CHAPITRE 17

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Le contrat de Sylvia venait de prendre fin. Elle s’accorda deux semaines de repos avant de se remettre à chercher un autre poste. Elle ne se sentait pas capable de rester enfermer jusqu’à la prochaine saison, comme elle le faisait avant de connaitre Marco. Sa vie avait changé, pas seulement à cause de son compagnon, mais aussi parce que désormais Raphaël et Virginie étaient parents et ne pouvaient plus partir en voyage comme avant. Marco n’était pas un adepte des road trip comme elle et seule ça n’avait aucun intérêt et c’était même dangereux. Alors il ne lui restait plus qu’à travailler, mettre un maximum d’argent de côté pour les périodes difficiles et profiter de voir grandir le bébé de se meilleurs amis.

Elle avait réussi à convaincre Marco de l’accompagner rendre visite à Virginie et faire la connaissance d’Etienne. Elle pensait qu’en étant au contact du nourrisson il aurait un déclic et qu’il serait lui aussi tenté par cette belle aventure de la paternité. Il n’accorda que très peu d’intérêt à l’enfant et sembla même exaspéré par ses pleurs. Sylvia quant à elle, était raide dingue amoureuse de ce petit être et il le sentait car il cessait immédiatement de pleurer dès qu’elle le prenait dans ses bras. Raphaël et Virginie, épuisés par l’enchainement de mauvaises nuits, plaisantèrent en lui disant qu’ils allaient l’appeler à chaque fois qu’il les empêcherait de dormir. Sylvia leur proposa de le garder un ou deux jours s’ils avaient vraiment besoin de repos. Marco manqua de s’étouffer, mais elle avança l’argument qu’en ce moment elle n’avait pas de travail, que ça l’occuperait et que ça leur ferait de l’entrainement pour le jour où ils se décideraient à en faire un.

Dans la voiture sur le chemin du retour, Marco ne manqua pas d’exprimer son mécontentement.

- Tu pourrais me demander mon avis avant de proposer à tes amis de garder leur gosse.

- En quoi ça te dérange ? Tu travailles toute la journée et moi je m’ennuie à la maison.

- J’espère que tu ne comptes pas t’en occuper aussi la nuit ou alors tu vas dormir chez eux, moi je veux la paix. Je n’ai pas à supporter ses cris alors que c’est toi qui proposes de t’en occuper.

- OK, pas de soucis. Je le garderais à la maison lorsque tu n’es pas là et s’ils ont besoin pour la nuit, je dormirais chez eux.

- Parfait.

Sylvia était déçue, elle pensait vraiment qu’il allait craquer et se laisser convaincre. Il lui fallait peut-être un peu plus de temps. C’est vrai que pour un homme, un nourrisson peut paraître inintéressant vu qu’il ne fait que manger et dormir. Ça changera en grandissant, lorsqu’il commencera à jouer et interagir avec son environnement. Elle serait patiente. Elle était bien placée pour savoir qu’un enfant pour détruire un couple surtout s’il n’est pas désiré par l’homme. Elle voulait un enfant, oui, mais pas au détriment de leur amour.

Les semaines passèrent et Sylvia ne trouvait toujours pas de travail. Marco avait eu l’augmentation de salaire qu’il demandait et avait donc gardé son poste. Noël était passé, elle avait fêté ses trente ans au restaurant juste avec Marco, Raphaël, Virginie et le bébé. La nouvelle année avait débuté sur les mêmes refus d’embauche. Elle déprimait un peu. Virginie avait repris le travail et Etienne allait chez une assistante maternelle. Sylvia aurait bien proposé de le garder, mais elle ne voulait pas les mettre dans l’embarras si jamais elle trouvait un poste lui correspondant. Alors elle se contentait de quelques heures par-ci par-là lorsque ses amis voulaient sortir en amoureux.

Plus Etienne s’éveillait et plus Marco lui prêtait un peu plus d’attention. Oh ! il était encore loin de jouer avec le bébé et de s’en occuper, mais il n’ignorait plus ses rires et ses babillements. Sylvia l’avait même surpris à quelques reprises à lui faire des grimaces pour le faire rire. Elle s’était bien gardée de lui en faire la remarque pour ne pas le braquer.

