Ma mère va être folle de joie.

Effectivement, lorsque Marco leur annonça qu’il allait être papa, toute la famille se mit à pousser des cris de joie et vint les embrasser en les félicitant pour cette incroyable nouvelle. Sylvia fût très émue de leur réaction. Elle ne put s’empêcher de faire une comparaison avec le jour où elle avait annoncé à ses parents qu’elle était enceinte de Nicolas. Son père l’avait renié et sa mère avait pleuré de déception. Contrairement à la famille de Marco, la sienne à l’époque là presque traité comme une pestiférée et elle était devenue quasiment invisible à leurs yeux. Cette fois, elle était entouré d’amour et de joie au lieu de la déception et de la haine dont elle avait été victime la première fois. Elle prétexta la forte poussée d’hormones pour expliquer ses larmes, ne voulant pas leur révéler la vraie nature de sa tristesse et son douloureux passé. Ils n’auraient pas compris.

Elle était heureuse, très heureuse. Cette grossesse allait être totalement différente. Oh, elle avait désiré et attendu Nicolas de tout son cœur, avec tout son amour. Elle n’avait qu’Angélique, sa meilleure amie de l’époque, à ses côtés, mais elle aurait tant aimé avoir sa mère comme confidente et Lionel comme soutien. Cette fois, elle avait Marco, Raphaël et Virginie, sa belle-famille…. Bref elle était entourée. Ce bébé allait être aimé et choyé, ça c’était certain.