CHAPITRE 12

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Samedi soir Dernière soirée avec Marco avant que Sylvia ne s’envole le lendemain pour Barcelone. Il travaillait ce jour-là, mais elle l’attendit pour passer la fin de soirée en amoureux. Vingt-trois heure trente, minuit, minuit trente, une heure, Marco n’était toujours pas rentré. Elle lui envoya un texto pour savoir si tout allait bien et s’il arriverait bientôt. Aucune réponse. Normalement le samedi soir, après son service, il rejoignait ses potes dans un bar et ensuite sortait en boite de nuit. Elle espérait qu’il n’avait pas oublié qu’elle devait partir le lendemain.

A trois heure, elle se résigna et alla se coucher le cœur lourd. Elle n’avait pas encore trouvé le courage de parler de Nicolas à Marco et elle espérait pouvoir le faire ce soir. Demain, elle n’aurait pas le temps et le verrait-elle seulement avant son départ vu qu’il n’est pas encore rentré ? C’était sûrement que ça n’était pas le bon moment pour lui avouer son secret. Plus tard, lorsqu’ils auraient trouvé un équilibre avec son nouveau travail. De toute façon ça ne changerait rien à leur relation, Nicolas ne risquant pas de venir vivre avec eux. C’était juste une question d’honnêteté et de partage.

Lorsqu’elle se réveilla, la place à côté d’elle dans le lit, était toujours vide et froide. Elle espérait que Marco s’était endormi sur le canapé pour ne pas la réveiller, mais le salon était lui aussi vide. Une boule se forma au fond de sa gorge et des larmes lui piquèrent les yeux. Comment avait-il pu lui faire ça ? Elle lui en voulait et était en colère contre lui. Son avion devait décoller dans trois heures. Elle prit son petit déjeuner et se prépara. Trente minutes plus tard, elle était prête et toujours aussi seule. Elle laissa un mot à l’attention de Marco, sur la table de la salle à manger.

« Marco.

J’espérais te voir avant mon départ pour Barcelone, mais tu n’es pas là. Tu dois sûrement avoir une bonne excuse. Donne-moi des nouvelles dès que tu rentres, juste pour me dire que tout va bien. Je serais de retour dans deux semaines.

Je t’aime. Bisous

Sylvia »

Elle prit sa valise, son blouson et son sac à main et quitta l’appartement en refermant à clé derrière elle. Un taxi la conduisit jusqu’à l’aéroport. Elle ne cessait de regarder son téléphone portable, espérant recevoir un message de Marco. Jusqu’au dernier moment, avant d’embarquer, elle espéra, mais rien. Il resta silencieux. La déception fit place à la colère. « Puisqu’il ne se préoccupe même pas de moi et bien je n’enverrais aucun message. Il verra ce que ça fait que de rester dans nouvelles. Il est en tort, à lui de faire le premier pas », pensa-t-elle pour se motiver et éviter de pleurer.

Après quatre heures quarante-cinq de vol dont une heure quinze d’attente de correspondance à Paris, Sylvia mis enfin les pieds dans sa nouvelle vie. Le temps était maussade et frais. La jeune femme hella un taxi et indiqua au chauffeur, l’adresse de son hôtel. En fin de journée elle reçut un texto de Marco. Il s’excusait d’avoir manqué son départ. Il avait trop bu et s’était endormi chez un pote. Il lui souhaitait un bon voyage et lui promettait de se rattraper à son retour. Sylvia sourit, rassurée. Elle savait qu’il devait y avoir une bonne raison pour qu’il ne soit pas rentré et elle préférait qu’il reste à dormir chez un copain s’il était ivre, plutôt que de conduire pour rentrer. Elle s’installa dans sa chambre d’hôtel, sereine et heureuse.

Le lendemain matin, elle se présenta à l’adresse que lui avait indiqué Mr Sanchez. Elle s’arrêta un instant sur le trottoir et admira l’enseigne de l’agence de voyage. Voilà ! Elle y était. Son rêve était enfin réalité. Elle devenait enfin guide touristique. Elle prit serra dans sa main, le médaillon qui ne quittait jamais son cou en ayant une pensée pour son fils. Elle comptait bien un jour, que son rêve de le revoir, se réalise lui aussi. Elle ressentait une certaine appréhension mêlée à de l’excitation. Elle entra, se présenta à l’accueil et fût conduite dans le bureau de Mr Sanchez. Ce dernier la reçu chaleureusement. Il lui donna les documents liés à l’expédition à laquelle elle participerait deux jours plus tard et lui présenta son collègue et formateur, Antonio. Il deviendrait par la suite son binôme, alors elle espérait bien s’entendre avec lui.