La saison estivale approchait et Sylvia trouva enfin une place dans le restaurant voisin à celui où travaillait Marco. Ils avaient à peu près les mêmes horaires ce qui était plutôt pratique. Ils arrivaient et repartaient ensemble. Ça leur faisait des frais de transport en moins et ils passaient ce temps là en plus ensemble, comme ils n’avaient une fois de plus pas leur jour de congé en commun. Il avait trouvé leur nouveau rythme pour quelques mois. Le matin Sylvia arrivait un peu en avance afin que Marco, lui, soit à l’heure et le soir il devait attendre un peu qu’elle est finie son service, pour rentrer.

Cette nouvelle organisation pesait un peu à Marco qui se ne sentait plus aussi libre. Alors souvent quand il voulait sortir avec ses copains juste après le boulot, Sylvia demandait à une collègue de la déposer chez elle. Elle comprenait que son compagnon ait besoin de se retrouver un peu avec sa bande, après tout, elle aussi sortait sans lui voir ses amis.

Un soir, en regagnant le parking où elle devait rejoindre Marco, elle le surprit en train de discuter avec une jeune femme. Au vu du peu d’espace qui les séparait et de leur langage corporel, il était clair qu’ils flirtaient. C’était comme si elle venait de se prendre une gifle en pleine figure. Marco avait toujours été un tombeur, ça elle le savait dès le départ, mais depuis le temps qu’ils étaient ensemble elle pensait qu’il avait totalement cessé de voir d’autres femmes. Visiblement, elle s’était trompée. Ses jambes avaient du mal à la porter et elle alla s’adosser à la voiture le temps de reprendre ses esprits. Il la rejoignit quelques minutes plus tard, comme si de rien n’était.

- C’était qui cette fille ? Demanda-t-elle de but en blanc.

- Quelle fille ? Répondit-il d’un air innocent.

- Je t’ai vu Marco. Tu lui faisais ton numéro de charme.

- Depuis quand tu m’espionne ?

- Je ne t’espionnais pas, ne retourne pas la situation contre moi, haussa-t-elle le ton.

- Baisses d’un ton, vociféra-t-il entre ses dents

- Attends, tu dragues ouvertement une nénette sous mes yeux et…

- Montes dans la voiture, ordonna-t-il.

- Non, je ne monterais pas tant que tu ne m’auras pas expliqué ce que tu faisais avec cette fille, répondit-elle en se campant devant lui les bras croisés sur la poitrine.

- Arrêtes de te donner en spectacle, tu es ridicule. Montes dans la voiture, ordonna-t-il à nouveau plus fermement.

- Et bien tant pis si je me donne en spectacle, comme tu dis, je veux une réponse.

- Monte !

Il l’a saisi par le bras, fit le tour et l’obligea à monter dans le véhicule dont il claqua la portière avant de prendre place à son tour sur le siège conducteur.

Sylvia continua à l’assaillir de questions.

- Fermes la, hurla-t-il en colère.

Surprise par son ton, elle n’insista pas, mais sa colère ne redescendit pas pour autant. Elle comptait bien ne pas en rester là et tirer les choses au clair. Arrivée devant leur immeuble, ils descendirent de voiture et montèrent jusqu’à leur appartement, en silence. Sylvia venait à peine de refermer la porte derrière elle que Marco la saisit à la gorge et la plaqua avec une telle violence contre le mur de l’entrée, qu’elle en fût terrorisée.

- Ne me parle plus jamais sur ce ton, cracha-t-il. Tu m’as mis la honte devant les passants et mes collègues.

Elle ouvrit la bouche pour protester, mais il resserra son étreinte et elle commença à avoir du mal à respirer.

- Ne me contredit plus jamais, compris ?

Elle hocha la tête positivement. Il la relâcha et s’en alla prendre une douche. Elle porta la main à sa gorge et se mit à tousser pour essayer de retrouver son souffle. Elle était complètement abasourdie. Elle ne l’avait jamais vu comme ça. Il était colérique, impulsif, mais il n’avait jamais été violent. Elle devait l’avoir vraiment mis en colère pour qu’il ne se contrôle plus comme ça. Elle aurait dû attendre d’être rentrer à la maison pour avoir une bonne explication au lieu de lui faire une scène et de se donner en spectacle en pleine rue.

