CHAPITRE 14

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Après sa période de formation et d’essai, Sylvia fût embauchée définitivement. Elle était aux anges. Elle formait un super duo avec Antonio et s’épanouissait totalement dans ce travail et ne regrettait absolument pas sa décision.

Avec Marco ils avaient réussi à trouver leurs marques. Ils s’appelaient un soir sur deux et s’envoyaient régulièrement des textos. Lorsqu’elle rentrait c’était comme s’ils s’étaient quittés la veille. Marco n’avait pas renoncé à ses sorties entre copains même si elle revenait après deux semaines d’absence, mais elle ne lui en tint pas rigueur. Il n’avait pas à mettre totalement sa vie en suspend à cause d’elle. Il avait le droit de sortir se détendre après une dure semaine de travail. Elle dut avouer que ça lui faisait également du bien de se retrouver seule pour quelques heures après autant d’heures passées entourées d’une trentaine de personnes. Elle appréciait ce petit moment de silence et de tranquillité.

Un matin elle rentra et découvrit l’appartement dans un état pitoyable. Apparemment, Marco avait fait une fête, mais n’avais pas jugé bon de nettoyer et ranger une fois ses invités partis. Elle piqua une colère, arguant que ça n’était pas à elle de faire le ménage alors qu’elle n’avait même pas participé à cette soirée. Marco lui rétorqua que ça n’était pas le travail d’un homme et que si elle l’aimait, elle pouvait bien faire ça pour lui. Il n’allait tout de même pas demander à ses invités, de nettoyer avant de partir. Il concéda tout de même à ne pas laisser ses vêtements trainer partout et à jeter les emballages vides de nourriture. C’était tout de même la base et une marque de respect envers elle.

Cette mise au point faite, leur vie se déroula paisiblement, rythmée par les allers-retours de Sylvia. Les mois passèrent, puis les années : un an, deux ans, trois ans. Et puis un jour Mr Sanchez la convoqua dans son bureau.

- Sylvia je ne vais pas y aller par quatre chemins. L’agence connait de grosses difficultés financières et je suis dans l’obligation de réduire mon personnel. Vous faites du très bon travail et c’est un crève-cœur pour moi d’avoir à licencier un si bon élément, mais vous comprenez, je préfère privilégier mes compatriotes. Je vous assure que si j’avais pu faire autrement, je l’aurais fait sans hésiter.

- Vous voulez dire que je me retrouve au chômage ?

- Je suis vraiment vraiment désolé Sylvia. Si ça peut vous rassurer, vous n’êtes pas la seule, je dois également me séparer de deux autres guides et d’une secrétaire.

- Je… J’avais remarqué qu’il y avait une baisse des réservations, mais je ne pensais pas que c’était si catastrophique que ça.

- J’ai fait tout mon possible pour sauver vos emplois, mais désormais ça n’est plus possible. Je ne me fais pas de soucis pour vous. Avec vos compétences et vos qualités, vous retrouverez rapidement du travail.

- Merci Mr Sanchez pour la chance que vous m’avez offerte. J’ai passé trois merveilleuses années. Ce fût un très grand honneur de travailler pour vous.

- Merci à vous Sylvia. Profitez bien de votre dernière excursion. On se revois dans deux semaines.

Elle hocha la tête de bas en haut, lui serra la main et quitta le bureau un peu abasourdi. Qu’allait-elle faire maintenant ? Heureusement qu’elle avait encore son appartement et Marco son emploi, ça leur permettrait de survivre en attendant qu’elle retrouve un emploi.

Antonio la tira de ses pensées. Les premiers touristes arrivaient. Elle prit une grande bouffée d’air, se redressa et arbora un beau sourire qui se voulait accueillant. Elle fit son travail le plus consciencieusement possible, mais toujours avec une grosse pointe de regret au fond du cœur. Son rêve prenait fin. Elle profita de chaque seconde et essaya de graver dans sa mémoire, tous ces derniers instants, les paysages, les odeurs et les bruits.

Antonio ne faisait pas parti des licenciés et Sylvia s’en réjouit pour lui. Il était très compétent, il avait une famille à nourrir, c’était important qu’il conserve son poste. Il fût extrêmement déçu d’apprendre que c’était leur dernière expédition ensemble. Il avait beaucoup aimé travailler avec elle. Elle apportait de la gaité, de l’énergie, de la chaleur et de la bonne humeur quoi qu’il arrive. Elle était un vrai rayon de soleil.