Antonio, brun aux yeux noisette et à la peau légèrement halée par le soleil venait de passer le cap de la trentaine. Elle estimait qu’il mesurait environ un mètre quatre-vingt et était de corpulence moyenne. Elle pouvait deviner sous sa chemise, qu’il était doté d’une belle musculature. Il lui adressa un sourire amical auquel elle répondit. Elle le suivit dans un autre bureau où commença sa formation. Il lui présenta les différentes excursions qu’ils allaient être amené à faire ensemble, puis les circuits qui lui seraient ensuite attribués, seule. Il lui donna les documents qu’elle devait apprendre par cœur pour les visites. Elle allait parcourir l’Allemagne, l’Italie, le Maroc, le Portugal et parfois la France. Elle avait une nette préférence pour les pays étrangers au sien, mais elle ne couperait pas aux excursions Française. C’était sûrement l’une des raisons pour laquelle Mr Sanchez l’avait embauché.

Son formateur de collègue lui proposa d’aller manger des tapas tout en visitant un peu Barcelone. Ça serait tout de même un comble que cette ville lui soit inconnue alors qu’elle devra y passer une bonne partie de son année. Instinctivement, Antonio endossa le costume du guide touristique. Au départ un peu froid et distant, il se révéla très vite être un partenaire extrêmement agréable. Le feeling passa très bien entre eux et elle avait hâte de poursuivre cette aventure, sur la route.

Le soir il l’emmena dans un bar et lui fit découvrir la gastronomie locale. La ville était très animée. Les Espagnols vivent un peu en décalés par rapport aux Français. Ils mangent et dorment à des heures plus tardives à cause des fortes chaleurs estivales, mais ils gardent le même rythme toute l’année. Elle adora l’ambiance, la mentalité et l’accueil naturellement chaleureux des Espagnols. Elle allait se plaire ici. Dommage que Marco n’ait pas voulu la suivre. Peut-être changerait-il d’avis plus tard ?

Le jour suivant, ils travaillèrent pendant de nombreuses heures, pour préparer leur expédition du lendemain au Portugal. Elle était heureuse. Elle qui voulait apprendre le Portugais, allait avoir l’occasion de se familiariser avec les sonorités de cette langue et comptait bien tenir un petit carnet répertoriant le vocabulaire apprit chaque jour.

Voilà, c’était le grand jour. Celui de son premier voyage en tant que guide touristique. Certes, pour le moment elle n’était que stagiaire, mais elle réalisait tout de même son rêve. Le groupe qu’elle devait accompagner comptait vingt huit inscrits de tous âges. Pendant qu’elle vérifiait les documents obligatoires pour passer la frontière, Antonio aidait le chauffeur à mettre les bagages dans la soute du bus, puis une fois tout le monde installé, il prit le micro et fit son speech de présentation et de recommandations. Sylvia l’écoutait avec attention. Elle admira son aisance à l’oral, son sens de l’humour et son charisme. Ils partirent à l’heure pour ce long périple de quatorze heures.

Ils firent des pauses de cinq minutes toutes les deux heures. Ça leur permis de se dégourdir les jambes, de trouver le temps moins long et ils changèrent de chauffeur à la pause déjeuner, à mi-parcours. L’ambiance était joyeuse et détendue dans le bus. Sylvia et Antonio circulèrent régulièrement dans l’allée pour s’assurer que tout allait bien. Elle discuta avec plusieurs passagers. Par moment Antonio attira leur attention sur un monument, un lieu historique ou leur confia une anecdote amusante. Le voyage leur paru agréable malgré les nombreuses heures passées dans le bus. Ils furent tous très heureux d’arriver à l’hôtel, à Porto, en début de soirée.

Le travail d’Antonio et Sylvia ne s’arrêtait pas là. Ils durent aller à la réception récupérer les clés de toutes les chambres, les attribuer à chaque famille, aider à décharger les bagages et accompagner les plus angoissés. Ils se retrouvèrent tous ensuite pour diner dans la salle de restaurant de l’hôtel. Ils dinèrent avec leur chauffeur tout en préparant les visites du lendemain, dans la capitale portugaise. Sylvia était épuisée, mais heureuse.