Marco sorti de la salle de bain, seulement vêtu d’une serviette de toilette enroulée autour de ses hanches. Il se rendit dans la chambre sans lui prête la moindre attention. Elle s’empressa d’aller prendre sa place et prit une longue douche tiède. Elle se repassa le film de la soirée dans sa tête et conclut que dès qu’il ne serait plus en colère contre elle, elle devrait tout faire pour se faire pardonner son manque de délicatesse.

Le lendemain matin, elle était devant le miroir à se coiffer, lorsqu’elle remarqua des marques dans son cou. Zut, il fallait qu’elle trouve le moyen de les camoufler sinon on lui poserait des questions et ça mettrait Marco en mauvaise posture alors qu’elle était seule fautive. Il entra alors qu’elle essayait de cacher ses marques sous une bonne couche de fond de teint. Son visage prit une expression désolée et il vint la prendre dans ses bras.

- Je suis désolé Bella. Tes accusations m’ont rendu fou de rage et je ne me contrôlais plus. Je ne me rendais pas compte que je te faisais du mal. Pardon Bella. Je t’aime comme un fou. Tu es la seule femme dans ma vie, la seule avec qui je veux être, la seule avec qui je veux passer le restant de mes jours.

- Oh chéri ! C’est moi qui m’excuse. Je n’aurais jamais dû réagir aussi excessivement et surtout nous afficher comme ça en pleine rue. Je t’aime.

Il la fit pivoter pour qu’elle se retrouve face à lui et l’embrassa passionnément. Elle répondit à ses baisers avec la même intensité. Il la souleva pour l’assoir sur le bord du lavabo et ils firent l’amour avec tendresse, sans la violence et la brutalité dont il pouvait être capable parfois sous l’assaut du désir.

Sylvia réussit à camoufler ses marques sous du fond de teint jusqu’à ce qu’elles disparaissent totalement. Cet évènement les avait rapprochés et Marco de montrait encore plus tendre et affectueux que d’habitude. De son côté, elle faisait en sorte de ne pas le contrarier et de lui faciliter la vie. Elle n’avait pas parlé de cet incident ni à Raphaël, ni à Virginie. Elle se sentait un peu mal, c’était la première fois qu’elle leur cachait quelque chose, mais après tout c’était sa vie privée et elle n’était pas obligée de tout leur raconter. Eux aussi devaient sûrement avoir des secrets et heureusement. Et puis elle ne voulait pas qu’ils s’inquiètent pour elle alors qu’il n’y avait pas lieu, ou en veuillent à Marco alors que tout était sa faute.

Les semaines passèrent et elle oublia cet incident. Son contrat arrivait presque à son terme et Etienne allait fêter son premier anniversaire. Il marchait presque tout seul. Elle n’en revenait pas de la vitesse à laquelle il grandissait et s’éveillait. C’était incroyable. Le petit garçon était toujours de bonne humeur, souriant et pleurait rarement depuis qu’il arrivait à se déplacer seul. Il était le rayon de soleil et la fierté de ses parents. Sylvia adorait la façon qu’il avait de l’appeler « Tatia », mélange de Tatie et Sylvia trop long à prononcé pour lui. Il faisait fondre son cœur à chaque fois qu’elle le voyait. Souvent, à travers lui, elle pouvait s’imaginer les étapes par lesquelles était passé Nicolas et tout ce qu’elle avait manqué. Ça la rendait triste, mais elle s’était faite une raison. Elle ne rattraperait jamais tout ce temps perdu. Il lui restait toujours l’espoir.

Etienne grandissant et même s’il ne savait pas encore marcher, Raphaël lui apprenait déjà à jouer au foot, lui faisait faire des acrobaties qui donnaient de minis crises cardiaque à Virginie et Sylvia. Le petit garçon riait aux éclats ayant une confiance aveugle en son père. Marco s’intéressait lui aussi de plus en plus à Etienne et entrait volontiers dans les jeux du père et du fils. Sylvia adorait le voir ainsi et rêvait du jour où il jouerait de la même manière avec son propre fils.

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