Leur dernière excursion prenait fin. Ils étaient extrêmement tristes et même si Sylvia se voulait joyeuse, elle n’avait pas son entrain habituel. Elle ne voulait pas que ça se termine, mais malheureusement elle ne pouvait que se soumettre à la décision de Mr Sanchez. Elle serra son binôme et ami dans ses bras et ils se promirent de se donner des nouvelles régulièrement.

Sur le chemin du retour, elle chercha comment annoncer à Marco qu’elle avait perdu son emploi. Elle ne lui avait rien dit par téléphone car ces choses là se disent face à face. Elle se demanda comment il allait prendre cette nouvelle qui allait bouleverser leur quotidien. Leur couple résisterait-il à cette épreuve ? Ils avaient plutôt l’habitude de vivre une relation à distance et d’être libre. Désormais, ils allaient réellement vivre ensemble et ils n’avaient jamais vécu ça que sur de très courtes périodes. Se supporteraient-ils au quotidien ?

Comme très souvent lorsqu’elle rentrait d’excursion, Marco n’était pas à l’appartement. Il devait être chez un copain et ne rentrerait que très tard ou le lendemain matin. Elle en fût soulagée. Ça lui laissait encore quelques heures pour trouver comment annoncer à son compagnon, qu’ils allaient devoir se serrer la ceinture et faire attention à leurs dépenses, en attendant qu’elle retrouve un emploi. Elle ne se sentait pas fatiguée, elle était très nerveuse et inquiète pour son avenir. Elle défit sa valise, mis son linge à la machine et s’installa devant la télévision, déprimée. Elle zappa, mais ne trouva aucun programme qui capta son attention alors elle éteignit et alla se coucher avec un livre. Là encore, elle n’arriva pas à se concentrer sur l’histoire et abandonna sa lecture. Après tout pourquoi se faisait-elle autant de soucis ? Dès lundi elle irait faire le tour des agences de voyage de la ville et si elle ne trouvait rien d’ici deux mois, elle reviendrait à son ancien métier. Elle avait toujours trouvé du travail en tant que serveuse, il n’y avait pas de raison qu’elle n’en retrouve pas maintenant. Rassérénée, elle ferma les yeux et tomba rapidement dans un sommeil peuplé des paysages qu’elle avait vu durant ses voyages.

Au matin, Marco n’était pas encore rentré. Elle appela Raphaël pour lui annoncer qu’elle était rentrée et qu’elle était au chômage. Il en fût désolé pour elle, mais essaya de la rassurer en lui disant qu’il était certain qu’elle retrouverait rapidement un autre emploi. Ils convinrent de se voir dès le lundi midi suivant. Raphaël avait une grande nouvelle à lui annoncer. Elle avait déjà une petite idée concernant la révélation de son meilleur ami et elle s’en réjouissait pour lui à l’avance.

Marco rentra un peu avant le déjeuner. Il n’avait pas encore totalement dessoulé et l’accueillit joyeusement. Vu son état, Sylvia estima que ça n’était pas le bon moment pour lui avouer qu’elle se retrouvait sans emploi. Elle le lui dirait lorsqu’il serait sobre, c’était mieux et elle le fit dès le lendemain. Autant se débarrasser de cette corvée le plus rapidement possible.

- Enfin je vais t’avoir pour moi à temps complet, se réjouit-il.

- Oh, mais je compte bien retrouver un emploi.

- Je ne sais pas si j’ai très envie de te voir repartir. Maintenant au moins, je sais où tu es et avec qui.

- Jaloux.

- Non protecteur, ça n’est pas pareil Bella, dit-il en la prenant dans ses bras.

Il l’embrassa dans le cou et commença à la déshabiller. Elle était soulagée qu’il prenne aussi bien qu’elle se retrouve sans revenus. Elle avait tort de se faire autant de soucis pour rien. Il avait raison. Ils allaient passer plus de temps ensemble, ça allait être fantastique.

Le lundi midi, comme prévu, elle retrouva Raphaël et Virginie dans leur restaurant préféré. Ils affichaient tous les deux un sourire radieux et visiblement trépignaient d’impatience de lui annoncer cette grande nouvelle dont Raphaël lui avait déjà parlé au téléphone. A peine installés à leur table, son meilleur ami n’attendit pas plus longtemps.

- On va se marier.

- Félicitations mes chéris, se réjouit Sylvia.

Elle se leva pour aller les embrasser et les serrer dans ses bras.

- Je suis très contente pour vous. Vous avez fixé une date ?

- Oui le quatre Avril.

- Oh ça va ça vous laisse un peu plus d’un an pour les préparatifs.

- Euh non, CE quatre Avril, précisa Virginie.