Elle se réveilla sans problème. Excitée à l’idée de commencer cette nouvelle journée de découverte et d’aventure. Elle en oublierait presque qu’elle n’était pas en vacances, tellement ce travail était agréable. Antonio, vient frapper à la porte de sa chambre pour savoir si elle était prête et ils descendirent ensemble prendre leur petit déjeuner. Ils revirent une dernière fois le parcours de la journée et invitèrent le groupe à gagner le bus. Après s’être assuré que tout le monde était bien là, ils firent le tour de la ville et de ses monuments historiques avant de s’arrêter pour visiter la cathédrale. Ils déjeunèrent dans un restaurant du centre-ville puis passèrent l’après-midi au musée do Vinho.

Le soir après le diner, Antonio et Sylvia se retrouvèrent dans la chambre de la jeune femme pour revoir le planning du lendemain. Elle n’était pas à l’aise de se trouver dans sa chambre avec un homme autre que Marco et en plus son collègue. Elle remarqua que même après toute une journée de visite, il sentait extrêmement bon l’after shave. Il était très gentil et avenant envers elle. De par certaines de ses réactions et expressions, il lui rappelait Raphaël. Leurs jambes se frôlèrent à plusieurs reprises. Ce contact troublant éveilla en elle des sensations qu’elle n’avait pas ressenties depuis très longtemps. Marco ne lui faisait pas cet effet là et ce constat la perturba. Antonio était correct et amical avec elle et ne s’attarda pas plus longtemps qu’il ne le fallait.

Sous la douche, Sylvia y repensa, se posa tout un tas de questions et remarqua qu’elle n’avait pas pensé à Marco depuis son arrivée en Espagne. Elle commença à douter que cette relation survive à la distance et ses absences répétées. Ça ne faisait pourtant que quelques jours seulement, mais il ne lui manquait pas autant qu’elle l’aurait cru. Elle éprouva de la culpabilité et du remord à cette pensée et lui envoya un message dès qu’elle sortit de la salle de bain. Il ne lui répondit pas, mais ça elle en avait l’habitude.

Au réveil, toujours pas de nouvelles de Marco. Elle était un peu déçue, mais ne s’en formalisa pas plus que ça. Elle savait qu’il ne servait à rien d’insister, que ça le mettrait en colère et couperait toute communication entre eux. Elle devait attendre qu’il revienne de lui-même vers elle.

Ce jour-là ils visitèrent des vignobles et goutèrent au bon porto, avec modération bien sûr. Le but n’était pas de s’enivrer. C’était la fin de l’automne, les vignes avaient presque perdu toutes leurs feuilles, mais c’était tout de même très intéressant de voir comment était produit ce délicieux breuvage. Elle espérait pouvoir refaire cette visite au printemps ou en été, quand la vigne aurait revêtu son manteau vert et lorsque les précieux fruits seraient en pleine formation. Elle qui n’y connaissait rien aux métiers du vignoble, appris énormément de choses et en fut plus que ravie.

Tous les soirs, Antonio et Sylvia se retrouvaient dans la chambre de l’un ou l’autre pour leur débriefing quotidien. Au fil des jours, ils apprirent à se connaître, parlèrent de leur vie privée et devinrent de plus en plus complices, amis. Elle apprit que son collègue était marié depuis huit ans et père de trois enfants et qu’il était fou amoureux de sa femme. Le trouble qu’elle avait ressenti s’était très vite dissipé et elle considérait désormais Antonio comme un allié qui au fil du temps, elle en était certaine, lui serait aussi précieux que l’était Raphaël.

Marco se manifesta deux jours après qu’elle lui eut envoyer un texto. Le ton de son message et les reproches qu’il lui faisait, indiquèrent qu’il était de très mauvaise humeur et vivait mal cette séparation. Ça lui brisa le cœur et elle eut envie de tout plaquer pour aller le rejoindre, mais se rétracta dès le lendemain. Elle avait passé une merveilleuse journée, pleine de découvertes, d’échanges, de rires et elle se dit qu’elle était à sa place et qu’elle ne pouvait pas passer à côté de cette vie dont elle avait toujours rêvé. Marco se ferait à ses absences avec le temps. Il fallait juste qu’ils trouvent tous les deux leurs marques et ensuite leurs vies seraient un long fleuve tranquille.

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