- Hein ? Mais… c’est dans deux mois !

- Bravo tu sais compter, plaisanta Raphaël.

- Han très drôle, riposta Sylvia avec une grimace. Pourquoi tant de précipitation alors que ça fait plus de cinq ans que vous êtes ensemble ?

Ils se jetèrent un regard gêné. Raphaël se racla la gorge.

- Virginie est enceinte ma chérie, annonce-t-il le plus précautionneusement possible.

Immédiatement elle pensa à Nicolas et c’était comme si elle recevait un coup de poignard en plein cœur. Ses yeux s’embuèrent et sa gorge se noua, mais elle leur sourit et les félicita pour cette merveilleuse nouvelle.

- Ma chérie, je suis désolé. Je ne voulais pas raviver des souvenirs douloureux, s’excusa Raphaël.

- Tu n’as pas à t’en vouloir, c’est la vie et c’est tout à fait normal que vous fondiez une famille. Tu n’as pas à t’interdire d’en parler à cause de moi. Je suis tellement heureuse pour vous. Cet enfant va avoir les meilleurs parents au monde.

- Merci et tu feras une merveilleuse Tatie, répondit Virginie.

- Alors là, vous ne savez même pas où vous mettez les pieds en me disant ça, dit-elle en s’essuyant les yeux. Je vais vous le gâter comme c’est pas permis. D’ailleurs pour quand est prévu ce petit ange ?

- Pour mi-Octobre. On le sait seulement depuis la semaine dernière, précisa Virginie.

- Ohlala comme je suis heureuse pour vous.

- Bon vu que tu pleures déjà, je vais en profiter pour en rajouter une couche, précisa Raphaël. Veux-tu être mon témoin ?

- Ohhhh mon chéri, bien sûr. Avec le plus grand plaisir, répondit-elle les larmes coulant un peu plus sur ses joues.

- Arrête de pleurer tu vas te dessécher, plaisanta Raphaël qui essayait tant bien que mal de contenir son émotion.

Virginie, pleurait tout autant que Sylvia et tous les trois éclatèrent de rire, se moquant de l’émotion des uns et des autres.

- On a l’air malin tous les trois, s’exclama Sylvia. Bon Vi, toi tu as l’excuse des hormones, mais toi Raph quelle est ton excuse ?

- Ça doit être ce que l’on appel la couvade, répondit-il du tac au tac.

Ils éclatèrent de rire une fois de plus.

- Bon, mon maquillage étant dévasté, vous avez encore une autre bonne nouvelle comme ça à m’annoncer ?

Virginie et Raphaël se regardèrent et haussèrent les épaules en répondant que c’était tout pour le moment. Durant tout le repas et une bonne partie de l’après-midi, la conversation alla bon train quat à l’organisation du mariage. Les futurs mariés voulaient faire ça dans la plus stricte intimité, seulement la famille proche et leurs meilleurs amis, donc pas plus d’une cinquantaine de personnes. Raphaël avait déjà vu avec son employeur et il avait immédiatement accepté de lui privatiser la plus grande salle du restaurant. Virginie demanda à Sylvia de l’accompagner pour choisir sa robe. Raphaël irait acheter son costume avec son frère Arnaud, qui habitait dans un village à l’extérieur de Biarritz.

Sylvia était surexcitée par ce mariage et avait même hâte d’y être. Elle connaissait toute la famille de Raphaël, les parents et la sœur de Virginie, donc elle était totalement en confiance. Il lui fallait trouver un cadeau hors du commun, mais lequel ? Ils lui avaient déjà dit qu’ils feraient une urne pour se payer leur voyage de noce aux iles Canaries, mais elle voulait leur offrir un petit truc en plus. Heureusement qu’elle était au chômage, elle avait tout le temps qu’il lui fallait pour faire ses emplettes et aider ses amis pour les préparatifs.

Elle avait hâte que Marco rentre pour lui annoncer la bonne nouvelle.

- Je suis obligé de venir ? demanda-t-il d’un air renfrogné.

- Euh non, mais vu qu’on est en couple et que tout le monde le sait, c’est mieux. Et puis Raph et Vi seraient vraiment déçus.

- Bon ok je viendrais.

- Merci mon amour, dit-elle en lui sautant au cou. Rends-toi compte de la chance que tu as, tu pourras te faire le témoin du marié sans que ça ne porte préjudice à personne, l’amadoua-t-elle avec un clin d’œil coquin.

- Hummm, vu sous cet angle ça devient excitant, répondit-il en l’entrainant déjà vers la chambre.

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